''La communauté mouride, si elle reste soudée, tout peut lui réussir''
Selon le vice-président de la Commission communication du Magal de Touba, ''Touba peut tout réussir, s'il reste soudé et organisé''. Dans cet entretien qu'il a accordé à EnQuête, en prélude au Carrefour culturel du Magal qui s'ouvre samedi à la mosquée Masaalikul Jinaan, Ameth Saloum Dieng revient sur les préparatifs du grand Magal de Touba, prévu le 22 décembre prochain.
Où en êtes-vous avec les préparatifs du grand Magal de Touba?
Nous nous activons à la tâche, depuis plusieurs mois. Vous savez, le Magal est un événement de dimension internationale qui reçoit chaque année des milliers et des milliers de personnes qu'il faut prendre en charge et mettre dans de bonnes conditions. Depuis six ans, nous essayons chaque année de prendre des initiatives au niveau national et international.
Il y a trois ans de cela, dans le cadre des préparatifs, nous avions organisé un grand forum en France et au Canada. L'année dernière, nous l'avions organisé en Espagne. Cette année, nous avons organisé un grand colloque aux États- Unis où nous avons discuté de beaucoup de choses sur la vie et l’œuvre de Serigne Touba. Tout s'est passé entre New York et Washington, sous la présidence du porte-parole du Khalife, Serigne Bass Abdou Khadre qui est le président de la Commission d'organisation du grand Magal de Touba. Il était à la tête d'une forte délégation composée d'une vingtaine de personnes.
Mais qu'avez-vous prévu ici à Dakar?
Comme nous l'avions fait l'année dernière où nous avions organisé un forum sur la contribution du mouridisme dans le développement du Sénégal, cette année, nous avons initié un Carrefour culturel du Magal qui s'ouvre d'ailleurs aujourd'hui à la mosquée Masaalikul Jinaan. Il sera axé sur le thème: ''Cheikh Ahmadou Bamba, une vie au service de l'Islam''. Nous attendons plusieurs chercheurs et intellectuels sénégalais et étrangers qui vont disserter sur la vie et l’œuvre de Serigne Touba, depuis sa naissance jusqu'à sa disparition, en passant par son adolescence, son exil au Gabon, en Mauritanie, etc.
Nous avions l'habitude de faire l'ouverture de ces rencontres au Méridien Président, cette année toutes les activités se dérouleront à Masaalikul Jinaan où nous avons aménagé une tente qui peut recevoir jusqu'à plus 3000 personnes. On a recensé une trentaine de dahiras mourides à qui nous avons donné les moyens nécessaires pour qu'ils sentent leur implication dans le travail en perspective du Magal.
Dans la matinée, il y aura trois ateliers dont un axé sur ''La problématique de la décentralisation : principes et expériences des mourides'', un deuxième sur ''La place du religieux dans la réforme des institutions au Sénégal'' et un troisième atelier qui portera sur ''Assises de l'éducation : quelle place pour les valeurs culturelles et religieuses ?'' Ces ateliers restreints seront animés par des universitaires, des écrivains et des journalistes, dans la matinée. Dans l'après-midi, nous ouvrirons des débats avec tous les foyers religieux du pays.
Le jour du Magal, le dahira Rawdoul Rahim qui regroupe les petits-fils de Serigne Touba va organiser une conférence axée sur la violence notée dans le monde islamique : Causes et moyens de prévention. Il y aura des délégations en provenance de Tchétchénie, Jordanie, Inde, Maroc, Libye, Iran, etc. La rencontre verra également la présence du président de la Fédération des musulmans de la France, du conseiller du président Obama sur la religion islamique, de même que son chargé de mission auprès de la Conférence islamique.
Le but visé est simplement de faire la promotion des valeurs de l'Islam qui est présenté à travers le monde comme une religion de violence, alors qu'il n'en est rien. Cela va permettre aux participants de savoir qui est Serigne Touba et quel est l'impact du mouridisme dans le monde.
