Les prestataires de Senghor veulent atterrir chez Blaise
Avant le 7 décembre, l’ensemble des travailleurs de l’aéroport Léopold Sédar Senghor devront embarquer définitivement de Dakar. Si les permanents et les contractuels sont assurés de fouler le tarmac de l’AIBD, les prestataires, eux, cherchent une piste d’atterrissage. Ils ont été, hier, en assemblée générale.
Les prestataires des Aéroports du Sénégal (ADS) ne comptent pas rater le vol devant transporter le personnel de Léopold Sédar Senghor vers l’AIBD. Ces derniers, regroupés autour d’un comité, ont tenu, hier, une assemblée générale pour exiger d’être parmi les passagers devant atterrir sur le tarmac du bijou de Diass. Ils ont été nombreux à avoir fait le déplacement au Club ASAC ASECNA. La tente devant accueillir les participants s’est révélée trop petite pour contenir tout le monde. Certains ont ainsi cherché refuge sous les arbres, pendant que d’autres, à moitié sous le soleil, se contentent de l’ombre d’un mur. Au total, ils sont plus de 800 employés, si l’on se fie au coordonnateur Ibrahima Abdoulaye Hane.
Celui-ci estime que ce sera un drame social que de laisser sur le tarmac autant de pères de famille. ‘’On ne pourra plus nourrir nos enfants, payer leur scolarité. Je ne peux pas imaginer qu’on soit à la veille d’une élection et que le président puisse sous-estimer ces 800 pères de famille’’, souligne-t-il.
Pour le moment, les prestataires disent être dans une phase d’alerte. Ils veulent attirer l’attention des autorités qui, affirment-ils, les avaient assurés qu’ils ne seraient pas les laissés-pour-compte. Ils sont nombreux à être optimistes quant au sort qui leur sera réservé. Que ce soit lors des interventions ou dans les discussions privées, on reste convaincu que le chef de l’Etat trouvera une solution. ‘’Le président Macky Sall n’a pas la bonne information. Nous sommes sûrs que quand il l’aura, il va trancher en notre faveur’’, répètent-ils l’un après l’autre.
Par ailleurs, même si les travailleurs veulent tous être recasés, ils n’accepteront pas que cela se fasse à tout prix. Il y a déjà des points sur lesquels ils ne comptent pas transiger. Pour être clair avec ses mandataires, Ibrahima Hane leur a fait comprendre qu’il n’est pas question d’accepter une quelconque baisse de salaires. Une position qui agrée visiblement le public qui s’est mis à applaudir. ‘’On n’acceptera pas non plus un transfert vers un privé qui pourrait nous licencier le lendemain’’, prévient-il. Et si l’Etat persiste à vouloir privatiser ces services, les prestataires demandent que le marché leur soit attribué afin qu’ils s’organisent et se payent eux-mêmes à partir de leurs activités. Un autre travailleur a soulevé la question du transport, rappelant au passage que l’AIBD est à une cinquantaine de kilomètres de Dakar. Les aérodromes régionaux sont aussi des possibilités de recasement des prestataires, relève M. Hane.
En outre, même si les prestataires privilégient le dialogue, ce n’est pas pour autant parce qu’ils n’ont pas une capacité de nuisance. Au contraire, ils se disent capables de recourir à d’autres actions. ‘’Les prestataires, comme on nous surnomme, sont ceux qui s’occupent de la vie de l’aéroport. Les acteurs du nettoiement, de la sécurité et du recyclage des chariots sont ceux qui font vivre l’aéroport. On ne peut donc pas concevoir qu’il y ait des négociations pour le transfert du personnel sans y inclure ces agents-là’’, avertit Pape Sarr.
Selon lui, la plus grande affluence à l’aéroport de Dakar a lieu entre 18 h et 22 h. C’est le moment où toutes les nationalités s’y retrouvent. Il suffit donc d’initier une action à ces heures-là pour faire mouche. ‘’Si ceux qui s’occupent du nettoiement croisent les bras juste une heure de temps, que ceux qui recyclent les chariots s’abstiennent, ainsi que la sécurité, je ne parle pas du Sénégal, mais le monde entier sera informé qu’il y a blocage à l’aéroport de Dakar’’, renchérit-il.
Afin de savoir la conduite à tenir, les concernés sont convoqués à une autre assemblée générale prévue vendredi prochain.
BABACAR WILLANE