Le juge du deuxième cabinet décerne un mandat de dépôt à Biaye
Après le député Mamadou Sall le 21 décembre dernier, le juge du deuxième cabinet a décerné, hier, un mandat de dépôt au député Boubacar Villiemmbo Biaye. C’est dans le cadre de l’affaire du trafic présumé de passeports diplomatiques.
Au mois de novembre dernier, l’Assemblée nationale avait levé l’immunité parlementaire des députés Boubacar Villiemmbo Biaye et Mamadou Sall, dans le cadre de l’affaire du trafic présumé de passeports diplomatiques. Près de trois mois après, l’ancien président du Conseil départemental de Sédhiou a été envoyé hier en prison par le juge du deuxième cabinet. Il rejoint ainsi son collègue député Mamadou Sall qui a été écroué depuis le 21 décembre dernier.
Durant tout le temps qu’a duré l’enquête, M. Biaye a nié être impliqué dans cette affaire qui avait secoué tout le pays. Même le jour de la levée de son immunité parlementaire, il continuait à clamer son innocence devant le ministre de la Justice, Me Malick Sall, et ses collègues députés. ‘’À supposer qu’il y ait mon nom sur un certificat de mariage, quel est l’officier d’état civil qui avait confectionné ce document ? Même s’il y a une enquête, elle n’ira nulle part. Ils (les enquêteurs) vont voir que rien ne me lie à Kondé. Dès les premières secondes de cette affaire, j’ai dit au président de l’Assemblée nationale, nul besoin pour moi de lever mon immunité, puisque cela va accuser du retard, alors que la justice doit aller vite dans ce dossier. Je lui ai dit que je suis disposé à répondre aux policiers ou au juge qui aura en charge ce dossier. Mais comme la procédure le demande, que ce que nous sommes en train de faire soit fait, je me soumets à la République. Raison pour laquelle vous me voyez ici’’, soutenait-il face aux députés.
Il rappelait à qui voulait l’entendre que sa venue à l’Assemblée nationale n’avait pas pour objectif de se laver à grande eau parlementaire, non plus pour se défendre. Il aura l’occasion de se défendre au lieu indiqué et devant la personne indiquée. ‘’Je prends la parole pour demander aux gens de revenir à la raison et de ne pas utiliser la passion. J’ai constaté que depuis le 6 septembre, Machiavel avait pris le dessus sur Platon et le mensonge avait pris le dessus sur la vérité. Or, cela ne devrait pas être le cas. La passion est un danger qui divise et qui apporte la tragédie. Je demande aux gens de laisser la passion qui serait susceptible de créer des conflits et de choisir la raison. Nous allons avoir beaucoup à gagner. Nous aurons à gagner par rapport à l’unification de ce pays. Nous aurons à unir nos cœurs, à avoir les mêmes convergences et à rétablir la vérité partout’’, poursuivait-il.
Quant au député Mamadou Sall, il n’avait pas jugé nécessaire de se déplacer à l’hémicycle. Il avait envoyé une lettre pour dire qu’il avait hâte que cette procédure soit engagée, afin de laver son honneur, celui de sa famille et de ses collègues députés.
Pour rappel, au début de l’éclatement de cette histoire, El Hadj Djadji Kondé, qui est décrit par les enquêteurs comme le cerveau de la bande, avait été placé sous mandat de dépôt depuis le 13 septembre dernier. On lui reprochait les délits d’association de malfaiteurs, escroquerie, blanchissement de capitaux, faux et usage de faux sur des documents administratifs et faux en écritures publiques authentifiées. Dans cette affaire aussi, l’ancien président du Conseil départemental de Saraya, Sadio Dansokho, avait été écroué.
Les deux députés avaient été cités dans une affaire de trafic de passeports diplomatiques par le présumé cerveau de cette bande, El Hadj Djadji Kondé, suite à une plainte à la Division des investigations criminelles (Dic). L’enquête avait montré qu’il simulait un mariage avec leurs clientes, pour ensuite annoncer qu’ils devraient convoler en lune de miel, pour permettre ainsi à ses clientes d’avoir un passeport. En retour, il percevait de fortes sommes d’argent qui varient entre 3 et 4 millions. Chacun prenait sa part du butin. D’autres personnes étaient aussi impliquées dont un gendarme en service à la présidence de la République. Il avait pour mission d’indiquer la constitution du dossier et la façon dont elle devrait être rédigée.
CHEIKH THIAM