Les fidèles heureux de répondre de nouveau
Depuis 2019, la traversée du désert aura été longue pour les fidèles layènes qui, à cause de la Covid-19, n’ont pas été appelés à répondre à l’Appel de Seydina Limamoulaye. Cette édition, les pèlerins sont très heureux et fiers de pouvoir célébrer l’événement. Le thème de cette édition est ‘’Le rôle de l'éducation dans la lutte contre l'extrémisme’’.
Du blanc, encore du blanc ! De l'accouchement des fidèles, aux bâches parsemées un peu partout, un océan immaculé s’offre au regard. La couleur est un élément essentiel de l'identité de cette confrérie. Cette année, plus que les autres, Cambérène fourmille de monde. "Il y a beaucoup plus de fidèles que d'habitude", lance Médoune Ndiaye qui vient de la Médina. Il donne une explication simple à cette ruée sur la ville sainte. "La pandémie de la Covid-19 nous a privés des deux précédentes éditions de l'Appel. C'est une sorte de retrouvailles pour la communauté. Ce qui explique cette foule assez impressionnante", lance le jeune layène, content d'accomplir son "devoir" de fidèle.
Libasse ne dit pas autre chose que son frère confrérique : "Après deux longues années de disette, c'est un plaisir pour moi de revenir ici à Cambérène, à l'occasion de l'Appel de Seydina Limamoulaye", se réjouit le Malikois, qui a respecté le dress-code du bonnet aux chaussures, en passant par le boubou : que du blanc.
A l'intérieur de la grande mosquée de Cambérène, le sable est toujours aussi fin, blanc, impeccable. Certains, pieds nus, créent de petits groupes qui bruissent aux rythmes des zikrs ; d'autres enchaînent les prières qui se terminent souvent par des invocations. "C'est un moment vraiment opportun pour prier", laisse entendre Ndiaga, le front noir tacheté de ce sable immaculé.
Sur place également, certains pèlerins n'ont pas omis d'apprécier cette nouvelle infrastructure qui surplombe la mosquée de Cambérène. "Peut-être que c'est une simple coïncidence, mais la livraison de cet ouvrage vient un peu à son heure", déclare Amy la voilée, venue également de Malika.
En banlieue dakaroise, la commune de Malika abrite une importante communauté layène. La jeune femme ajoute : "Avec l'important flux humain qui risque de prendre d'assaut Cambérène, Ngor et Yoff, nous ne pouvons qu'applaudir", bénit-elle le nouveau pont.
Mais pour ce premier jour de l'Appel du Mahdi, l'ouvrage ouvert, ce jeudi, a surtout servi à un immense parking à ciel ouvert. Il fallait se garer là et continuer le chemin à pied. Cela démontre une nouvelle fois à quel point "l'Appel a été audible à l'endroit des fidèles", lance Mouhamed Ngom, portant un tee-shirt blanc à l'effigie du nouveau khalife général des layènes, Mamadou Makhtar Laye.
Avec la ferveur qui est plus que jamais de mise et l'impressionnante mobilisation des fidèles, sans aucun doute, la communauté layène est heureuse d'avoir retrouvé son pèlerinage. Avec l'inauguration de ce nouveau pont de Cambérène, ce rendez-vous de la dévotion n'en sera que plus perceptible à l'endroit des pèlerins. L'appel prendra fin ce samedi 5 mars à Yoff.
MAMADOU DIOP (STAGIAIRE)