Publié le 29 May 2018 - 20:14
THIERNO OMAR DÈME, PÈRE DE L’ELEVE DÉCÉDÉ A THIÈS

‘’La Police n’a pas tué mon fils’’

 

Le père de Boubacar Dème, cet élève décédé à Thiès dans la nuit de samedi à dimanche, a écarté hier toute thèse impliquant la police dans la mort de son fils. Selon Thierno Omar Dème, le certificat de décès a confirmé la mort naturelle. Le jeune élève de 20 ans va être inhumé aujourd’hui à 14 heures au cimetière de Grand Thiès.

 

C’est un père serein, qui s’en remet à Dieu, que nous avons trouvé hier en début d’après-midi à son domicile, sis au quartier Randoulène Sud, dans la commune de Thiès-Ouest. Juste après le décès de son fils Boubacar Dème, survenu dans la nuit de samedi à dimanche, lors d’une course-poursuite avec les agents de la police, aux environs de 3 heures du matin, les spéculations ont  fusé de toute part. Et certains témoignages soutenaient  que le jeune homme avait été torturé par la police et qu’il avait succombé à ses blessures au centre hospitalier régional El Hadj Ahmadou Sakhir Ndiéguène de Thiès. Faux, d’après le père du défunt qui balaie d’un revers de main toutes ces allégations.

Thierno Oumar Dème qui a reçu hier vers 19 heures le corps de son fils écarte toutes ces affirmations et évoque plutôt la thèse d’une mort naturelle. ‘’Je puis vous jurer et vous assurer que la police n’a pas tué mon fils. Tout ce que les gens racontent ne sont que de fausses informations. Ce jour-là, Boubacar était avec ses camarades et il paraît que lorsqu’ils sont tombés sur le coup de filet de la police, ils ont eu peur et ils ont pris la fuite. C’est par la suite que ses amis m’ont fait savoir qu’il était tombé. Ils se sont débrouillés pour l’amener à l’hôpital régional. Et avant d’y arriver, Boubacar était déjà mort dans le taxi. Donc, il faut que ça soit très clair. Les policiers n’ont pas tué mon fils’’, a-t-il clarifié. Conscient du rôle ‘’majeur’’ que jouent les Forces de défense et de sécurité pendant la nuit, le père du défunt remet tout entre les Mains d’Allah. ‘’C’est l’œuvre de Dieu. Je suis tranquille. Le Tout-Puissant a dit que Boubacar n’allait pas grandir à mes côtés. J’accepte tout. Sa mission sur terre est terminée et il est parti. Il ne faut pas que nous essayions de créer des débats autour de sa mort. Encore une fois, la police n’a pas tué mon fils. La Police et la Justice font régner la sécurité et l’ordre dans le pays’’, a poursuivi Thierno Omar Dème qui renseigne tout de même que son fils peut mourir des suites d’une crise cardiaque.

‘’On croyait qu’il s’était évanoui alors qu’il était déjà mort’’

Dépeint comme une personne timide, Boubacar Dème qui était inscrit en classe de 3ème au Collège d’enseignement moyen (Cem) Mamadou Diaw est décédé à la fleur de l’âge. Une disparition qui affecte tous ses amis, avoue un des leurs. ‘’Je n’en reviens toujours pas. Peu avant sa mort, on était en train de faire du thé au domicile d’un de nos camarades. On avait fini vers trois heures du matin. C’est en rentrant que nous sommes tombés sur la rafle de la police. Et c’est à l’intersection du marché Ocass. Un véhicule L200 nous poursuivait et par la suite, Boubacar est tombé. Quand cela est arrivé, c’est lui-même qui nous a appelés pour nous aviser qu’il était tombé. Les policiers ne l’ont pas touché. Il est tombé tout seul. Ça, je peux vous l’assurer.

C’est trop dur pour nous, car nous avons perdu un être très cher’’, a détaillé son ami d’enfance sous le couvert de l’anonymat. Poursuivant son récit, celui-ci rappelle que la police n’a pas réussi à mettre la main sur eux et que leur ami Boubacar est décédé avant d’arriver à l’hôpital. ‘’Lorsqu’il est tombé, il demandait de l’eau. Avec l’aide d’une dame, on a réussi à lui trouver le liquide précieux qu’il réclamait sans cesse. Mais il n’a pas bu l’eau. On ne pensait pas qu’il allait mourir. C’est lui-même qui nous a remis le numéro de téléphone de son papa pour qu’on l’appelle. Dans le taxi, il n’a pas bougé. Et on croyait qu’il s’était juste évanoui alors qu’il était déjà mort. C’est à l’hôpital qu’on a su qu’il était décédé’’, a témoigné son ami intime qui l’a vu pousser son dernier souffle.

Demain vers 14 heures, Boubacar Dème sera accompagné jusqu’à sa dernière demeure par ses parents, le corps professoral et ses camarades de classe. L’élève de 20 ans va être inhumé au cimetière de Grand Thiès, sis à la rue Tafsir Ndiaye, juste à quelques jets de pierre de son domicile.

GAUSTIN DIATTA (THIÈS)

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