Les lutteurs très remontés contre le ministre de la Justice
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Le ministre de la Justice, Malick Sall, a accusé les lutteurs d’avoir infiltré les manifestants, lors des affrontements avec les forces de l’ordre, à la suite de l’arrestation du député Ousmane Sonko. Ses déclarations ont été très mal perçues par le monde de la lutte qui n’a pas tardé à exprimer son indignation.
Le Sénégal était, jusqu’avant-hier, secoué par des manifestations occasionnant la mort d’une dizaine de jeunes. C’est une situation déplorée par la plupart des autorités publiques. Et pour expliquer l’origine des manifs violentes à Dakar, le ministre de la Justice a indexé les lutteurs comme étant les seuls responsables. Cette déclaration du garde des Sceaux, lors d’un entretien téléphonique sur France 24, a déplu au plus haut point les membres de l’arène nationale.
C’est notamment le cas de l’ancien président de l’Association des lutteurs en activité, Khadim Gadiaga, qui n’a pas trop attendu pour réagir face à cette déclaration. ‘’J’ai été surpris et abasourdi par les propos du ministre de la Justice, lors de son interview sur la chaine d’informations française France 24. C’est notre autorité, nous le respectons beaucoup. Mais dire que les lutteurs sont sortis pour manifester leur colère en pillant, parce qu’ils n’ont pas de combats me choque énormément. Et s’il veut dire que tous ces jeunes que l’on a vu dans les rues de Dakar pendant des jours sont tous des lutteurs, alors prenons tous les universités et faisons-en des arènes”, s’est-il indigné.
Gris Bordeaux : ‘’’image de la lutte sénégalaise est salie à cause de ces ‘’nervis’’
C’est dans la même veine que son successeur à la tête de ladite association, Gris Bordeaux, compte, de son côté, déposer une plainte, en plus d’exiger des excuses de la part du ministre. Gris, accusé d’être un des nervis vus aux côtés des forces de l’ordre, a démenti ces propos devenus virales sur les réseaux sociaux. ‘’Je n’ai jamais servi comme agent de sécurité et je ne le ferai jamais. J’ai d’autres préoccupations, contrairement à ce qui est avancé dans cette accusation commanditée et sans source. Je ne compte pas la négliger’’.
En tant que nouveau président, il a fait également savoir dans son entretien avec la chaine Lutte TV, que son rôle est d’aider pour le bien-être des lutteurs. “Par exemple, le lutteur Bébé Saloum, pris en flagrant délit avec de faux billets, qui a besoin d’un avocat”.
Dans le cadre des scènes de violence opposant les forces de l’ordre à des jeunes patriotes, le président de l’Association des lutteurs en activité compte identifier et sanctionner les lutteurs licenciés qui se sont ‘’rangés aux côtés des forces de l’ordre”, lors des terribles affrontements successifs. “Les images sont là. Personne ne peut rien nier. Ce gros bras à qui on m’identifie, je le connais. Il a une salle de musculation et il sera conduit en justice’’, assure Gris Bordeaux. Selon lui, l’image de la lutte sénégalaise est salie à cause de ces ‘’nervis’’. Alors que, dit-il, le monde de la lutte, qui est affecté depuis des années, a d’autres préoccupations. ‘’Nous sommes parmi les plus impactés par le coronavirus et un pays pauvre comme le Sénégal doit se poser des questions”, suggère le chef de file de l’écurie Fass qui, très furieux, demande aux politiciens d’épargner les démunis de ces problèmes.
MATAR CISSÉ (STAGIAIRE)