Bâ et Cie risquent la perpétuité
Jugés hier à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar, El Hadj Bâ, Mamadou Wade et Amadou risquent la perpétuité. Accusés des faits d’association de malfaiteurs et de vol en réunion commis la nuit avec violence et usage d’armes, ils seront fixés sur leur sort le 15 février prochain.
La réclusion criminelle à perpétuité ! C’est la peine qu’encourent El Hadj Ba, Mamadou Wade et Amadou Dia. Le substitut du procureur de la République a requis cette peine contre le trio qui faisait face, hier, aux juges de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. Ils ont été jugés pour les chefs d’association de malfaiteurs et de vol en réunion commis la nuit avec violence et usage d’arme.
Les faits ont eu lieu à Tivaouane Peul. Dans leur retraite, ils ont pris la direction de la forêt classée de Mbao. Mais, ils ont été pris en chasse par les populations et arrêtés. Conduits à la police et présentés comme étant ceux qui ont agressé le boutiquier Mamadou Yaya Diallo, ils ont été formellement identifiés par la victime qui déclarait, dans son audition, que c’est vers minuit, au moment où il s’apprêtait à fermer boutique, que les trois gus ont débarqué, armés de coupe-coupe. El Hadj Ba s’est dirigé vers le comptoir pour s’emparer de la recette journalière, pendant que les autres étaient devant la boutique à faire le guet, pour s’assurer que personne ne s’approche des lieux.
Les voisins ont été alertés par les cris de détresse du boutiquier dont l’orteil et le bras avaient sectionnés. Les accusés ont pris la fuite, avant d’être rattrapés dans la forêt classée de Mbao.
Au prétoire, les accusés ont fait de la dénégation leur moyen de défense. À les en croire, ils ont été interpellés à la cité Apix, alors qu’ils se rendaient à un ‘’Thiante’’. Même si, deux d’entre eux, en l’occurrence Mamadou Wade et Amadou Dia, avaient été condamnés dans le passé pour des faits similaires.
Pêcheur de profession, Mamadou Wade explique que le jour des faits, il avait quitté sa maison, à Tivaouane Peulh, pour se rendre à la cité Sapco pour assister à un ‘’Thiante’’. ‘’Lorsque j'ai quitté mon domicile, je suis parti à la rencontre de mes deux amis. C’est en cours de route que des individus nous ont interpellés en nous disant qu'une agression vient de se produire. On nous a ensuite conduits à la boutique avant de demander à la victime s'il nous reconnaissait. En premier lieu, le boutiquier a répondu par la négative, avant de révéler ensuite que nous étions ses agresseurs’’, narre-t-il.
Entendu en qualité de témoin, Souleymane Sané a enfoncé le clou, en déclarant avoir reconnu les accusés. C’est de son balcon, dit-il, qu’il a aperçu El Hadj Ba tenant un couteau. Plus tard, il a été rejoint par ses acolytes, sortis de la boutique. ‘’J'ai sauté du balcon, tout en criant pour ameuter le voisinage. Au cours de la course-poursuite, ils ont pris la direction de la forêt. Pour les appréhender, nous nous sommes séparés en deux groupes’’, témoigne-t-il.
Conforté par ce témoignage, le ministère public a soutenu que les faits sont suffisamment démontrés. Pour lui, l’accusation est fondée, car ils ont mûri leur plan en se donnant rendez-vous en ce lieu. Ainsi, le parquetier a demandé au juge de les retenir dans les liens de la prévention et de les condamner, chacun, à la réclusion criminelle à perpétuité.
Réquisitoire que les conseils de la défense ont jugé très sévère. Pour les robes noires, il n’y a pas suffisamment de preuves dans cette affaire. Par conséquent, elles ont plaidé la relaxe au bénéfice du doute.
L’affaire mise en délibéré, la chambre rendra sa décision le 15 février prochain.
MAGUETTE NDAO