Publié le 8 Apr 2018 - 01:48
JOURNÉE MONDIALE DU TRAVAIL INVISIBLE

Mais, qui es-tu, le travail invisible dans le foot ?

 

Il y a les deux heures d’entraînement quotidien et les vingt-deux autres, tout aussi importantes, sinon plus, pour engendrer la performance le week-end. L’hygiène de vie, la récupération, la nutrition : autant de facteurs qui composent le travail invisible du footballeur. En théorie, du moins...

 

Tous les joueurs détestent les mises au vert. Quitter la maison pour dormir à l’hôtel la veille du match, c’est chiant. Le jour J, l’entraîneur consigne tout le programme au tableau heure par heure : le lever, le petit-déjeuner, la séance vidéo, la promenade, le déjeuner, la sieste, la collation, le départ au stade, le coup d’envoi... Sidney Govou en a bouffé, des mises au vert, mais comme la plupart de ses collègues de travail, il s’interroge : ‘’En Angleterre, les joueurs arrivent deux heures avant le match, et ça me fait me poser une question : est-ce que la mise au vert est vraiment bénéfique ou est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux éduquer le joueur à se préparer lui-même correctement ?’’, écrit l’ancien Lyonnais dans un texte consacré à l’ennui de la mise au vert publié dans le So Foot #155*. Si les joueurs sont souvent barricadés comme des curés à l’approche du match, le club ne peut pas être derrière leur dos au quotidien. Bref, comme le résume Govou, ‘’si tu t'es nourri n'importe comment toute la semaine, la mise au vert ne va rien changer’’.

Frédéric Rasera est sociologue, il a œuvré en immersion au sein d’un club de Ligue 2 pendant plusieurs années. Dans son bouquin intitulé Des Footballeurs au travail, on apprend que l’Olympique - le nom fictif du club étudié, resté anonyme pour préserver ses sources - impose à ses joueurs des règles pour entretenir une bonne hygiène de vie : ‘’En adoptant une alimentation équilibrée ; en respectant les temps de récupération et de repos indiqués par l’équipe technique ou médicale ; en se couchant à des heures raisonnables.’’ Voilà pour le règlement officiel du club. La théorie, donc. Quid de la pratique ? Là où le staff s’emploie à la préparation physique et technique, en France, rares sont les salariés chargés de suivre le ‘’travail invisible’’ de l’effectif.

La nutrition et la récupération

À l’époque où Willy Sagnol entraînait les Girondins de Bordeaux, Thomas Ladrat, diététicien et nutritionniste travaillant avec tous types de sportifs, est intervenu durant une saison à la demande du médecin du club pour s’occuper d’une dizaine de joueurs ‘’qui nécessitaient une prise en main plus importante que les autres selon le staff’’. Comprendre : les joueurs ayant le plus forcé sur les sodas. ‘’Mais, pour moi, n’importe quel sportif de haut niveau devrait porter attention à sa nutrition pour la récupération, estime Thomas Ladrat. Les erreurs courantes, c’est un manque de variétés : manger des féculents, mais très peu de légumes. (...) C’est assez rare que le sportif de haut niveau fasse appel à un chef à domicile.’’ Le risque, c’est que si le joueur n’a pas les apports satisfaisants le reste de la semaine, il va moins bien récupérer et accroître son risque de blessure ou de déshydratation. ‘’Par rapport aux grands championnats anglais ou italien, où il y a un accompagnement du sportif sur toute la journée avec des repas pris ensemble, en France, à des exceptions comme le PSG, Monaco ou Toulouse, il n’y a pas de prise en charge globale’’, regrette le nutritionniste.

Outre la nécessité d’avoir une alimentation optimale, il y a l’importance de la récupération. ‘’Le sommeil, c’est comme le yin et le yang, lâche le Dr Patrick Lemoine. On n’a pas de bonne nuit si on n’a pas une bonne journée et inversement.’’ Ce spécialiste du sommeil est déjà intervenu auprès de l’Olympique lyonnais. Voici les conseils du Doc face à un joueur perturbé par la pression et le stress, qui a du mal à dormir : ‘’Vous devez vous lever tous les jours à la même heure, de manière à régler la pendule corporelle et vous endormir quand vous avez sommeil. Et, chaque fois que vous avez un coup de pompe, faites une petite sieste – ça peut durer trente secondes – et surtout, ne prenez pas de médicament, parce que c’est du poison.’’

Cryothérapie, luminothérapie et montres connectées à Monaco

À l’AS Monaco, Yann Le Meur a été embauché en 2016 comme conseiller scientifique. Son boulot ? Étudier la bibliographie sur le sport et la science pour être à l’affût des nouvelles études en vue de développer le bien-être, la condition physique ou encore la récupération de la bande à Falcao. Par exemple, comme les joueurs consomment des boissons énergétiques sucrées, des brosses à dents à usage unique (le dentifrice est inclus dessus !) sont à disposition dans le vestiaire. Les pancartes ‘’évitez les caries’’ ou ‘’si c’est foncé, t’es déshydraté’’ décorent les lieux. Mais le suivi journalier de l’effectif va beaucoup plus loin que sur les lavabos et les urinoirs.

Depuis 2014, le Dr Francois Duforez a aussi été nommé spécialiste du sommeil par le médecin en chef de l’ASM, Philippe Kuentz, dans une réflexion globale sur la performance où se mêlent la cryothérapie et la luminothérapie. ‘’En jouant sur la température interne, on peut faciliter l’endormissement, pose le Dr Francois Duforez. On sait aussi que la lumière a un rôle sur le cerveau. Dans le foot, on peut échauffer les muscles, mais aussi l’horloge biologique.

Pour cela, il y a des couleurs qui permettent de stimuler la vigilance – de type bleu – ou au contraire qui favorisent l’endormissement – de type ambrée, orangée...’’ Mieux, les joueurs monégasques sont désormais équipés de montres connectées qui valent une petite fortune pour permettre de répertorier les heures de sommeil, le nombre d’éveils nocturnes, la latence d’endormissement (entre le moment où on éteint la lumière et celui où on s’endort), la fragmentation du sommeil, etc. Autant dire que les clubbers sont vite repérés... Sinon, l'avantage des mises au vert, c'est qu'avec un peu de chance, on peut toujours faire le mur sans se faire remarquer.

(sofoot.com)

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