Publié le 2 Mar 2022 - 16:30
ACTE CONTRE-NATURE À LA MOSQUÉE DE SICAP KARACK

Le maître coranique dit avoir agi sous l’emprise d’un djinn

 
Au moment où un groupe de personnes réclament la criminalisation de l’homosexualité au Sénégal, deux hommes, dont l’un est un mineur, ont été surpris sur la terrasse d’une mosquée à Sicap Karack, en train d’entretenir des rapports sexuels. Arrêtés et placés sous mandat de dépôt, le plus âgé, qui se trouve être un maître coranique, a été appelé hier à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Il risque cinq ans d’emprisonnement ferme.
 
 
Ousmane Diallo est dans de beaux draps. Âgé de 35 ans, il est poursuivi pour acte contre-nature sur un mineur de moins de 21 ans. Maître coranique de son état, il encourt cinq ans d’emprisonnement ferme, si le juge du tribunal des flagrants délits de Dakar suit le réquisitoire de la représentante du ministère public. 
 
C’est sur la terrasse de la mosquée de la Sicap Karack qu’Ousmane Diallo a été surpris en plein ébat sexuel avec un mineur de 16 ans. Outrée par la scène qu’elle venait de voir, Anta Dièye alerte les voisins qui ont sur-le-champ investi les lieux. Fous de rage, ils ont tenté de lyncher le couple qui a été sauvé de justesse. Tous les deux conduits au commissariat, le mineur raconte que le prévenu lui avait dit qu’il était possédé par un djinn. Ainsi, dit-il, le maître coranique l’a invité dans la mosquée pour lui réciter des versets coraniques, afin qu’il soit libéré par l’être maléfique qui le possède. C’est sur ces entrefaites qu’il l’a suivi. Mais il raconte aux enquêteurs qu’une fois sur place, le prévenu lui a intimé l’ordre d’entretenir des rapports sexuels avec lui. Celui-ci, sur un ton menaçant, lui aurait fait croire qu’il allait l’envoûter, s’il tentait de refuser.
 
Face aux juges, hier, Ousmane Diallo a, dans un premier temps, nié les faits d’acte contre-nature sur un mineur et de profanation d’un lieu de culte qui lui sont reprochés. Il soutient qu’il n’est pas l’individu sur la vidéo de la scène obscène. D’après lui, c’est le mineur qui l’a sollicité pour des prières, car étant possédé par un djinn. ‘’C’est quand je récitais des versets coraniques sur son oreille que les gens ont assailli la terrasse où on se trouvait’’, a-t-il tenté d’expliquer.
 
Mais quand le juge lui a rappelé les propos qu’il a tenus à l’enquête, il est finalement revenu sur sa déclaration, en reconnaissant les faits.
 
En effet, face aux limiers, il avait soutenu : ‘’Quand on s’est retrouvé sur la terrasse Daouda et moi, celui-ci m’a fait des avances et j’ai accepté de coucher avec lui. J’ai été possédé par son djinn.’’ Sachant qu’il n’a plus d’issue, il martèle : ‘’Je ne sais pas ce qui me pousse à avoir un penchant pour les hommes.’’
 
Sur sa santé mentale évoquée par son avocat et sa maman, il renchérit : ‘’Je suis sain d'esprit. Ce sont les gens qui me taxent de fou. Je souffre de temps en temps de surmenage. Je prends des médicaments pour dormir.’’ 
 
A la suite de la représentante du ministère public qui a requis cinq ans d’emprisonnement ferme avant de demander que le certificat médical versé dans le dossier soit écarté, l’avocat de la défense, Me Daff, a sollicité une application bienveillante de la loi pénale. Selon la robe noire, il est établi que son client souffre de troubles mentaux et qu’il est suivi à l’hôpital Fann, depuis 2002. A l’en croire, tous les deux, à savoir le mineur et son client, ne savaient pas ce qu’ils faisaient. 
 
L’affaire mise en délibéré, le tribunal rendra sa décision le 8 mars prochain. 
 
MAGUETTE NDAO 

 

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