Publié le 2 Jun 2022 - 17:26
AFFAIRE 890 MILLIONS DE FARBA NGOM

Birahime Seck invite le procureur à investiguer sur l’origine de l’argent

 

Le vol de 890 millions de francs CFA au domicile Farba Ngom, Maire de Agnam, fait beaucoup parler, ces derniers temps. Le coordonnateur du Forum civil attend du procureur qu’il demande à l’intéressé l’origine de l’argent. Birahime Seck s’offusque aussi du bâillonnement des corps de contrôle de l’État. Il s’est prononcé, hier, sur ces questions, en marge d’un atelier sur le Code de la publicité, à Saly.

 

Sur le plan de la circulation des devises, le coordonnateur du Forum civil, Birahime Seck, n’est pas du tout rassuré par ce qui se passe au Sénégal.

En effet, à en croire le coordonnateur, le Sénégal est dans la zone grise du Gafi et se trouve menacé par le terrorisme. ‘’Donc, dit-il, le Sénégal doit faire attention sur les aspects qui peuvent être vus comme étant des risques du financement du terrorisme’’. Dans ce sens, il considère qu’il faut qu’on ‘’ait des institutions fortes pour résoudre ces problèmes’’. À ses yeux, ‘’la responsabilité première est celle du gouvernement’’. Birahime Seck considère que, dans ce contexte, on a étouffé totalement la ’’redevabilité’’ au niveau du Sénégal.

C’est pourquoi, concernant l’affaire Farba Ngom, il déclare : ‘’Ce qu’on attendait, ce n’est pas seulement du procureur de la République d’arrêter le présumé voleur des 890 millions, mais également d’appeler la personne concernée pour qu’elle donne l’origine de cette somme. Et elle aura à se justifier.’’ Birahime Seck ajoute, à ce propos, qu’au Sénégal, on a tendance à polémiquer sur les conséquences et à ne pas s’attaquer aux causes. Il rappelle : ‘’Il y a d’autres évènements. Prenons le cas du ministre de l’Intérieur qui a pris un sac d’argent pour l’amener à Touba. Je crois que si nous avions des institutions fortes, le procureur allait s’autosaisir et déclencher une procédure au niveau de la Haute cour de justice pour trouver l’origine de cet argent. Après le ministre de l’Intérieur, vous avez vu un dignitaire donner un milliard de ’hadya’. Si, dans la République, les institutions fonctionnaient, on allait l’appeler pour lui demander l’origine de ce milliard. Et également, les 890 millions dont on dit qu’on aurait trouvés chez monsieur Farba Ngom.’’

Ainsi, le coordonnateur rappelle que le Forum civil travaille pour qu’il y ait une indépendance des corps de contrôle. Mais ‘’aujourd’hui, la Crei est étouffée ; l’IGE nous doit des rapports ; la Cour des comptes nous doit des rapports’’, se désole-t-il. D’ailleurs, il préconise plus de transparence dans la gestion du budget du Sénégal. Il appelle le gouvernement à mettre à plat le budget, pour susciter la discussion autour de la gestion des deniers publics.

‘’Le gouvernement doit mettre le budget sur la table, pour qu’on discute le budget de fonctionnement, le budget du personnel. C’est-à-dire qu’il y ait une cartographie du budget sur le personnel, pour qu’on puisse savoir ce que perçoit, réellement, un député, un conseiller économique, un ministre, un enseignant et quelles sont les indemnités qui tournent autour des agents de l’Administration. Je pense qu’il faut qu’on aille sur cette voie et qu’on parte sur des solutions conjoncturelles, structurelles, mais chirurgicales et voir les niches d’indemnités, les contrats spéciaux et ce que perçoivent réellement les agents de l’Administration’’.

 Pour lui, on nous fait croire que certains budgets, qu’on appelle les ‘’fonds politiques’’, ne font pas l’objet de contrôle. ‘’Je précise que les fonds politiques sont des fonds spéciaux. C'est l’argent du contribuable et doit faire l’objet d’une «redevabilité». C’est le cas des sommes reçues par l’Assemblée nationale, et vous ne verrez jamais le dire. Que ce soit le Conseil économique environnemental, que ce soit les magistrats et surtout, en période électorale, que ce soit le Conseil constitutionnel, la Cour d’appel, ils doivent rendre compte et vous ne verrez jamais un rapport sur ces juridictions. Il faut qu’il y ait une «redevabilité» sur toute la chaîne des dépenses de l’État’’, exige le coordonnateur du Forum civil.  

IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)

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