Gaston Mbengue revient sur sa ‘’loi’’
Le promoteur de lutte Gaston Mbengue ne démord pas. Pour la retransmission du combat Balla Gaye 2-Modou Lo, il va trier ses télévisions. Pour Jean Meissa Diop, membre du CNRA, aucune restriction ne peut être apportée au droit à l’information du public.
Il persiste et signe. N’en déplaise à ses détracteurs. Lui, c’est Gaston Mbengue. Pour le combat Modou Lo contre Balla Gaye 2, il ne blague pas. Vous êtes télévision, dites ‘’Vive Macky Sall !’’ si vous voulez couvrir l’évènement. Telle est en tout cas la volonté du promoteur qui en fait un critère prépondérant. Il précise : ‘’Man maa moom sama yëf (je suis le propriétaire de cet évènement). Je l’ai nommé ‘Drapeau pour la réélection de Macky Sall’. Je n’ai même pas dit ‘Drapeau Macky Sall’. Mon objectif est donc clair. C’est réélire le président de la République. Nous allons faire notre fête. Et nous n’allons pas le faire avec quelqu’un qui est contre cette ambition.’’
Dans la tête du ‘’Don King’’ de l’arène, les choses ne souffrent l’ombre d’aucun doute. Et pour justifier son acte que d’aucuns qualifient de ‘’malencontreux’’, il lance de gros cailloux dans le jardin de certaines télés. ‘’Leurs propriétaires en font ce qu’ils veulent. Ils y font la publicité de qui ils veulent. Certaines télés se font même payer pour couvrir des meetings. Et personne n’en parle. En ce qui me concerne, j’ai mon évènement et je vais travailler avec les gens qui ont la même vision que moi. C’est mon droit le plus absolu’’, se défend-il, toujours aussi direct. Aussi abrupt, diront certains. Gaston Mbengue ne laisse rien passer. Pour lui, il est hors de question de venir faire du ‘’gaaruwaale’’ à travers son support. ‘’Duma jox kenn occasion muy gaaruwaale sama candidat, ci sama support’’ (Je ne vais donner à personne l’opportunité de critiquer mon candidat à travers mon support). Il ajoute : ‘’Voilà ce que j’ai dit ; et je le répète. Maintenant, les discussions se poursuivent avec tous les organes. Ce qu’on a fait l’autre jour, c’est la ‘Télévision futurs médias’ qui avait les droits. Nous allons néanmoins discuter avec tout le monde sur la base des critères que nous avons définis. Avec loyauté, nous comptons travailler, avec le support que nous aurons choisi, pour notre candidat.’’
Toutefois, le promoteur de lutte semble conscient de ses limites. Dans un pays normé, nul n’a le droit de faire ce qu’il veut. Il dit exprimer son opinion, mais tient à apporter cette précision de taille. Gaston Mbengue : ‘’ Permettez-moi de préciser que je n’ai pas dit que les autres télés ne vont pas entrer dans le stade.’’ Quelles sont alors les limites des ‘’télévisions qui n’aiment pas Macky Sall’’ comme il dit ? La réponse est simplement du Gaston pur jus. ‘’Buñu amee jom, dañuy bayyi (S’ils ont un peu de vergogne, elles ne viendront pas). Nous ne chassons personne mais nous donnons notre opinion. Il faut respecter les avis de tout le monde. Moi, je fais de la politique et je ne m’en cache pas. Les autres politiciens n’ont qu’à aller se chercher des promoteurs. C’est Macky qui a la chance d’avoir Gaston pour un combat aussi grand.’’
Quant aux téléspectateurs qui ‘’n’aiment pas Macky Sall, l’ancien président du Ndiambour de Louga ne s’en soucie nullement. Lui s’occupe plutôt de ceux qui vont au stade. Les autres, ils n’ont qu’à se soumettre aux conditions fixées par le Don King. ‘’Nous n’organisons pas des combats aussi chers pour les gens qui restent chez eux. Ceux-là n’ont qu’à regarder la plateforme internet. Ou bien se contenter de la télévision avec laquelle nous travaillerons’’, raille-t-il, hilare.
Le promoteur, selon le journal ‘’Source A’’, avait déclaré lors du face-à-face entre les deux lutteurs : ‘’Les chaînes de télévision, qui sont contre Macky Sall, sont exclues de la couverture de ce combat.’’
‘’Les politiciens sont plus violents que les lutteurs’’
Après les télés et téléspectateurs, Gaston Mbengue ne se fait pas prier pour lancer la contre-offensive. Convaincu que des gens malintentionnés ont œuvré samedi dernier pour gâcher sa fête, il prévient : ‘’Je sais qu’il y a des gens qui travaillent pour saboter, sur le plan mystique, mes évènements. Je tiens à leur dire que je suis dans la lutte depuis 25 ans. Je suis blindé mystiquement.’’ Le promoteur ne s’en limite pas là. Il ajoute : ‘’Ceux qui s’attaquent à ma personne n’ont qu’à en vouloir à eux-mêmes au cas où il leur arriverait quelque chose, à eux ou à leurs descendance. Ces gens étaient là pour saboter la signature, mais ils ont échoué.’’
En ce qui concerne les échauffourées qui ont émaillé la signature de contrat, le promoteur relativise. A l’en croire, c’est juste ce que le sel est à la cuisine. ‘’Loolu cafka lamb là (c’est le charme de la lutte). Dañ doon sappali rek. Ce n’est pas pour ça qu’on parle de violence. C’était juste une incompréhension et la lutte va avec. Sans cela, on n’aurait pas dit que c’est un combat de lutte. L’essentiel est que par la suite, il y a eu des échanges d’amabilités entre les lutteurs. La politique est plus violente. Les politiciens sont plus violents que les lutteurs. Tous les jours, ils s’insultent. Et personne n’en parle’’, constate le frère du ministre de l’Elevage Aminata Mbengue Ndiaye.
JEAN MEISSA DIOP (MEMBRE DU CNRA) ‘’Gaston ne peut interdire l’accès à l’information, mais…’’ ‘’Il y a au Sénégal un projet de loi sur l’accès à l’information qui date de 2015 ou 2016. Si Gaston organise un combat de lutte, il est détenteur d’une information à laquelle les journalistes ont droit. Il n’a donc pas le droit de dire que les télévisions qui ne soutiennent pas le président Macky Sall n’auront pas le droit d’accéder à son information. Je pense que ce n’est ni juste ni équitable et ça va être illégal le jour où on adoptera cette loi sur l’accès à l’information. C’est mon avis personnel. Même en l’absence d’une loi, il ne peut interdire l’accès à l’information dont il est détenteur. C’est une information que le public a le droit de connaître. Et il ne peut y avoir aucune forme de restriction. Maintenant, en tant qu’organisateur, il peut bien choisir la télévision à laquelle il va vendre les droits. Et les critères doivent être clairs. Autrement, il n’a pas le droit d’interdire à la presse de relater sa manifestation sportive.’’ |
MOR AMAR