Publié le 22 Sep 2018 - 17:55
ABUS DE CONFIANCE, ESCROQUERIE, VOL

Un couple mixte se déchire au tribunal

 

Entre Guiseppe Ogheri, un ressortissant français, et sa femme sénégalaise Clémentine Gbaguidi, c’est 14 ans de vie conjugale qui tournent au pugilat. Une rocambolesque affaire d’abus de confiance, de vol et d’escroquerie, avec comme point d’orgue les révélations gravissimes de la voyante Ouraye Fall.

 

Après la longue idylle, la déchirure. Guiseppe Ogheri, français de 73 ans, et sa femme Clémentine Gbaguidi se sont retrouvés, hier, devant la barre du tribunal d’instance de Mbour. A grand renfort de déballages, le couple a mis à nu les grandes dissensions qui le minent. Le ressortissant français reproche à sa conjointe trois chefs d’accusation : abus de confiance, vol et escroquerie. ‘’Je lui faisais confiance. Elle m’a dit qu’elle voulait se rendre en Belgique pour voir notre fille. Je lui ai acheté le billet. Au bout de quelques mois, elle m’a appelé pour me dire de venir chercher ma fille et qu’elle restait en Belgique. Un jour, je rangeais des documents, je suis tombé sur des actes de terrains que j’avais achetés. Et tous les actes portaient son nom et pas le mien. Elle a frauduleusement soustrait des bijoux en or d’une valeur de 10 millions que j’ai hérités de ma mère et une vingtaine de terrains. Depuis le mois de novembre dernier, elle loue une maison qui m’appartient et elle ne m’a jamais remis l’argent de la location‘’, accuse le mari.

Des accusations battues en brèche par Mme Ogheri. Qui s’est, dans un premier temps, défendue avant de contre-attaquer. Elle soutient que son mari lui a offert les bijoux. Qu’il a acheté des terrains qu’il a lui-même mis à son nom. Concernant l’argent de la location, la dame précise que c’est elle qui s’occupe de tous les frais de la maison et que l’argent sert à prendre en charge toutes les dépenses. ‘’Monsieur, accuse-t-elle, est tombé amoureux d’une gamine et voilà qu’il veut divorcer. Avant que le divorce ne soit prononcé, il a déménagé dans une autre villa, à coté de notre maison conjugale. Ses concubines déambulaient tous les jours. Une conciliation a été faite et il est revenu dans la maison où je vis. Et comme ses copines ont ratatiné la maison, j’ai pris l’argent de la location pour gérer des dépenses dans la maison. Il ne donne pas un sou pour la maison, depuis un an. Il ne se soucie même pas des besoins de la maison. Je fais tout dans la maison’’, explique la dame.

Concernant les bijoux, elle soutient : ‘’Sa mère est tombée malade. Il a voulu l’emmener dans une maison de repos. Je lui ai dit de l’emmener chez nous. Parce que nous, on ne laisse pas nos vieilles hors de chez nous. Quand sa mère est morte, il a hérité de ses bijoux. Il a pris ce qui l’intéressait et il m’a offert le reste. Lui, il aime les femmes bien habillées qui mettent de l’or. Et moi aussi, j’adore l’or et j’aime porter des bijoux’’, a poursuivi Clémence Gbaguidi. Mais la dame a eu fort à faire avec l’avocat de son mari, Me El Hadj Diouf. Leur échange a été houleux.

En effet, au lieu de répondre à une question posée par Me Diouf, Mme Ogheri a lancé au juge : ‘’Je me demande si cet avocat comprend le français.’’ Puis, voulant répondre à une autre des questions, l’avocat la coupe net. Ce qui a le don d’irriter la dame qui peste et lui crie : ‘’Mais laissez-moi terminer !’’ Selon Me Diouf, la dame veut déposséder son mari de tous ses biens et ne rien lui laisser. ‘’Pourquoi vous vous comportez toujours comme la propriétaire ?‘’, demande Me Diouf. ‘’Je ne répondrais pas à cette question’’, lui rétorque la dame. ‘’Pourquoi ?’’, insiste l’avocat. ‘’J’ai déjà répondu au juge’’, rétorque Mme Ogheri à Me Diouf. L’avocat, lui aussi, prend la mouche : ‘’Taisez-vous, si vous n’avez rien à dire, pour ne pas être ridicule devant le tribunal. Donc, vous pensez que vous avez le droit de prendre tout l’argent et de ne rien dire à monsieur. Comme vous êtes férue d’or, où avez-vous pris l’argent pour acheter l’or ?’’, reprend l’avocat. Mais la dame est restée de marbre.

Les graves révélations de la voyante Ouraye Fall

Pour le clou de cette chaude audience, la voyante Ouraye Fall a été appelée à titre de témoin. Ses révélations ont donné des frissons à l’assemblée. Elle affirme que Clémence Gbaguidi est venue chez elle pour implorer des prières afin que le calme revienne dans son couple. ‘’Quelques semaines après, elle est revenue me dire que tout allait bien dans son couple. Que son mari lui a même acheté une voiture à 10 millions et qu’elle partait en vacances. Des mois après, elle est revenue me dire que les problèmes avaient repris de plus belle. Elle m’a demandé un talisman à mettre dans la voiture de son mari pour qu’il ait un accident mortel’’, raconte Ouraye Fall.  Le juge lui a demandé si elle maitrise le problème des terrains. La voyante a répondu par l’affirmative. ‘’Clémence lui a dit de tout mettre à son nom, car les Sénégalais ont la manie d’arnaquer les Blancs. Et qu’il valait mieux qu’il mette son nom sur les actes de vente, pour être tranquille. Même le bateau qu’il a acheté, il l’a mis au nom de sa femme’’.

Au moment de plaider, Me El H. Diouf a parlé d’un ‘’dossier très grave’’. ‘’Un vieillard qui vient investir dans notre pays, qui a hérité de centaines de millions de sa mère. Il a construit neuf appartements, acheté un bateau et des terrains. Et comme madame est une vraie diablesse, une vraie ‘seytané’, elle lui a dit qu’au Sénégal, si tu n’es pas sénégalais, on t’arnaque ; mets-le à mon nom. Ce dossier est plein de déception, d’escroquerie et d’abus de confiance. Elle parle bien. Et elle parle pour mentir. J’ai l’impression qu’elle est sortie de la Sorbonne, vu qu’elle demande si je comprends français. Elle est gourmande, cupide, agressive, méchante. Elle est téméraire‘’, s’est défoulé Me Diouf. L’avocat a demandé qu’on mette Clémence Gbaguidi dans les liens de la prévention et à payer la somme de 250 millions de dommages et intérêts, avec une contrainte par corps.

Le procureur a, lui, disqualifié le chef de vol, car, entre époux, le vol n’existe pas. Il a requis 3 mois assortis de sursis pour les autres accusations. Me Moïse Mamadou Ndior, avocat de Mme Ogheri, a lui indiqué qu’il n’est pas là ‘’pour amuser la galerie’’. Et que dans ‘’cette affaire, il n’y a pas d’infraction’’. Délibéré le 5 octobre.    

KHADY NDOYE (MBOUR)

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