Publié le 25 Jul 2015 - 23:22
LE JEUNE MATAR NDIAYE TUE PAR BALLE A GRAND YOFF

Une bavure de plus

 

Matar Ndiaye alias Ndiaga Ndiaye, un jeune homme de trente ans, a succombé hier de ses blessures. Il a été atteint d’une balle à la jambe, tirée par un policier du commissariat de Dieupeul. La police a réagi, dans la soirée, à travers un communiqué dans lequel elle exprime ses regrets et annonce une enquête.

 

Encore une bavure sur les épaules de la police nationale, au moment où, la justice cherche à faire la lumière sur le meurtre de l’étudiant Bassirou Faye. Selon nos informations, les éléments du commissaire Bassirou Dièye du commissariat de Dieupeul étaient aux trousses d’un trafiquant notoire de chanvre indien, au niveau de Grand Yoff. N’ayant pu lui mettre la main dessus, ils ont décidé de mener une opération de sécurisation sur les lieux, pour retrouver la trace de leur cible. Ce qu’ils n’ont pas pu faire, selon nos informations. Par contre, un des policiers a tiré et tué un homme de 30 ans du nom de Matar Ndiaye.

A Grand Yoff, nous avons pu rencontrer Babacar Ndiaye, meilleur ami de Matar Ndiaye. Ils étaient ensemble au moment du drame. Il raconte : ‘’Matar Ndiaye dit Ndiaga Ndiaye est mon ami. On a passé toute notre enfance ensemble. Avant-hier, nous étions à des chants religieux, non loin de la police de Grand Yoff. Après le ‘’thiant’’, on a cherché à manger avant de nous installer devant une maison pour prendre de l’air. Quelques minutes plus tard, il m’a demandé d’aller nous coucher. Je lui ai alors répondu que je restais dans la rue, un peu, parce que je n’avais pas sommeil’’. Alors qu’ils étaient là, poursuit-il : ‘’on a aperçu les policiers qui s’apprêtaient à faire une rafle. On a alors pris la fuite puisqu’on ne détenait pas nos pièces d’identité. Au cours de cette course-poursuite, on s’est arrêtés un instant, voyant que le policier s’était mise dans une position de tir’’.

Selon Babacar Ndiaye, ils ne croyaient pas vraiment que le policier allait faire feu. Surtout son ami Ndiaga. ‘’J’ai dit à Ndiaga que le policier allait tirer. Il m’a répondu : non il ne tirera pas sur le champ. Mais il a tiré et nous avons pris la fuite. Aussitôt, Ndiaga m’a dit : Babs il y a du sang qui coule de je ne sais où. On a constaté en même temps qu’un ami qu’il s’agissait de sa cuisse droite’’. L’ami raconte qu’ils l’ont amené devant une maison située non loin de la police, parce qu’il pensait qu’il s’agissait d’une simple blessure. ‘’Mais, puisque le sang coulait par jet, poursuit-il, on s’est vite rendu à la police de Grand Yoff pour faire un constat. C’est un nommé Edmond, un policier, qui nous a reçus. Lui-même nous a demandé si on s’était bagarré avec le policier. Parce que, selon lui, s’il n’y a pas eu de bagarre, le policier ne devrait normalement pas tirer sur nous. Ce policier nous a alors aidés à attacher la cuisse de notre copain. Nous l’avons ensuite amené à l’hôpital’’.

Ils sont arrivés avec le blessé vers deux heures du matin. Ce dernier a été pris en charge sans problème. ‘’C’est au moment d’acheter l’ordonnance prescrite par le médecin que j’ai croisé le policier. Quand je l’ai interpellé sur sa présence sur les lieux, il m’a rétorqué : ‘’Je suis venu vous dire que je n’avais pas l’intention de tirer’’. Selon Babacar, le policier a insisté pour payer l’ordonnance. ‘’Je ne voulais pas qu’il touche à l’ordonnance, mais un ami m’a convaincu. Il a alors acheté l’ordonnance et est revenu nous voir. C’est à cet instant que notre ami Ndiaga est entré au bloc opératoire’’.

