Publié le 6 Oct 2017 - 20:47
ACCIDENTS DE LA ROUTE ET SINISTRES

Les transporteurs et le casse-tête des contrats d’assurance

 

De nombreux différends et incompréhensions minent les rapports entre les sociétés d’assurance et leurs clients. Ce sont ces équivoques que les experts de l’Observatoire de la qualité des services financiers ont tenté de lever, hier, à la gare des Beaux maraichers, en rencontrant les acteurs du secteur des transports. Ces derniers ne se sont pas privés d’énumérer leurs griefs contre les assureurs.

 

C’est au cœur de la gare routière des Beaux maraîchers de Pikine, sous un chapiteau martyrisé par un soleil accablant, que transporteurs, chauffeurs et conducteurs ont répondu, hier, à l’invitation de l’Observatoire de la qualité des services financiers (OQSF) qui les a sensibilisés sur les contrats d’assurance, leurs différentes garanties et les conditions de leur mise en œuvre, en cas de sinistre. Selon Mamadou Habib Ndao, Directeur exécutif de l’OQSF, cette réunion publique d’information sur l’assurance automobile et de sensibilisation sur son dispositif de médiation, entre dans le cadre des missions de veille sur la qualité des services financiers, à travers différentes enquêtes menées auprès des usagers du secteur des assurances.

‘‘On a eu, dit-il, à mesurer le degré de méconnaissance des règles qui régissent les contrats d’assurance de manière générale, particulièrement l’assurance automobile’’. De ce fait, poursuit Mamadou Habib Ndao, de nombreux différends et incompréhensions minent les rapports entre les sociétés d’assurance et leurs clients, notamment dans le volet de la garantie ‘‘responsabilité civile automobile’’. Cette dernière, du fait de son caractère obligatoire, déclare-t-il, est une assurance de masse, dans la mesure où elle s’impose à tout conducteur de ‘‘véhicule terrestre automobile’’.

Les risques ‘‘encourus’’ par les ‘‘chauffeurs non souscrits’’ à une compagnie d’assurance sont protéiformes. C’est ce qu’a tenté d’expliquer, dans son exposé, Ndèye Koura Sèye, expert financier à l’OQSF. L’assurance auto, dit-elle, à un fort impact social et économique, car elle couvre la responsabilité civile liée à la conduite automobile. Or, admet-elle, la ‘‘gravité’’ et la ‘‘récurrence’’ des accidents font qu’à nos jours, les chauffeurs sont de plus en plus ‘‘moins sécurisés’’ et les sommes qu’ils peuvent perdre, parce que non assurés, sont souvent très impressionnantes.

Compte tenu de ces raisons, et d’autres, Mme Sèye pense que ce genre de conférences doivent se tenir régulièrement, en ce sens qu’elles participent à sensibiliser davantage les conducteurs, les assureurs, mais également les usagers. Ce qui favoriserait, de son point de vue, une ‘‘fluidification des rapports’’ de tous les acteurs concernés basée sur un ‘‘partenariat gagnant-gagnant’’. ‘‘Cette conférence d’information publique est instituée pour inciter les conducteurs à souscrire à une société d’assurance. Cela les protège et règle beaucoup de problèmes suite à une catastrophe’’, souligne l’expert financier de l’OQSF.

La question de la médiation entre transporteurs et sociétés d’assurance a également été évoquée par les différents conférenciers. Se penchant sur ce sujet, Cheikh Tidiane Diop, Médiateur de la République, a d’abord tenu à préciser que ‘‘la médiation automobile’’ ne consiste pas à ‘‘dire que telle ou telle partie a tort au détriment de l’autre’’. La médiation, dans le cadre de ‘‘l’assurance auto’’, a plutôt, informe-t-il, une fonction sociale, car elle est à la recherche de compromis entre les parties en litige. La médiation aide donc à mieux appréhender la garantie de la responsabilité civile et son champ d’application, à parvenir à une diminution des contentieux auprès des tribunaux. ‘‘La médiation, dans ce cas précis, encourage les acteurs du secteur des transports à interagir pour une meilleure prise en charge de leurs préoccupations, de leurs besoins et attentes’’, souligne le médiateur de la République.

Les chauffeurs n’empruntent pas la même route que les assureurs

Les chauffeurs ne parlent pas la même langue que les sociétés d’assurance. Il ressort de leurs propos ‘‘un fort sentiment d’insatisfaction’’. D’ailleurs, Mor Mbaye, Président des transporteurs des Beaux maraîchers, et ses collègues n’ont pas fait dans la langue de bois. Malgré les cotisations que les conducteurs versent aux compagnies, martèle-t-il, les problèmes persistent et les difficultés demeurent. ‘‘Il y a des sociétés qui ne réparent aucun sinistre, alors que des conducteurs ont souscrit chez elles’’, dénonce-t-il. Pour le président des transporteurs, l’essentiel de leurs ‘‘récriminations’’ est lié aux retards ou au défaut de règlement des sinistres.

Les lenteurs dans l’instruction des dossiers, le coût élevé des primes, les contestations répétées, les rapports d’expertise, le non-respect des engagements de la part des compagnies d’assurance… ont occupé une place de choix dans ‘‘la colère’’ des chauffeurs. ‘‘C’est dur et anormal d’avoir un accident et de rester pendant des mois, voire des années, sans que votre assureur ne fasse rien, sous prétexte d’enquêtes et de procédures à n’en plus finir’’, enrage Mor Mbaye.

Fort de ces ‘‘lacunes’’ et ‘‘manquements’’, les chauffeurs ont demandé plus de considération à leur métier et de transparence de la part des sociétés d’assurance ‘‘souvent mues que par leurs propres intérêts’’. 

 LAMINE DIAGNE (STAGIAIRE)

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