Le Syndicat national des agents de la pêche (SYNAP) a dénoncé hier le ''lobbying'' du Groupement des armateurs et industriels de pêche du Sénégal (GAIPES) qu'il accuse d'avoir induit en erreur les autorités sénégalises, en retirant les licences de pêche aux bateaux étrangers.

Et c'est parti pour une bataille. Le syndicat national des agents de la pêche (Synap) ne compte pas baisser les bras face à la décision de l'Etat de retirer les licences de pêche aux bateaux étrangers. Ils l'ont fait comprendre hier en conférence de presse, avant de dénoncer le lobbying du Groupement des armateurs et industriels de pêche du Sénégal (GAIPES). Selon le secrétaire général du Synap Amadou Lam, ils ont tenu à rétablir la vérité sur un certain nombre de faits qui induit en erreur l’État du Sénégal. ''Depuis un certain temps, le GAIPES, par le biais d'un lobbying éhonté, a permis aux autorités de retirer l'autorisation de pêche aux navires étrangers.

Alors que ceux-ci respectent le code de la pêche et ne doivent aucun franc à l’État. En plus de cela, les redevances payées par un bateau étranger font deux fois le montant payé par l'ensemble des navires battant pavillon sénégalais'', a expliqué M. Lam, avant de poursuivre que '' le GAIPES est un mouvement d'agresseurs de pêche. Ils allument le feu et jouent aux sapeurs-pompiers. Une bonne partie de ces mêmes armateurs protègent des étrangers en leur servant d'écran et de prête-noms. Ce qui leur permet de contourner le fisc et de ne pas être contrôlé. Et les infractions commises par ces navires sénégalais ont atteint un cumul de 1 200 millions en termes d'amendes impayées à l’État du Sénégal'', a-t-il dénoncé.

Le secrétaire général adjoint Boubacar Kourouma va plus loin. Selon lui, tant que l'Etat ne publie pas toutes les conclusions des audits du pavillon sénégalais retenus depuis 2001, le GAIPES continuera à œuvrer pour des intérêts personnels. ''Depuis 2006, l'Etat perd 10 500 millions par an. Les amateurs russes achètent la tonne de poisson à 110 dollars alors que seuls les 35 dollars sont versés à l’État. Les autorités sont au courant de ce qui se passe mais ils ont fermé les yeux'', a fustigé M. Kourouma.

De son côté, le secrétaire administratif Maguette Birame Diop demande à l’État de suspendre sa décision. ''L’État doit revenir sur sa décision et mettre en place une politique rentable pour les acteurs et pour lui-même. Car nous ne devons pas perdre de vue l'indépendance entre le développement national et la réalité de l'économie mondiale. Et si un pays voisin venait d'octroyer des licences à ces navires, le Sénégal serait le grand perdant'', prévient-il.

Le Synap comprend mal que les propriétaires des navires de pêche battant pavillon sénégalais demandent à l’État du Sénégal de les aider à acquérir un agrément pour pouvoir pêcher à l'étranger, au moment où ils s'entêtent à barrer la route à des étrangers qui sont plus rentables.

Viviane DIATTA