Dopage et temps de suspension
Encore un peu de patience, les résultats définitifs des Jeux olympiques d'Athènes 2004 seront connus dans les prochains jours. Une centaine d'échantillons recueillis sur place ont été testés à nouveau avec des technologies qui n'existaient pas à l'époque, le code de l'Agence mondiale antidopage (AMA) permettant d'ouvrir une procédure disciplinaire jusqu'à huit ans après la date d'un contrôle. Cinq seraient positifs, ce qui déclencherait des suspensions rétroactives avec annulation des résultats et éventuellement restitution de médailles. Le Comité international olympique (CIO) souhaite adopter une nouvelle approche des sanctions en demandant une révision du code de l'AMA pour imposer une suspension de quatre ans à un plus grand nombre de cas. Avant l'ouverture des Jeux de Londres, le Tribunal arbitral du sport avait annulé la règle du CIO empêchant des athlètes convaincus de dopage de participer aux Jeux olympiques pour en protéger l'image.
La lutte antidopage dispose déjà d'un arsenal répressif à géométrie variable selon les sports et la gravité des faits reprochés. En prenant les exemples d'athlètes récemment sanctionnés, les peines vont de l'avertissement public à la suspension à vie, en passant par trois mois de bannissement des compétitions (comme le Jamaïcain Yohan Blake), six mois (la Jamaïcaine Shelly-Ann Fraser ou la Croate Sandra Perkovic), un an (la Britannique Christine Oruhuogu), deux ans (la Russe Darya Pishchalnikova), quatre ans (l'Américain Justin Gatlin), etc. Le point commun de ces athlètes : ils sont revenus de leur suspension aussi voire plus performants qu'avant, et sont tous montés sur le podium lors des quatre premières journées d'athlétisme à Londres...
Les défenseurs du "droit à la seconde chance" s'opposent à ceux qui avancent des arguments scientifiques à des suspensions plus longues voire définitives. Pendant combien de temps les athlètes bénéficient-ils des modifications physiologiques causées par la prise de substances interdites ? Le passeport biologique des athlètes (lire notre article sur le passeport biologique) présenté l'an dernier par l'IAAF doit servir à tracer sur le long terme ces changements, en comparant le profil hématologique et endocrinien des athlètes, pour détecter les effets d'un éventuel dopage sanguin (exemple EPO) ou hormonal (testostérone). Ces substances sont des "moyens de supports" de l'entraînement, comme les avaient pudiquement désignées les autorités de l'ex-RDA, visant à maximiser le développement des deux qualités physiques fondamentales. D'une part, la vitesse pour accélérer ses segments vers le sol (en sprint, haies et sauts) ou vers un engin (lancers). D'autre part l'endurance pour maintenir une vitesse spécifique de travail (courses longues, épreuves combinées).