Le secrétaire général vilipende la présidente du Conseil du dialogue social
En tournée d’informations et de mobilisation de ses troupes dans le département de Saint-Louis, le secrétaire général national du Cusems, Abdoulaye Ndoye, a présidé hier, au lycée Cheikh Oumar Foutiyou Tall, une assemblée générale des membres du Cadre unitaire des enseignants du moyen-secondaire. Une tribune que le leader syndical a saisie pour tirer à boulets rouges sur la présidente du Haut conseil du dialogue social, Innocence Ntap Ndiaye, avant de la disqualifier de la suite des négociations entre gouvernement et syndicats d’enseignement.
‘’Rien ne pourra nous détourner de notre combat’’, a martelé avec force Abdoulaye Ndoye devant ses camarades syndicalistes, hier, au lycée Cheikh Oumar Foutiyou Tall de Saint-Louis. Pour lui, la désinformation, l’intoxication, les contre-vérités et les menaces distillées par le gouvernement ne fléchissent pas leur détermination à aller jusqu’au bout de la lutte. ‘’Depuis avril 2018, l’État du Sénégal a signé des accords avec les syndicats d’enseignants. Nous sommes restés pendant deux ans sans faire grève.
Malheureusement, nous avons constaté que depuis la signature du protocole, le gouvernement manifeste une mauvaise volonté politique pour respecter ses engagements vis-à-vis des syndicats, surtout le point concernant le système de rémunération des enseignants. Une question qui date de 2007 et qui avait poussé l’État à commanditer une étude sur le système de rémunération des agents de l’État. À l’issue de l’étude, le cabinet choisi est arrivé à la conclusion que le système est truffé d’irrégularités avec un régime indemnitaire inadéquat et déficitaire, d’écarts salariaux alarmants et une opacité qui entoure le système de rémunération’’, a déclaré Abdoulaye Ndoye. Ajoutant que le combat mené par les syndicats d’enseignants est un combat d’équité et de justice sociales pour faire face à l’injustice et au traitement différencié des agents de l’État et qui sont à l’origine des perturbations constatées dans le milieu de l’éducation.
‘’Les enseignants ne seront plus les laissés-pour-compte de la Fonction publique. Nous nous battrons jusqu’à ce que l’État revienne à la raison pour faire de l'école sénégalaise une de ses priorités’’, a-t-il lâché.
La question du système de rémunération des agents de l’État figure bien dans le protocole
Avant de se désoler des déclarations de la présidente du Haut conseil du dialogue social, Innocence Ntap Ndiaye, sur la non-figuration du point du système de rémunération dans le protocole co-signé le 30 avril 2018. ‘’Les propos de la présidente du Conseil du dialogue social sont très graves et ne sont pas conformes à la réalité. Ce point 4 figure bel et bien dans le protocole et elle le sait mieux que quiconque. Car elle est cosignataire du document. Si elle a fait cette sortie pour nous discréditer devant l’opinion nationale, sa tentative est vouée à l’échec. Si elle l’a fait pour faire plaisir au gouvernement, c’est peine perdue. On n’acceptera pas qu’on utilise l’école pour gagner des postes politiques. Nous disons qu’elle s’est disqualifiée pour être garante de la suite des négociations, puisqu’elle s’est montrée partisane. Face à cette crise, au lieu de tergiverser, il faut oser dire la vérité au gouvernement, parce que les élèves sont angoissés, les parents sont inquiets. Maintenant, si ce sont de telles personnes qui conseillent le président de la République, on va tout droit vers le chaos’’, a soutenu M. Ndoye.
Très en verve, le secrétaire général du Cusems a aussi alerté les inspecteurs d’académie qui tenteraient de couper le salaire des enseignants grévistes. ‘’Ils n’ont pas le droit d’opérer des ponctions sauvages sur le salaire des enseignants. Donc, qu’ils fassent très attention, parce que les enseignants sont de vrais patriotes et ils l’ont prouvé avec la pandémie de la Covid-19 où ils ont payé un lourd tribut. Que les autorités académiques zélées arrêtent leur intimidation et leur diversion’’, a-t-il averti.
Interpellé sur l'invitation du gouvernement à la reprise des négociations, le leader du Cusems n’a pas fait dans la langue de bois. Pour Abdoulaye Ndoye, la rencontre de ce jeudi sera juste une de plus. ‘’J’y serai, Inch’Allah. Mais je n’attends rien de cette rencontre. Le gouvernement nous a invités pour faire son cinéma comme d’habitude. L’État manque de volonté politique pour régler la crise de l'école sénégalaise. Mais les enseignants l’ont réaffirmé encore : si le gouvernement veut la paix et la stabilité dans les écoles, que le protocole paraphé soit respecté’’, a déclaré Abdoulaye Ndoye.
Ibrahima Bocar SENE (Saint-Louis)