Publié le 16 Dec 2020 - 22:12
SPORT ELECTRONIQUE

S.O.L.O, le premier club Esport du Sénégal

 

L’association des gamers du Sénégal, Sengames, a présenté, hier, le premier club de Esport sénégalais, dénommé S.O.L.O Esport, qu’elle a mis sur pied avec le soutien de l’ambassade de France, et constitué de joueurs professionnels sénégalais.

 

Après quelques années de pratique en solo des compétitions de jeu vidéo, l’heure est venue de fédérer les amateurs d’Esport. C’est dans ce sens que l’association des gamers du Sénégal, Sengames, a pris l’initiative de créer un club professionnel dénommé Senegal Official Legion of Esport (S.O.L.O Esport). ‘’C’est une première au Sénégal. Des joueurs, il en existe, mais ils n’ont jamais été rassemblés dans une structure qui puisse les encadrer pour leur permettre de développer leurs activités. Ils participaient aux compétitions nationales et internationales de manière indépendante. Ils ne pouvaient pas bénéficier d’accompagnement nécessaire comme financier pour effectuer des voyages. Mais aussi pédagogique, parce que les joueurs du Esport, c’est comme ceux du football et d’autres sports’’, a expliqué le secrétaire général de Sengames, Mamadou Soumaré.
 
Selon ce dernier, l’objectif visé est de faire du Sénégal un ‘’acteur incontournable’’ du Esport, à l’image de l’Afrique du Sud qui ‘’enregistre depuis 2016 un taux de croissance annuel moyen de 39,6 % (en comparaison de la croissance moyenne de l’industrie Esport qui est de 31 %)’’.
 
Pour réaliser cette ambition, un recrutement de joueurs a déjà été effectué. Il s’agit des frères Thiam, Mouhamed alias ‘’Dexx Jr’’ et Adama alias ‘’Addexx’’. Le premier, âgé de 17 ans, est considéré comme le meilleur joueur Esport du Sénégal et l’un des meilleurs joueurs Fifa du continent. Il est le meilleur joueur du Fifa 20 au Festival de l’électronique et du jeu vidéo d’Abidjan (Feja), du 2 au 6 décembre derniers, et est devenu champion d’Afrique sur Fifa. Dexx est classé au 12e rang mondial de Fifa Ultimate Team (Fut) Champions en 2019. Son frère, âgé de 25 ans, est triple champion Fifa du Sénégal en 2017, 2018 et 2019. Addexx est vainqueur du prestigieux Orange Gaming Tour 2019 et finaliste du Africa Game Show à Casablanca en 2017 et quart de finaliste du Feja 2018. Les autres recrues de S.O.L.O Esport sont Hady Diouf alias ‘’MomoJuve’’, joueur Pro PES (Pro Evolution Soccer), Sidy Sow alias ‘’Sidy Kuro’’, joueur Pro Street Fighter, et Hamza Niang alias ‘’Hamza’’, joueur Pro Mortal Kombat.
 
L’Afrique, un marché d’avenir du Esport
 
Le projet de création du premier club de sport électronique bénéficie du soutien de l’ambassade de France au Sénégal. Il est financé par le ministère français des Affaires étrangères, a fait savoir le conseiller de coopération et action culturelle à ladite ambassade.
 
Selon François Bockel, cela entre dans le cadre de l’engagement de son pays ‘’à accompagner le Sénégal dans le développement de l’économie numérique, notamment le Esport’’. ‘’L’ambassade de France, a-t-il déclaré, s’est engagée à accompagner le Sénégal dans le domaine du sport. Il y a trois axes, qui sont l’insertion professionnelle par le sport, un autre dédié au développement des sections sportives scolaires dans les écoles et un dernier qui est celui du développement du Esport au Sénégal.’’
 
Le sport électronique intéresse majoritairement les jeunes âgés entre ‘’13 et 24 ans’’. De ce fait, les promoteurs de S.O.L.O Esport sont convaincus que ‘’sur la planète Esport, l’Afrique est un marché d’avenir vu que 41 % de sa population a moins de 15 ans. ‘’Le jeu vidéo de manière générale génère un chiffre d'affaires plus important que celui des industries de la musique, du cinéma et de l’art réunis’’, a précisé Mamadou Soumaré. Il est estimé à 1,5 milliard de dollars canadiens en 2019. Et l’Afrique ne représente que 3 % de l’industrie du Esport.
 
D’où l’invite de Désiré Koussawo, co-managing Director de ESL France à l’endroit des Etats africains à investir davantage le secteur du sport électronique. ‘’Nos décideurs doivent se rendre compte que la question de l’infrastructure technologique n’est pas qu’une question d’éducation, d’économie industrielle. Les industries créatives, de divertissement sont aussi une source de richesse et de développement qui n’est pas à négliger.’’ Pour M. Koussawo, l’Afrique ne doit rester en marge de la marche inexorable vers la ‘’société de divertissement’’. ‘’Aujourd’hui, on commence à avoir des Datacenter en Afrique. Mais vous parlez aux gouvernements, aux opérateurs économiques ou aux gestionnaires d’infrastructures de Datacenter, ils ne savent même pas ce que c’est que le jeu vidéo et l’Esport. Il a un potentiel de développement économique’’, a-t-il regretté.
 
LOUIS GEORGES DIATTA

 

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