Renouer avec la conscience historique de l’APR
L’Alliance pour la République (APR) tire sa légitimité du combat que le Président Macky Sall assuma courageusement pour défendre la légalité institutionnelle. Face à la toute puissance du Chef de l’Etat d’alors et chef du Parti démocratique sénégalais, décidé à faire le vide pour la promotion de son schéma de succession, Sall sut immédiatement qu’il fallait s’organiser.
Certes, la politique n’est pas une science, mais un art, tout de même un art qui implique une bonne part de calcul, dirait l’autre. L’intelligence de la situation a conduit le fondateur de l’APR à déserter les sentiers battus pour emprunter une voie quasiment clandestine d’édification d’un parti avec méthode et de façon tout à fait originale.
L’option d’un schéma horizontal d’organisation obéit, dans la conjoncture d’alors, à un souci de sécurisation du parti naissant. La verticalité offre trop de visibilité à l’adversaire prompt à utiliser tous les moyens licites et illicites pour démanteler toute force susceptible de parer à ses visées antirépublicaines.
Le parti fondé par Macky Sall a développé ainsi une grande capacité d’organisation, de discipline et de résistance qui lui a permis de concevoir une stratégie efficace de conquête du pouvoir basée sur trois principes : dire ce que l’on veut faire du pays et non s’agiter dans la pure logique du contre ; aller à la rencontre des Sénégalais pour formuler avec eux les priorités en tant que base du discours et du projet du candidat à la future élection présidentielle ; mener un combat latéral en encourageant plusieurs candidatures contrairement à la tactique du combat frontal associé à une candidature unique de l’opposition.
C’est donc sur le socle d’une réalité vécue, c’est-à-dire d’une expérience (défense de la République et de la Démocratie), d’une analyse concrète de la situation (les aspirations et les inspirations des Sénégalais) et d’une évaluation critique des rapports de forces (Etat, Pds et autres partis d’opposition) que l’APR est née en tant qu’espace ouvert (d’où la notion d’Alliance). On est ainsi loin du parti classique, dans son mode d’organisation comme dans les raisons impératives de sa création. Voilà pourquoi l’APR n’est pas un clan : c’est un vaste espace politique.
Telle est, en dehors des atouts de sa marque personnelle, la base historique et politique de la trajectoire victorieuse du leader de l’APR.
Les convulsions auxquelles ce formidable espace politique est confronté depuis quelques semaines ne doivent pas être l’arbre qui cache la forêt de nos performances. Une crise de croissance ne peut servir de prétexte à vouer l’APR aux gémonies. Nous regrettons les violences. Plus, nous les condamnons.
Pour autant, n’oublions pas une règle : ce que la politique nous a donné, l’histoire ne saurait nous le dérober. Les difficultés que le parti traverse dans certaines localités ne doivent pas nous éloigner de l’exigence capitale de travailler à ce que l’APR renoue avec sa conscience historique : être l’espace ouvert et intelligent de transformation de notre cher Sénégal en un pays émergent et prospère pour tous ; raffermir son référentiel républicain et démocratique ; être fidèle à sa conception de la politique qui n’est pas réductible à un champ de confrontation, mais constitue, plutôt, une stratégie de construction de consensus forts pour apporter des solutions aux attentes des populations.
L’APR doit donc rester une véritable alliance où toutes les sensibilités dans la disposition d’accompagner le président de la République dans la réalisation de son ambition pour le Sénégal doivent avoir les possibilités d’intervenir et de s’épanouir.
El Hadj Hamidou KASSE