Publié le 5 Mar 2024 - 19:25

Pas le cœur à célébrer le 8 mars !

 

Pas le cœur à célébrer, celui de la République saigne, vacille

Les épreuves, les luttes, les peines nous enchaînent fâcheusement

Dans ce Sénégal, jadis ensoleillé, la nuit y est nébuleusement tombée

La colère essaiment les âmes et dépravent les valeurs, les forces, les luttes

Épouses persécutées, nous sommes réduites au folklore ou au silence assourdissant

Pas le cœur à célébrer, l’arbre qui cache la forêt

Elles subissent violences, afflictions, affres et douleurs

Porteuses de rêves, dorénavant, elles sont piétinées, maltraitées

Toute une société semble se dresser contre elles, elles sont brisées, brimées

Sœurs malmenées, certaines sont réduites à des minos recluses, elles survivent

Pas le cœur à célébrer, les scélératesses dressées, légalisées

Elles deviennent celles dont la société se sert comme bagatelles

Chez nous, elles cultivent des rivalités malsaines, des heurts déroutants

Au point où les combats semblent perdus et les victoires inconnues, foulées

Entrepreneuses ignorées, collègues contestées, bûcheuses dénigrées, contraintes

Pas le cœur à célébrer, la résignation, le stéréotype, l’ignorance

Celles qui luttent, sans jamais faiblir doivent être entendues, pour construire

Le huit mars, jour de solidarité et de courage, ne sera qu’amertume cette année

Le nation tailladée, baigne dans l’injustice, nourrice des violences de genres pluriels

Mères émoussées, les enfants quittent le navire, vivent dépourvus d’espoir ou dans les geôles

Pas le cœur à célébrer, les femmes devant un tel chaos sociétal

Elles sont agressées, et la République à notre image, désacralisée

Que ce 8 mars soit un hymne au rétablissement de l’ordre, des institutions

À la dignité, à la justice pour les femmes, les hommes et pour les citoyens du Sénégal

Femmes malgré tout, beaucoup d’entre elles, sont conscientes que l’heure est à lutte constante

Pas le cœur à célébrer la journée de la femme,

Quand la République n’en compte plus. Lasses du raffut du tambour!

Le rouge du sang est dans nos maisons, nos rues, nos esprit, il est prosaïque

L’émoi psychologique, la dépression, les blessures corporelles et morales vécues

Combattantes, mères, quoique « invisibilisées, », restons debout et prêtes à penser et à panser

Le Sénégal a besoin de nous. Célébrons les lendemains meilleurs ! Sauvons notre République

et faisons face à ses détracteurs !

A nos héroïnes de tout temps !

Ndèye Astou Ndiaye

Enseignante-chercheuse en Science Politique

UCAD

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