Publié le 5 Apr 2018 - 12:59
EN PRISON DEPUIS MARDI POUR OUTRAGE A MAGISTRATS ET APPEL A L’INSURRECTION

Barthélémy Dias jugé demain 

 

Placé sous mandat de dépôt depuis mardi pour appel à l’insurrection, outrage à magistrats dans l’exercice de leur fonction et discrédit sur une décision juridictionnelle dans des conditions de nature à porter atteinte à l’autorité de la justice ou à son indépendance, le maire de Mermoz-Sacré Cœur, Barthélémy Dias, sera jugé demain devant le tribunal des flagrants délits de Dakar.

 

Le maire de Mermoz-Sacré Cœur, Barthélémy Dias, est à nouveau en prison. Il a été placé sous mandat de dépôt mardi dernier par l’un des substituts du procureur de la République, après son déferrement au parquet le même jour. Le maître des poursuites a retenu contre lui les chefs de prévention d’appel à l’insurrection, d’outrage à magistrats dans l’exercice de leur fonction et discrédit sur une décision juridictionnelle dans des conditions de nature à porter atteinte à l’autorité de la justice ou à son indépendance. Il sera jugé demain devant le Tribunal de grande instance de Dakar statuant en matière de flagrants délits de Dakar. Barthélémy Dias devra répondre des propos qu’il a tenus à l’endroit de la justice, particulièrement à la magistrature.

Réagissant vendredi à la condamnation de Khalifa Sall à 5 ans ferme dans l’affaire de la caisse d’avance, le maire a taxé les magistrats ‘’de prostitués’’ et ‘’d’hypocrites’’. ‘’Les trois magistrats qui ont jugé Khalifa Sall ont déçu les Sénégalais. Si on veut que le Sénégal change, nous ne devons plus être complaisants envers ceux d'entre nous qui sont injustes. Les avocats de Khalifa Sall ont démontré que c’est un procès politique’’, a-t-il déclaré dans un article publié par ‘’Dakaractu’’. D’ailleurs, c’est au siège de ce journal en ligne qu’il a été cueilli vendredi par des éléments de la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane. Mais déjà à l’enquête, le maire socialiste a plaidé non coupable. Il estime que ses propos ont été mal interprétés et qu’en réalité, il est victime d’une mauvaise traduction en wolof.

Ses avocats dénoncent les poursuites

C’est pourquoi l’un des conseils, Me Ousseynou Fall, a dénoncé cette poursuite. A son avis, ‘’en tant qu’acteur politique, Barthélémy Dias n’a fait qu’user d’un droit fondamental qui lui est non seulement garanti par la Constitution, mais également, par la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948’’. Ces deux instruments, souligne la robe noire, ‘’garantissent la jouissance totale de la liberté d’expression’’. ‘’Le droit de s’exprimer librement par la parole et la plume, ce sont des droits que tout citoyen doit pouvoir exercer librement sans être inquiété dans un Etat démocratique’’, fulmine Me Fall. Plaidant l’innocence de son client, le conseil soutient que le fils de Jean Paul Dias ‘’n’a jamais fait appel à l’insurrection, mais il a appelé à toutes les forces éprises de démocratie et de liberté à s’opposer à ce régime inique’’. Et de poursuivre : ‘’il n’a pas porté atteinte à l’ordre public. C’est en tant qu’acteur politique qu’il s’est prononcé sur un sujet d’actualité, notamment le malaise qui sévit au sein de la Justice où il y a une immixtion intolérable de l’Exécutif’’.

Son confrère Me Amadou Aly Kane a abondé dans le même sens, en demandant aux autorités judiciaires ‘’de relâcher au plus vite’’ le leader politique. Car il estime que ‘’les poursuites en cours ne sont pas opportunes pour plusieurs raisons’’. D’abord, argue-t-il, ‘’parce qu’il est compréhensible qu’il soit choqué par la condamnation à 5 ans de prison de son collègue et non moins leader politique Khalifa Sall’’. De l’avis de Me Kane, ‘’ceci expliquerait ses propos qui, dès lors, doivent se comprendre comme l’expression d’un acteur politique’’. Ensuite, poursuit la robe noire, ‘’en raison du climat politique délétère du pays, cette nouvelle arrestation viendrait jeter un peu plus d’huile sur le feu’’. Comme troisième raison, le conseil a avancé le fait que ‘’la mise en détention de Dias pourrait susciter une escalade liée à la multiplication d’actes ou propos similaires à ceux incriminés, d’où son  caractère peu dissuasif’’.

Quoi qu’il en soit, Barthélémy Dias retourne à la barre après son procès en janvier 2017 dans l’affaire de l’attaque de sa mairie par des nervis en novembre 2012. Jugé dans cette affaire six ans après les faits, il a été reconnu coupable de coups mortels, coups et blessures volontaires et détention d’armes sans autorisation administrative par le tribunal correctionnel de Dakar. Pour cela, il a écopé d’une peine de 2 ans dont 6 mois d’emprisonnement pour le meurtre du jeune plombier et non moins lutteur Ndiaga Diouf.

Ce que risque Barthélémy Dias

Pour la première infraction de provocation directe à un attroupement non armé, elle est punie par l’article 95 du Code pénal sénégalais. ‘’Toute provocation directe à un attroupement non armé soit par discours proférés publiquement, soit par écrits ou imprimés, affiches ou distribués, sera punie d'un emprisonnement d'un mois à un an, si elle a été suivie d'effet et, dans le cas contraire, d'un emprisonnement de deux mois à six mois et d'une amende de 25 000 à 100 000 francs ou de l'une de ces deux peines seulement’’, dispose l’article cité.

L’outrage est puni par l’article 194. Celui-ci dispose : ‘’Lorsqu'un ou plusieurs magistrats de l'ordre administratif ou judiciaire, lorsqu'un ou plusieurs jurés auront reçu dans l'exercice de leurs fonctions ou à l'occasion de cet exercice quelque outrage par paroles, par écrit ou dessin non rendus publics, tendant, dans ces divers cas, à inculper leur honneur ou leur délicatesse, celui qui leur aura adressé cet outrage sera puni d'un emprisonnement d'un mois à deux ans.’’

La dernière infraction est sanctionnée par l’article 198 qui dispose : ‘’Quiconque aura publiquement par actes, paroles ou écrits, cherché à jeter le discrédit sur un acte ou une décision juridictionnelle, dans des conditions de nature à porter atteinte à l'autorité de la justice ou à son indépendance, sera puni d'un à six mois d'emprisonnement et de 20 000 à 100 000 francs d'amende ou de l'une de ces deux peines seulement.’’

FATOU SY

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