Publié le 12 Aug 2016 - 20:11
BIRAHIM GAYE (ENTRAINEUR DE UGB FILLES)

‘’Le Sénégal ne boxe pas dans la même catégorie que ses adversaires’’

 

L’équipe nationale féminine du Sénégal de basket, déjà éliminée des Jeux olympiques (JO) de Rio, avec 3 défaites en autant de sorties, effectuera ses deux dernières rencontres aujourd’hui contre l’Espagne et dimanche face à la Serbie. Champion d’Afrique avec les Lioncelles U18, en 2012, le coach Birahim Guèye analyse, dans cet entretien, la débâcle des Lionnes aux JO et l’avenir de l’équipe pour le prochain Afrobasket en 2017.

 

Comment analysez-vous la prestation des Lionnes du basket dans ces JO ?

Globalement, il y a des enseignements positifs et négatifs à tirer de la prestation de l’équipe. J’ai constaté qu’elles jouent par à-coups. C’est-à-dire qu’elles peuvent faire 3 bonnes minutes et jouer ensuite sur 5 mauvaises minutes.

Qu’est-ce qui explique le jeu par à-coups des joueuses ?

C’est la mauvaise préparation. L’équipe n’a pas joué beaucoup de matchs avant le début des JO. Quand on prépare des compétitions majeures, comme les olympiades, le plus important est de croiser des équipes de valeur en match amical. Et cela a manqué à l’équipe.

Qu’avez-vous retenu de positif des trois premiers matchs ?

Leur match référence est celui d’hier (mercredi) contre le Canada (68-58). Et une partie de la rencontre face à la Chine (101-64) durant laquelle le Sénégal a livré une prestation d’égal niveau. Le point fondamental et positif de ces deux matchs, c’est l’engagement des filles et leur volonté de bien faire. Nous avons senti cela. Maintenant pour les pousser à jouer dans la durée, durant 20 et 40 minutes, elles auraient dû avoir des matchs de préparation face à des équipes de valeur.

Et pour le match contre les Etats-Unis (121-56) ?

L’équipe n’a pas bien voyagé. Aussi, elle n’a pas eu un bon temps de récupération. A ce niveau de compétition, les équipes qualifiées doivent être mises dans de bonnes  conditions. Prenez l’exemple de l’équipe du Nigeria (hommes), elle est venue au moins deux semaines avant le début de la compétition. Il y en a même d’autres qui ont passé un mois au Brésil. Donc, nous (le Sénégal), nous ne pouvons pas arriver à la veille de notre premier match et faire une bonne prestation. Surtout face à une équipe comme les Etats-Unis qui est une machine à jouer.

Partagez-vous l’avis selon lequel certaines joueuses sont vieilles ? Ce qui serait à l’origine des défaites…

Non, je ne le partage pas. Mais je pense que le Sénégal a une relève. Nous avons des éléments qui peuvent valablement jouer dans cette équipe. Mais par rapport à la sélection des joueuses, elle est du ressort de l’entraîneur. Et un choix ne se discute pas. Et ces joueuses taxées de vieilles font par contre de bons matches. Si on prend les plus anciennes, Astou Traoré et Fatou Dieng, elles ont fourni une bonne copie lors des trois matches. Cela n’est pas le plus important. Mais fondamentalement, nous arriverons un jour à changer en profondeur cette sélection.

Le Sénégal a-t-il des chances de victoire, contre l’Espagne et la Serbie ?

C’est possible, mais je n’y crois pas ! Il faut se dire la vérité, on ne boxe pas dans la même catégorie que ces équipes. Maintenant, le coach (Moustapha Gaye) avait dit que son objectif aux JO était de préparer son équipe et de la mettre dans le rythme en vue de l’Afrobasket 2017. J’ai plus foi à cette compétition qu’aux matches que le Sénégal est en train de livrer. Il est sur la bonne voie. Il faut maintenant donner beaucoup de temps de jeu aux plus jeunes.

Par rapport à l’objectif de base annoncé (préparation) avant l’entame des JO, pensez-vous que le contenu de jeu déjà affiché est suffisant pour conserver le titre lors du  prochain Afrobasket ?

Je crois que les Lionnes ont fait de bonnes choses, d’une manière générale. Par rapport à la préparation et la compétition des JO maintenant, il faut continuer la préparation d’ici la coupe d’Afrique (Afrobasket). Parce que c’est une formation continue. Nous avons la possibilité de conserver le trophée continental avec cette équipe. Mais ce qu’il faut éviter est, qu’au retour des JO, de rester à un mois de l’Afrobasket pour entrer en regroupement. Par rapport à cela, nous risquons de passer à côté. Il faudra, à chaque 2 ou 3 mois, prendre les filles en stage durant une semaine ou un week-end, pour continuer la préparation. Et à la veille de la Coupe d’Afrique, il va falloir fondamentalement changer et amener une fraîcheur physique dans l’équipe.

OUMAR DEMBELE (STAGIAIRE)

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