Officiellement, c’est une réorganisation du sectionnement. Mais dans les faits, Dakar dem dikk a opéré une hausse sur ses tarifs, notamment en banlieue. La hausse varie entre 25 et 50 F CFA.

Samba Sène prend tous les jours la ligne 219 de la société de transport public Dakar Dem Dikk pour se rendre à son lieu de travail. Du rond-point ‘’Case-ba’’ à Ouakam, il payait habituellement 175 F.  Hier, il a donné 200 F au receveur qui devait lui rendre sa monnaie, mais il n’a rien reçu. N’eût été par la suite la scène à laquelle il a assisté, il n’aurait pas compris ce qui s’est réellement passé. ‘’Quand je n’ai pas reçu mes 25 F, je me suis dit que ce n’était pas grave. Certainement, il n’avait pas de monnaie. Mais un autre passager qui a pris le bus au même lieu lui a tendu 150. Le receveur lui a fait comprendre qu’il devait payer 200 F’’, raconte-t-il. Une tarification qu’il a du mal à comprendre au vu des disparités. ‘‘De ce fait, un passager qui quitte le rond-point ‘’Case ba’’ pour rallier Ouakam paye le même tarif qu’un autre qui s’arrête à Sacré-Cœur et ayant le même point de départ, c’est inadmissible’’, s’exclame-t-il.

Alboury Guèye est un autre usager de la ligne 219. Vendredi dernier, il a vécu la même mésaventure. ‘‘J’ai tendu les 175 F CFA au receveur qui m’a dit que c’était 200 F, j’ai rechigné. Il m’a demandé de payer ou de descendre, j’ai choisi la deuxième option.’’ Pensant qu’il avait juste affaire à un receveur discourtois, il s’est mis au prochain arrêt, attendant un autre bus de la même ligne. Mais grande fut sa surprise quand le receveur du deuxième bus lui a répété la même  chose ‘‘avec la même outrecuidance que le premier’’.

Le comportement du receveur est aussi déploré par Samba Sène. En fait, lorsqu’il a vu ce qui s’est passé, il a essayé de s’informer. Mais il va se heurter à une carpe. ‘’Le gars n’a même pas daigné répondre. Il a fait preuve d’une arrogance inouïe’’, se désole-t-il. Nos interlocuteurs se demandent même depuis quand les receveurs de DDD, connus d’habitude par leur respect vis-à-vis du passager, ont commencé à se comporter de la sorte.

Alboury Guèye lui, n’écarte pas la possibilité de boycotter les bus. Il pense que c’est une décision qui peut être lourde de conséquence pour la société. ‘’Ils ne se doutent pas que les Sénégalais les avaient choisis pour cette différence de 25 ou 50 F CFA. Ils risquent de plomber leur business.’’

Les sous-sections sont la source des incompréhensions

Des explications obtenues, il ressort que c’est un subterfuge de Dakar dem dikk pour augmenter ses tarifs dans la banlieue, et même au-delà. Mais la société ne veut pas qu’on parle de hausse. ‘‘Les tarifs n’ont pas été augmentés. A la société, on s’est rendu compte que les sections de 150 F CFA  étaient longues. Nous avons pris l’initiative de les réduire. Ainsi, une section est divisée en deux sous-sections et chaque sous-section est facturée à 100 F CFA’’, explique une source. Autrement dit, là où un passager devait payer 150, il va désormais débourser 200 F. Cet interlocuteur qui parle ‘’d’incompréhension des Sénégalais sur cette nouvelle stratégie de Dakar Dem Dikk’’ révèle que la mesure concerne pour la plupart les lignes de la banlieue.

Un travailleur ayant requis l’anonymat essaie de s’expliquer. ‘‘Nous nous tuons à l’expliquer aux clients, mais si nous voulons expliquer la situation à chacun des passagers, nous serons exténués ; ce qui fait que certains deviennent désagréables avec ceux qui ne semblent pas satisfaits’’, tempère-t-il.

Idrissa Diop, contrôleur de réseau, persiste sur le fait qu’il n’y a pas d’augmentation sur les tarifs. ‘‘Je suis contrôleur depuis 2005 et je peux dire tout haut qu’il n’y a pas de hausse des tarifs’’. Cet interlocuteur tient absolument à ce que sa version soit la seule : ‘‘c’est une explication très technique, retenez qu’il y a eu une réorganisation du sectionnement’’. Du jeu de mots !

Au-delà de l’augmentation, les usagers se plaignent surtout de l’absence de communication. Alboury Guèye soutient que dans le bus où il était, les passagers se plaignaient du fait que la société n’avait pas avisé. ‘’Ils disaient qu’une entreprise comme DDD ne peut pas se permettre de prendre certaines décisions sans en informer sa clientèle. C’est irrespectueux.’’ Il faut dire que la société l’a fait à dessein. Des receveurs interpellés sur le terrain ont refusé de répondre. Certains ont fini par lever le lièvre.  ‘‘Il nous a été défendu de parler à la presse sur cette question, les clients sont les seuls que nous devons informer. C’est un secret interne’’, confie un agent de DDD avec  un sourire.

Il est à noter que le directeur de la société, Me Moussa Diop, n’a jamais caché son intention d’augmenter les tarifs. Mais il y a eu refus au plus haut niveau. Apparemment, l’idée n’a pas été enterrée. On veut la matérialiser sous d’autres formes. D’où le refus de communiquer. EnQuête a contacté la Direction générale qui avait promis d’y revenir. Sa réponse ne nous est toujours pas parvenue.   

DIERY DIAGNE (stagiaire)