Les populations de Ross Béthio battent le macadam
Rien ne va plus entre la Société d'exploitation d’ouvrages hydrauliques (Seoh) et les populations de la commune de Ross Béthio, dans le département de Dagana. Ces dernières ont organisé hier une marche pacifique pour dénoncer avec la dernière énergie la qualité de l'eau qui leur est servie. D'ailleurs, un mémorandum a été remis au sous-préfet de l’arrondissement de Ndiaye, pour exiger le départ de cette entreprise et une meilleure considération des populations locales.
Les messages scandés et les pancartes brandies par les manifestants résument le profond malaise qu’il y a entre Seoh et les populations de Ross Béthio. Jeunes, personnes du 3e âge, hommes, femmes, autorités coutumières et religieuses de Ross Béthio ont affiché, hier, une détermination inflexible pour se faire entendre.
Pour le porte-parole des manifestants, les populations de Ross Béthio ne vont plus jamais accepter un manque de considération venant de qui que ce soit. “Depuis des années, la population de Ross Béthio est victime d'un traitement irrespectueux et inhumain orchestré par la Société d'exploitation d’ouvrages hydrauliques. La majorité de la population de la localité ne boit plus l'eau du robinet, à cause de sa qualité boueuse et de la saleté. L’entreprise produit de l'eau qui a des effets néfastes sur la santé des populations, à l’heure des maladies tropicales négligées. Pourtant, la commune est bénie par un fleuve amabile, exploité gratuitement par la Seoh”, a râlé Aya Fall.
Très remontées, les populations de Ross Béthio ne comptent pas reculer d'un iota dans leur combat pour obtenir gain de cause. Parce que trop c'est trop et les griefs sont trop nombreux. “L'eau que nous sert la Seoh n’est pas potable. Elle est mal traitée et est source de beaucoup de maladies à Ross Béthio. Pire, même l'environnement dans lequel l’entreprise s’est installée est d’une insalubrité inquiétante”, a dénoncé Aya Fall.
Les populations réclament plus de considération
Malgré la mauvaise qualité de l'eau fustigée par les populations, les factures sont toujours jugées excessives. “Contrairement aux autres entreprises qui offrent des services dans les autres villes avec un mètre cube moins coûteux, Seoh Ross Béthio nous vend une eau non potable à 275 F CFA le mètre cube. La distribution de l'eau est irrégulière. Maintenant, c'est une habitude pour les populations de rester 24 heures sans eau. Souvent, ce sont des prétextes fallacieux et choquants qui nous sont servis par la Seoh pour justifier les coupures”, a déploré Aya Fall.
Avant d'ajouter qu’en cas de coupure, ils ne mettent aucun camion-citerne à la disposition des populations pour les soulager. “C'est le désarroi total et l'arrêt de beaucoup d'activités. Et à chaque coupure d'électricité, les robinets ne fonctionnent pas, car la Seoh refuse d’utiliser son groupe électrogène. De plus, l’augmentation de la population et des zones d’habitation fait qu’un seul château d’eau ne peut plus alimenter tous les quartiers, mais ils s'en fichent”, fulmine M. Fall.
Dopé par la mobilisation des populations locales, le porte-parole du jour d'enchaîner dans la dénonciation : “La Seoh manque de personnel. Ils procèdent par estimation, car n'ayant pas le personnel suffisant pour faire des relevés objectifs. Pire, le chef de service technique et commercial de l'entreprise à Ross Béthio n'a aucune considération pour les populations de la localité. D’ailleurs, son départ est demandé par la communauté. Car il est impertinent pour nous de travailler avec une personne qui n'a aucune considération pour la ville de Ross Béthio”, prévient Aya Fall.
Pour toutes ces raisons, les populations de Ross Béthio, mobilisées derrière l'association And Taxawu Ross Béthio, exigent des autorités compétentes le non-renouvellement du contrat de la Seoh qui est presque arrivé à terme.
Nos différentes tentatives de joindre les responsables de l’entreprise hydraulique sont restées vaines.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT-LOUIS