Publié le 30 Aug 2017 - 14:23
AFFAIRE ASSANE DIOUF

Le procureur prend son temps

 

L’affaire Assane Diouf est loin de connaître son épilogue. Dame justice a choisi d’attendre les prochains jours pour aller à l’assaut du rapatrié le plus populaire du Sénégal.

 

‘’Pour un voleur qui ne peut nullement s’échapper, il n’est point besoin d’interrompre son sommeil’’, dit un proverbe wolof. Cette leçon, l’Etat semble l’avoir bien apprise. En tout cas, dans l’affaire Assane Diouf, il semble avoir choisi cette option, d’après les informations qui nous sont parvenues. En effet, après le rapatriement hier nuit de l’insulteur public, l’Etat  a décidé de le laisser rentrer tranquillement chez lui. Assane Diouf aura ainsi la faculté de retrouver les siens après des années passées hors du territoire national. Contrairement à ce qu’espéraient certains. Mais nos sources renseignent qu’il sera surveillé de très près par la force publique.

 En fait, tout est ici question de méthode. D’une part, l’Etat pouvait choisir la voie de l’auto saisine, c’est-à-dire appréhender le présumé délinquant dès qu’il aurait foulé le tarmac de l’aéroport Léopold Sédar Senghor. D’autre part, laisser les autres victimes faire le boulot à sa place. Apparemment, c’est cette deuxième option qui a été retenue. Assane Diouf rentre donc chez lui pour un séjour qui risque de ne pas durer. En effet, dans les prochains jours, le parquet, sur la base de plaintes de personnes victimes des attaques du présumé délinquant, va mettre en œuvre l’action publique. Et plusieurs chefs d’accusation pèsent sur sa tête. Mais pendant que certains croient qu’Assane Diouf peut s’estimer heureux de pouvoir humer l’air frais de Dakar pour quelques jours, Me Baba Diop, lui, prévient : ‘’Il est dans son intérêt d’être arrêté. Il s’est attaqué à plusieurs personnes et il pourrait y avoir des représailles à son encontre. Pour sa sécurité, la justice devrait l’arrêter.’’ Mais la robe noire ne semble pas avoir été entendue.

Ce que risque Assane Diouf

Offense au chef de l’Etat, injures publiques, diffusions de fausses nouvelles, troubles à l’ordre public, la liste des délits est loin d’être exhaustive. Et s’il n’a vraiment pas de chance, Assane Diouf est cuit. Il n’y aura plus de vidéo. Plus de j’aime. Plus de partage. Le concernant, les spécialistes sont unanimes. Dame justice risque d’être sans pitié. ‘’Il encourt jusqu’à sept ans d’emprisonnement ferme et une amende allant jusqu’à 5 millions F CFA’’, déclare Me Baba Diop. C’est la peine maximum prévue pour le délit d’injures publiques commis à travers internet, selon l’avocat qui ne veut surtout pas entendre parler d’apologie du terrorisme. ‘’Je pense que c’est une farce. Le procureur poursuit sur la base des faits. Je ne vois pas sur quoi il peut se baser en l’espèce pour parler de terrorisme ou d’apologie du terrorisme. Non, Assane Diouf n’est pas un terroriste, si l’on se base uniquement sur ses déclarations’’, détaille-t-il.

En fait, pour avoir la peau de ‘’l’ennemi public’’, le ministre de l’Intérieur, d’après certains médias, avait saisi Interpol en accusant le présumé délinquant dudit crime. D’aucuns se demandent si le procureur ne va pas s’agripper sur la perche pour achever l’homme qui défraie la chronique sur la toile, et qui s’en prend virulemment au président de la République et à plusieurs autres personnalités en des termes inacceptables. Là aussi, les spécialistes ont des appréciations identiques. Ils voient mal comment on pourrait accuser Assane d’actes de terrorisme. ‘’Sous réserve de ce que retiendra le procureur, ajoute Baba Diop, je pense qu’il sera poursuivi au moins pour injures publiques. Car, c’est évident et tout le monde l’a constaté. Eventuellement, il pourrait aussi l’être pour les délits d’offense au chef de l’Etat, diffusion de fausses nouvelles… Mais pas pour apologie du terrorisme quand même’’, se répète-t-il. Pour certains de ces délits, le procureur ne peut s’autosaisir. Il ne peut mettre en œuvre l’action publique que sur la base de plaintes déposées par les victimes. Il en est ainsi des délits de diffamation et de diffusion de fausses nouvelles.

Dans tous les cas, ‘’l’insulteur public’’ est aussi sous le coup des circonstances aggravantes, car ayant commis ses forfaits par le biais d’Internet. C’est la conviction de Me Diop qui s’appuie sur la loi 2008-11 portant sur la cybercriminalité.

Faisant dans la science fiction, un autre avocat qui a préféré garder l’anonymat explique ce que risque Assane, si par extraordinaire, le parquet retient le redoutable chef d’inculpation d’apologie du terrorisme. En pareil cas, les délais prévus pour être assisté d’un avocat, ainsi que ceux relatifs à la garde à vue seront élargis. ‘’Pour la garde à vue, elle est doublée. Elle passe de 4 jours maximum à 8 jours’’. Et ce n’est pas tout. Les pouvoirs des officiers de police judiciaire vont aussi être plus importants. Notre source, même s’il estime qu’il n’y a aucun fait pouvant justifier un tel chef contre Assane Diouf, ne l’exclut pas totalement. ‘’Comme on est au Sénégal, il ne faut jurer de rien. L’Etat, qui a tout fait pour obtenir son rapatriement, peut aussi parler de terrorisme pour le faire chier. L’Etat a même manigancé, juste pour arriver à ses fins’’, argumente-t-il.

Très pessimiste quant à l’avenir de l’insulteur, l’avocat exprime des craintes sur ses futures conditions de détention. ‘’C’est sûr que l’Etat ne lui fera aucun cadeau. Il sera puni sévèrement.  Je me demande même si ses conditions de détention seront normales. Je crains fort que ça ne soit le cas’, vu le forcing de l’Etat. Le régime a vraiment mis le paquet pour l’avoir.’’

Toutefois, l’avocat prévient contre un retournement de situation. Il déclare : ‘’Actuellement, l’Etat a l’opinion avec lui. Mais s’il verse dans l’excès, ça peut se retourner contre lui. C’est pourquoi ils ont intérêt à le traiter comme un détenu normal. Sinon, l’Etat peut passer de la situation de victime à celle de bourreau.’’

 MOR AMAR

 

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