 ‘’Ce que Ndiaga m’a dit à l’hôpital’’

 Vers 13h hier, le médecin lui a demandé d’aller lui chercher des habits pour le blessé. ‘’A notre retour vers 14 heures, nous sommes allés demander un certificat médical. Le médecin n’était pas là. C’était l’heure de la prière’’. Ensuite, ils ont pu voir le blessé. ‘’Ndiaga m’a dit : Babs, je vais mourir, parce que je sais ce qui est sorti de ma personne. Il m’a demandé de prendre une photo de sa blessure. Il m’a demandé si on a enlevé la balle. Je lui ai répondu oui. Il a demandé  à boire, mais le médecin nous avait défendu de lui donner de l’eau’’.

Babacar Ndiaye est aussi revenu sur les échauffourées. ‘’Si cela avait été un haut gradé, cela ne nous ferait pas autant mal. Mais comment un simple auxiliaire peut avoir l’audace de détenir une arme, comme si on était au Yémen. On est allé à la police de Dieupeul dire au commissaire qu’ils ont tué un homme’’. Le jeune homme soutient qu’ils ne se limiteront pas seulement à enterrer leur ami. ‘’Ce serait trop facile. Il s’agit d’une perte de vie. On fera tout ce que la loi nous permettra de faire. En tout cas, il faut que justice soit faite’’, dit-il.

La famille de la victime, selon nos informations, a déjà pris les services d’un célèbre cabinet d’avocat, car une plainte va être déposée. Une autopsie va être réalisée afin de déterminer les causes réelles de la mort de leur fils.

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COUMBA SIDIBE, GRAND MERE DU DEFUNT

‘’Ndiaga était un homme affable, sans problème’’

‘’Je l’ai appris vers 11heures du matin. A l’hôpital, il m’a dit je souffre, c’est dur, mais disons que c’est une décision divine. Il m’a demandé de lui acheter à boire, mais je lui ai expliqué que son état ne lui permettait pas de boire. Je commençais même à lui faire un massage, puisqu’il me disait : ‘’néné tout mon corps me fait mal’’. Il a rendu l’âme vers 18 heures. C’est un homme affable. Je ne l’ai jamais vu se bagarrer. Il n’a jamais eu de conflits, avec qui que ce soit. Il vivait à Touba où il a appris le coran. C’est après la mort de sa mère qu’il est venu ici. Maintenant, je pense que cela devait arriver et c’est tout. On est des musulmans, on met tout entre les mains de Dieu. Certainement, il devait mourir aujourd’hui. C’est pour moi Dieu qui l’a voulu ainsi’’. 

Grand Yoff sous tension

La mort de ce mécanicien de 30 ans a semé la zizanie à Grand Yoff et ses environs. Il est 21 passé de quelques minutes et la cité vibre d’enjambés de gros gaillards. Du jamais vu. D’aucuns s’imaginaient à une fin de match, de combat de lutte entre autres occasions qui font agiter les populations. Mais c’était encore une émotion beaucoup plus profonde. Une perte de vie ‘’par imprudence’’. Sur l’axe Arafat hlm grand yoff, la fumée des pneus brulés bouchent les narines à 50 metres des lieux. Comme dans une course les voitures font des détours dans toutes les ruelles de la cité. Une manière sans doute d’éviter de se retrouver avec des voitures saccagées.  Mais une façon simple de renseigner sur l’existence d’un malheur. Pour manifester, les amis du défunt Ndiaga ne mettent aucune goute d’eau dans leur vain. De partout, l’on entend le bruit de la fermeture des boutiques pour qui leur gérants ne se soucient qu’à la sécurité. Toutefois, ce qui campe le décor n’est rien de moins que les balcons remplis de personnes allienant prudence et curiosité. Interpellés les compagnons du regrettés affirment qu’ils s’en arretrons pas là pour dénoncer ces circonstances anormales dont leur ami a été tué. Pis , il menace de porter plainte et esperent que justice les sera rendue.

REACTION

Les regrets de la Police

‘’Au cours de l’interpellation d’un trafiquant de drogue, les agents du commissariat de Police de Dieuppeul qui l’ont poursuivi jusqu’à Grand Yoff ont rencontré une résistance, et l’un d’entre eux a dû faire usage de son arme. Il a malheureusement atteint le nommé Matar Ndiaye présent sur les lieux de l’opération de Police. Ce dernier a rendu l’âme à l’hôpital Général de Grand Yoff où il a été évacué. La Direction Générale de la Police Nationale regrette cette perte humaine et présente ses condoléances les plus attristées à la famille du défunt. En rapport avec le parquet, une enquête a été immédiatement ouverte pour faire la lumière sur cette affaire’’.

CHEIKH THIAM ET AMINATA FAYE (stagiaire)

 

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