‘’L’Etat nous a trahis’’
Les avocats de l’Etat, dans le procès contre Karim Wade, renfilent leur robe. Leur ‘’réquisitoire’’ est très sévère. Et ce n’est pas contre leur adversaire, mais contre leur propre employeur.
‘’La promesse est une dette’’, dit l’adage. Formalisée dans un contrat, elle tient lieu de loi entre les parties. C’est le Code des obligations civiles et commerciales (COCC) qui en dispose ainsi. Les avocats de l’Etat, dans le procès contre Karim Wade, se l’approprient. Et ils veulent l’imposer au gouvernement qui rechigne à mettre la main à la poche, depuis la fin de ce long procès qui a tenu en haleine toute la République. ‘’Deux ans, c’est trop !’’, dixit cet avocat bouillant de rage. Leur colère noire a été exacerbée par ce qu’ils considèrent comme un ‘’lynchage médiatique’’ orchestré par la puissance publique, depuis quelques jours. ‘’C’est une trahison. Les avocats se sentent trahis. Que ça soit clair. Nous avons signé des conventions en bonne et due forme. L’Etat s’est engagé auprès de chaque avocat de payer 2 % des montants recouvrés. Nous demandons juste le respect de ces conventions’’, peste notre interlocuteur.
L’Etat pris à son propre jeu
Aujourd’hui, Me Papa Moussa Félix Sow et Cie, pour légitimer leur requête, retournent au gouvernement ses propres déclarations. En effet, rappelle notre source qui a préféré garder l’anonymat, en conférence de presse au lendemain du procès de Wade fils, Sidiki Kaba, alors ministre de la Justice, disait que le procès avait rapporté 60 milliards de francs CFA. Quelques mois plus tard, devant les représentants du peuple, au sein de l’Hémicycle, le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan déclarait que le procès avait généré ‘’plus de 50 milliards’’.
Ce qui fait dire à la robe noire que l’Etat a amassé un pactole dans l’affaire Karim Wade. Et il leur refuse des ‘’miettes’’, soit 1,2 milliard pour chacun d’eux. En effet, explique la robe noire, les avocats ne sont pas engagés dans la traque pour l’argent. Sinon, ils auraient demandé un pourcentage beaucoup plus élevé, conformément aux usages. ‘’D’habitude, argue-t-il, un avocat ne réclame pas moins de 20 à 30 %. En demandant 2 %, nous avons fait preuve de patriotisme. On devrait donc nous remercier. C’est mesquin, de leur part, de qualifier notre requête de scandaleux. On veut nous livrer à la vindicte populaire, mais nous ne nous laisserons pas faire’’.
Ainsi, les conseils de l’Etat sont dans tous leurs états. Courroucés contre ce dernier qui les fait courir depuis la fin du procès, mais surtout par la tournure des évènements ces derniers jours. Notre interlocuteur, enragé, fulmine : ‘’C’est comme si nous étions des citrons. Ils veulent nous jeter à la poubelle, après nous avoir pressés.’’
Abdoulaye Wade, ‘’un homme ‘’aigri’’ refusant de voir la vérité en face’’
Par ailleurs, en réponse à Abdoulaye Wade qui les a traités d’escrocs, le ‘’bourreau’’ de Karim soutient que ce n’est ni plus ni moins que les propos d’un homme ‘’aigri’’ refusant de voir la vérité en face. ‘’Son fils a été condamné à tous les niveaux. Ils ont été jusqu’à la Cour suprême et n’ont rien obtenu. C’est normal qu’il se retourne contre les avocats qui l’ont battu partout. Maintenant, si le gouvernement veut se joindre à Abdoulaye Wade pour combattre ses propres avocats, c’est son affaire. Nous ferons face’’.
Déjà, la riposte s’organise. Les défenseurs de l’Etat, dans le procès du fils de l’ancien président, annoncent une rencontre aujourd’hui pour définir leur stratégie et remettre les choses au point.
MOR AMAR