Le SYTS demande à l’État de racheter les 9% des actions d'Orange
Le Syndicat des travailleurs de la Sonatel (SYTS) a demandé hier à l’État du Sénégal de racheter les 9% des actifs du groupe vendus à France Télécom en 1998 pour éviter la mainmise des Français sur l'opérateur historique national.
L’opérateur France Télécom serait-il devenu un partenaire encombrant pour la Sonatel ? C'est le sentiment révélé hier par le Syndicat des travailleurs de la Sonatel (SYTS), au cours d'une conférence de presse. Parlant au nom du Syts, le secrétaire général Babacar Sarr a demandé à l'Etat du Sénégal de racheter les 9% d'actions de l'opérateur historique national «vendus en catimini» au partenaire stratégique en 1998. «Ce sont ces 9%-là qui permettent aujourd'hui à France Télécom de contrôler 42,33 % des actions du groupe Sonatel», a expliqué le syndicaliste en chef.
Pour le Syts, il n'est pas question aujourd'hui que la Sonatel se délaisse de ses activités, comme l'espère l'opérateur français. «Après plusieurs tentatives vaines pour contrôler et consolider ses marges au niveau du groupe Sonatel, France Télécom a initié des projets ANO (Amea Network Optimation). C'est un bloc d’opérateurs dans lequel la Sonatel risquerait d'être une seule entité de télécommunication, ce qui n'est pas normal», a expliqué M. Sarr.
A l'en croire, ces projets d'externalisation du réseau annoncés par la direction générale vont causer «la perte de souveraineté de l’État sur l'exploitation des réseaux de Sonatel, en plus des risques sur la protection des données personnelles et celles très sensibles concernant l'Etat». Sur ce, ils ont demandé à la direction générale de Sonatel et à France Télécom d'arrêter les projets en cours.
Appel au patriotisme
Pour le chargé des relations internationales de Sonatel, El hadji Malick Dione, France Télécom n'en est pas à sa première tentative. «Les Français ont commencé avec les centres de transit internationaux, nous avons refusé. En 2010, ils sont revenus avec une autre forme pour acheter un bloc d'actions qui ferait d'eux l'actionnaire à 51% pour la Sonatel. Aujourd'hui, la dernière étape c'est ANO qui va faire de la Sonatel une seule entité de téléphonie. Nous nous battrons pour sauver notre seul groupe», a promis M. Dione.
Dans la foulée, les syndicalistes ont lancé un appel aux membres du top management de la Sonatel à plus de patriotisme pour un Sénégal émergent, ce qui selon eux passe par le refus du diktat du partenaire français.
Sur un autre registre, le Syts indique avoir demandé à la direction de l'entreprise «de recruter les intérimaires de la Sonatel. C'est inadmissible aujourd'hui de sacrifier des générations, des jeunes diplômés qui viennent dans cette entreprise et qui finalement se retrouvent avec des emplois indécents et qui ne parviennent même pas à avoir un salaire satisfaisant», a persiflé Babacar Sarr.
Nos tentatives de joindre la cellule de communication du groupe Sonatel ont été vaines.
Viviane DIATTA