La grève pousse les malades vers les structures privées
La situation des patients est très délicate à Saint-Louis, du fait de la grève des agents de l’alliance And Gueusseum. Ceux-ci, de guerre lasse, se tournent vers les structures privées et l’infirmerie des militaires, dans un grand fatalisme.
Au centre hospitalier régional de Saint- Louis, accompagnants et malades scrutent l’horizon, faute de trouver un homme en blouse blanche pour les prendre en charge. La grève des travailleurs de la santé affiliés à l’alliance And Gueusseum est passée par là. A la grande porte de l’hôpital de Saint-Louis, des agents de sécurité veillent au grain. Après de multiples conciliabules, nous accédons à l’intérieur de la structure sanitaire. Là, seules les urgences fonctionnent. Des stagiaires venus de l’Université Gaston Berger assurent la garde, au grand soulagement des malades. Dans certaines structures comme l’odontologie, la chirurgie, entre autres, c’est le calme plat. En face de nous, les urgences où des malades sont installés sur les lits et sont en train d’être auscultés par de jeunes médecins. Selon des sources, ils sont en stage à l’hôpital. Ces derniers assurent le travail sous la surveillance d’un urgentiste qui a requis l’anonymat pour donner son avis sur le mouvement de grève.
‘’Je ne me suis syndiqué à aucun syndicat’’, dit-il. Et il souligne que cela est dû à l’amour qu’il a pour cette profession. ‘’Ma conscience professionnelle ne me permet pas de laisser tomber les malades’’, poursuit le médecin qui dit, pourtant, comprendre la réaction des syndicats. Toutefois, il rappelle aux grévistes leur serment de sauver des vies. ‘’C’est un fondement chez nous et je ne peux pas regarder des personnes souffrir, alors que j’ai ce qu’il faut pour leur bien-être’’, soutient-il. Avec le sourire, les jeunes stagiaires poursuivent les visites et multiplient les va-et-vient dans les salles pour assister les malades dont la plupart sont des hommes et femmes qui dépassent la cinquantaine. Ils sont obligés de se démultiplier, du fait de la grève des travailleurs de l’alliance And Gueusseum.
Tout à coup, les sapeurs-pompiers, toutes sirènes hurlantes, avec à bord de l’ambulance un homme à la jambe fracturée. Il est vite pris en charge. Ses accompagnants se précipitent au service radiologie, mais la file est longue. Le personnel est réduit, du fait de la grève, et cela ralentit sérieusement la bonne marche de la structure.
Ailleurs, à la maternité, le constat est le même. Il y a peu de sages-femmes qui s’activent. Les chats imposent leur loi dans les couloirs en miaulant à la recherche de nourriture. Dans les salles, les malades internés prennent leur mal en patience. ‘’Nous rendons grâce à Dieu et nous demandons au chef de l’Etat d’avoir une oreille attentive à l’endroit de ces agents, car ils sont dans leur droit. Mais aussi, nous leur demandons de penser à nous qui souffrons’’, lance Mamadou Bèye, interné en chirurgie. Des infirmiers sont passés pour lui faire ses pansements, confie-t-il.
Ainsi, à l’hôpital de Saint-Louis, la direction tente de gérer la situation. Même si aucune voix ne veut donner son avis sur le mouvement d’humeur. On se contente de s’en remettre à Dieu. Même son de cloche chez la quasi-totalité des malades et accompagnants.
Rush à l’infirmerie des militaires
Face à la situation, les familles des malades s’orientent vers l’infirmerie des militaires située dans le nord de l’île. Ici, la plupart des malades ont contracté le paludisme, signale un médecin militaire. ‘’C’est le grand rush, depuis ce matin, et on comprend la situation, car à l’hôpital, c’est la grève et surtout avec cette période pré-hivernale, il y a beaucoup de paludéens, du fait des moustiques’’, lance ce médecin.
En attendant la levée du mot d’ordre de grève, les populations de Saint-Louis se tournent vers les structures sanitaires privées qui poussent comme des champignons dans la ville ancienne.
FARA SYLLA (SAINT-LOUIS)