Le tribunal de Dakar ordonne son expulsion, la RADDHO sonne la riposte
La décision du tribunal régional de Dakar d’expulser la dame Safiétou Ndiaye demeurant à Hann Mariste II suscite bien des indignations. En plus du soutien des voisins du quartier, elle peut aussi compter sur la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme qui sonne la riposte.
Revoilà l’affaire opposant Safiétou Ndiaye à la banque CBAO du Groupe Attijariwafa. Cette fois-ci, le tribunal régional de Dakar a tranché, en demandant l’expulsion de cette dame demeurant à Hann Mariste II, villa N° R192. De quoi soulever des réactions d’indignation aussi bien dans le voisinage de la dame que du côté de la société civile. Dépitée par la situation, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho) a très vite saisi le ministère de la Justice et mis à la disposition de la dame Safiétou Ndiaye un avocat. La Raddho ''condamne'' avec fermeté cette procédure qui vise à priver Safiétou Ndiaye de son droit au logement et qui met en ''exergue la responsabilité civile de la CBAO portant préjudice à ses clients''. L’organisation de défense des droits de l’Homme invite l’État du Sénégal à assumer ses responsabilités de protection et de défense des droits de ses citoyens et citoyennes contre de telles pratiques. Lesquelles ne ''cadrent ni avec la gouvernance vertueuse, ni avec le respect de la dignité humaine'', souligne l'organisation.
Safiétou Ndiaye était la propriétaire d’un immeuble, bâti R+2 dont la valeur ''vénale'' a été fixée par un expert à 103 204 254 F Cfa, en avril 2008. La villa pouvait rapporter, avec la location des appartements, 409 500 F Cfa par mois, selon la Raddho. À la suite d’un prêt d'un montant de 14 700 000 F Cfa auprès de la CBAO du Groupe Attijariwafa Bank, avec un taux ''quasi usuraire'' de 17% remboursable sur 12 mois, elle a affecté à la banque une hypothèque sur sa maison, en guise de garantie. lot R 192 titré TF N°10174 /DG.
Sur cette base, dénoncent les droits de l’hommiste, les responsables de la banque se sont hâtés de réaliser l’hypothèque de son immeuble pour des arriérés cumulés, ''sans chercher à trouver la solution locative de l’immeuble, ni à aller vers une médiation''. Ce qui est scandaleux dans cette affaire, souligne le nouveau patron de la Raddho Aboubacry Mbodji, c’est que les services contentieux de ladite banque ont soumis aux enchères la maison, avec une mise à prix de 5 millions et l'ont finalement vendue le 09 novembre 2010 à la barre des criées du Tribunal régional Hors-Classe de Dakar à 19 millions. Cela s’est fait sans que la propriétaire Safiétou Ndiaye ne soit mise au courant et en violation de l’article 267 de l’Acte uniforme sur les voies d'exécution, égale à ¼ de la valeur vénale de l’immeuble. ''Consciente de sa forfaiture, la CBAO a fait une surenchère du 1/10e du prix d’adjudication provoquant ainsi la revente de l’immeuble une deuxième fois, avec le prix de 25 millions à un certain Abdou Guèye, à travers la société Agrofytex S.A’’, poursuit M. Mbodji. C’est ainsi qu’en juillet 2011, contre toute attente, l’immeuble de Madame Safiétou Ndiaye a été hypothéqué à nouveau, avant même la fin de la procédure, pour un crédit de 266 millions de F Cfa, c'est-à-dire dix fois le prix de la revente et près de vingt fois le prêt alloué à la dame. La Raddho d’en déduire qu’au regard de ce qui précède, ‘’cette affaire apparaît comme une forme d'escroquerie montée de toutes pièces contre la dame Safiétou Ndiaye, une citoyenne honnête et brave qui a fait plus de 20 ans d'immigration pour parvenir à se payer cette maison’’.
En plus d’avoir saisi le ministère de la Justice et mis à la disposition de Safiétou Ndiaye un avocat, l’organisation a lancé un appel à tous les Sénégalais épris de paix et de justice à agir ensemble pour le rétablissement de Mme Ndiaye dans ses droits.