Le Pr Souleymane Bachir Diagne pris à partie par des étudiants
Comment peut-on déclarer « persona non grata » une figure comme le Pr Souleymane Bachir Diagne ? C’est en tout cas la prouesse d’une centaine d’étudiants qui ont interrompu jeudi matin, à Dakar, la première conférence inaugurale annuelle de rentrée de la Fondation Léopold Sédar Senghor, que devait introduire à l'Ucad II le philosophe béninois Paulin Hountondji.
Toutefois, ils n’ont pas poussé l’outrecuidance jusqu’à porter à l’intégrité physique du chercheur. Le Pr Souleymane Bachir Diagne, choisi comme "répondant" de la conférence, a dirigé le comité de pilotage de la Concertation nationale sur l'avenir de l'enseignement supérieur au Sénégal (Cnaes). C’est à l’issue de ce conclave que les autorités académiques ont relevé le taux des frais d’inscription dans les facultés et instituts de l’Ucad.
Ils sont maintenant fixés à 25.000 francs Cfa pour la rentrée 2014, contre 5.000 francs actuellement. Le Pr Diagne, agrégé de l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm à Paris, ancien professeur à l'Ucad, enseigne actuellement aux départements de français et de philosophie de l'Université de Columbia, à New York. Il est un philosophe respecté à travers le monde, et qui a visité l’Islam, le modernisme après avoir travaillé sur la logique de Boole.
L’attitude de ces étudiants a créé une onde de choc à travers le pays et la relation de l’incident commence à se propager sur la toile. Si un intellectuel de la trempe du Pr Diagne est « persona non grata » à l’université, qui doit alors y avoir accès ?
Surtout que d’éminents intellectuels avaient tenu à venir assister à la conférence. « Le professeur Souleymane Bachir Diagne, un fils du Sénégal, est respecté partout dans le monde. Les divergences entre les étudiants et le rectorat de l'Ucad ne devraient pas être » une raison pour les étudiants de venir perturber le déroulement de la conférence, a dit le directeur général de la Fondation Léopold Sédar Senghor, Raphaël Ndiaye.
La fondation a préparé la conférence pendant six mois, a révélé Raphaël Ndiaye, soulignant que le conférencier, le Pr Paulin Hountondji, travaillait à sa communication depuis juillet dernier.