Pas le cœur à célébrer le 8 mars !
Pas le cœur à célébrer, celui de la République saigne, vacille
Les épreuves, les luttes, les peines nous enchaînent fâcheusement
Dans ce Sénégal, jadis ensoleillé, la nuit y est nébuleusement tombée
La colère essaiment les âmes et dépravent les valeurs, les forces, les luttes
Épouses persécutées, nous sommes réduites au folklore ou au silence assourdissant
Pas le cœur à célébrer, l’arbre qui cache la forêt
Elles subissent violences, afflictions, affres et douleurs
Porteuses de rêves, dorénavant, elles sont piétinées, maltraitées
Toute une société semble se dresser contre elles, elles sont brisées, brimées
Sœurs malmenées, certaines sont réduites à des minos recluses, elles survivent
Pas le cœur à célébrer, les scélératesses dressées, légalisées
Elles deviennent celles dont la société se sert comme bagatelles
Chez nous, elles cultivent des rivalités malsaines, des heurts déroutants
Au point où les combats semblent perdus et les victoires inconnues, foulées
Entrepreneuses ignorées, collègues contestées, bûcheuses dénigrées, contraintes
Pas le cœur à célébrer, la résignation, le stéréotype, l’ignorance
Celles qui luttent, sans jamais faiblir doivent être entendues, pour construire
Le huit mars, jour de solidarité et de courage, ne sera qu’amertume cette année
Le nation tailladée, baigne dans l’injustice, nourrice des violences de genres pluriels
Mères émoussées, les enfants quittent le navire, vivent dépourvus d’espoir ou dans les geôles
Pas le cœur à célébrer, les femmes devant un tel chaos sociétal
Elles sont agressées, et la République à notre image, désacralisée
Que ce 8 mars soit un hymne au rétablissement de l’ordre, des institutions
À la dignité, à la justice pour les femmes, les hommes et pour les citoyens du Sénégal
Femmes malgré tout, beaucoup d’entre elles, sont conscientes que l’heure est à lutte constante
Pas le cœur à célébrer la journée de la femme,
Quand la République n’en compte plus. Lasses du raffut du tambour!
Le rouge du sang est dans nos maisons, nos rues, nos esprit, il est prosaïque
L’émoi psychologique, la dépression, les blessures corporelles et morales vécues
Combattantes, mères, quoique « invisibilisées, », restons debout et prêtes à penser et à panser
Le Sénégal a besoin de nous. Célébrons les lendemains meilleurs ! Sauvons notre République
et faisons face à ses détracteurs !
A nos héroïnes de tout temps !
Ndèye Astou Ndiaye
Enseignante-chercheuse en Science Politique
UCAD