Quel apport la communauté mouride peut aujourd'hui amener à la marche du pays?
Nous sommes tous des sénégalais. Nous sommes le peuple, nous sommes l'État. Nous avons tous le droit de donner notre point de vue sur la marche du pays, même si nous ne pouvons rien dicter à l'État. C'est l'implication de tous les citoyens qui fait marcher un pays. Les résultats de ces travaux ne constituent pas d'ailleurs un référendum que nous allons remettre à l'État, mais seront plutôt remis au Khalife qui va décider quoi en faire. Notre mission s'arrête à organiser ces réflexions et à remettre les résolutions qui en découlent entre les mains du Khalife.
L'année dernière, nous avons résumé les résultats du colloque international que nous avions organisé dans un livre que nous avions distribué à tous les participants. Parmi les recommandations que nous avions formulées, il y a la construction d'un institut supérieur de recherche sur le soufisme. Le Khalife a donné l'ordre de le construire aussitôt après la construction de la mosquée Masaalikul Jinaan. C'est dire toute l'importance de ces concertations et cela va pousser les mourides à écrire.
Nous voulons les encourager à écrire parce que nous avons constaté que ce sont les étrangers qui écrivent le plus sur le fondateur du mouridisme et parfois, il peut y avoir des contrevérités. D'où la nécessité d'encourager les Sénégalais qui sont la référence la plus sûre, d'écrire sur Serigne Touba. La communauté mouride, si elle est organisée, elle peut tout réussir dans ce monde.
Y a-t-il des changements dans l'organisation du Magal?
Quelques changements ont été apportés. Nous avions initié l'année dernière une caravane qui a parcouru les différentes régions dans lesquelles Serigne Touba avait été convoqué par le Blanc. Cette année, du 6 au 15 décembre, la caravane ira au nord du pays chez nos parents toucouleurs, vers Guédé, Fouta, Matam, Goudiry. Nous avons décidé de faire des visites de proximité auprès des familles religieuses toucouleurs avec qui nous partageons la religion musulmane.
Cela d'autant que leurs ancêtres ont eu d'excellentes relations avec Serigne Touba. L'année prochaine, nous irons au sud du pays pour montrer que Touba ouvre ses portes à tout le monde, à toutes les familles religieuses. Nous voulons faire en sorte que tous vivent dans l'ambiance du Magal jusqu'au 18 du mois de Safar.
Est-ce qu'aujourd'hui tout est fin prêt pour un bon déroulement du Magal?
Jusque-là, il n'y a aucun manquement dans le dispositif. Nous félicitons d'ailleurs l'État et le Parlement, surtout le président de la République qui a fait du Magal un jour chômé et payé. C'est un point très important que nous avions souligné lors du Crd tenu à Diourbel et au Ministère de l'Intérieur. L'État a respecté ses engagements dans ce sens et nous l'en remercions.
On constate beaucoup d'accidents de circulation pendant le Magal. Avez-vous pris cette année des initiatives pour sensibiliser les populations dans ce sens?
Il y a eu des propositions dans ce sens, pendant nos réunions. Mais, il faut souligner qu'il y a beaucoup d'activités de bénévolat des dahiras pour sensibiliser les fidèles sur les accidents de circulation. Il reste maintenant à conjuguer les différents efforts pour harmoniser davantage les différentes stratégies. C'est pourquoi nous avons décidé de mettre en place une commission dirigée par un coordonnateur général, pour mieux prendre en charge la question.
Pour y arriver, il y aura des points cibles, des spots publicitaires qui seront diffusés dans les médias et plein d'autres activités. Nous avons décidé de privilégier la communication et la sensibilisation. Si à La Mecque, il y a plus de monde et moins d'accidents, c'est parce qu'il y a une organisation en amont. Il va falloir qu'on aille dans le sens de cette organisation pour réduire les difficultés que les fidèles rencontrent dans la circulation routière.
ASSANE MBAYE