Publié le 4 Feb 2015 - 22:07
AUGUSTIN SENGHOR, PRESIDENT DE LA FSF

‘’Les gens savent partager les victoires mais pas les échecs’’

 

En marge de la réunion, hier, du Comité exécutif de la Fédération sénégalaise de football (FSF), son président Augustin Senghor s’est exprimé à propos des déclarations de ses détracteurs qui exigent sa démission.

 

‘’C’est la stigmatisation à l’extrême’’

‘’Très souvent, il y a beaucoup de débordements après les éliminations. Ce qui me paraît logique. En Afrique, cela arrive très souvent. Et au Sénégal, plus particulièrement, on sait la passion qui habite les Sénégalais. Aussi, le fait d’être sevré depuis les indépendances de résultats à la hauteur des espoirs que suscitent notre football et nos joueurs fait que, après les éliminations, il y ait beaucoup de récriminations et de complaintes. Nous les acceptons et supportons puisque nous sommes dans l’action. Le droit à la critique appartient à l’ensemble des Sénégalais. Je ne me contente pas de dire que j’ai l’obligation d’accepter la critique. Je revendique le droit d’être critiqué. C’est de cette façon que nous pourrons avancer, étant entendu que critique ne rime pas avec ce que nous voyons malheureusement sur certaines places, certaines chaînes de télé ou radios. Je suis obligé d’en parler parce que nous sommes aussi des responsables dans ce pays. Nous avons des obligations vis-à-vis de la nation que nous nous évertuons à exécuter.

Nous nous investissons à fond et de la manière la plus bénévole possible. Si nous avions gagné la coupe, il n’y aurait aucune ligne de crédit qui prévoit qu’un fédéral soit primé. Les gens l’oublient toujours. Notre plus grand souhait aurait été que nos efforts soient primés par une victoire. Je laisse aux gens la liberté de nous critiquer. Ils doivent le faire. Mais il y a des limites à ne pas franchir. Quand nous voyons des gens aller jusqu'à stigmatiser, nous nous demandons dans quel pays nous sommes. Nous nous inquiétons aussi pour notre pays. Les enjeux du football ne peuvent pas justifier certaines déclarations choquantes. Quand on est mère ou père de famille devant sa télé et que certaines personnes se permettent de dire que telle personne doit partir parce qu’elle n’a pas de chance, c’est la stigmatisation à l’extrême. C’est très grave. Chacun a son histoire et son cursus. Ma chance, je ne l’ai pas attendu dans le football. Je sais où je suis né et où j’ai grandi. Mon parcours n’est pas fait d’échecs. Loin de là. Je suis fier de mon cursus.

Tout le monde ne peut pas en dire autant. Je ne suis pas là parce que je me nomme Senghor ou parce que je suis le fils ou le frère d’un grand chanteur. On ne m’a jamais présenté dans toutes mes responsabilités comme étant le petit-fils de Léopold Senghor. Je ne l’ai jamais revendiqué. Partout où j’ai été, on m’a respecté sur la base du travail et de la réussite. C’est ce que je connais et c’est comme ça qu’on m’a éduqué. Je ne connais pas la chance. Quand j’ai un succès, je ne m’enflamme pas. De la même manière, quand je perds, je l’assume et je m’en remets au Bon Dieu. Il faut que les Sénégalais sachent que ce n’est pas parce qu’on a l’opportunité de s’asseoir devant une camera qu’on doit se permettre d’attaquer les gens dans leur chair.

‘’Le Sénégal verra dans le futur tout ce qui a été réalisé’’

Qu’on parte demain ou qu’on reste jusqu'à la fin de notre mandat, le Sénégal verra dans le futur tout ce qui a été réalisé par notre fédération. Ce que nous continuerons à faire grâce à Dieu et si on nous laisse travailler. Même si on avait envie de démissionner, non pas parce nous n’avons pas rempli notre devoir, mais parce que nous pouvions être dégoûtés par la méchanceté que nous constatons dans les déclarations ou même à l’interne par l’hypocrisie ambiante. Car les gens savent partager les victoires mais pas les échecs. Aujourd’hui, nous demandons si c’est le moment de partir. Parce qu’on ne peut pas être responsable d’un football qui doit accueillir un événement comme la CAN U20 dans un mois et se défiler parce qu’on n’a pas pu qualifier une équipe nationale qu’on a poussée à une reconnaissance qui lui a valu la confiance de tous. Et tout le monde l’a reconnu et dit, ce groupe a un avenir tout tracé.’’

Bilan CAN 2015 et perspectives

La CAN en Guinée Equatoriale s’est malheureusement terminée au premier tour. Nous n’avons pas pu accéder aux quarts de finale qui étaient l’objectif minimum retenu par la fédération, malgré la difficulté de la poule et le fait que nous sortions d’une CAN ratée en 2012 et d’une absence en 2013. On s’y est essayé. Au début, ça a été avec beaucoup de bonheur grâce à une victoire d’entrée contre le Ghana (2-1). A la surprise générale, au soir du 3e match, nous n’avons pas su gagner ou prendre le point qui nous aurait qualifiés. Ce qui a créé beaucoup de désordre au sein de la Tanière, de la fédération et des autorités qui accompagnaient l’équipe mais surtout dans le cœur de tous les Sénégalais. Nous avons été très meurtris parce que nous savions qu’il y avait beaucoup d’attentes. Dans l’ensemble, tout s’est bien passé durant la préparation de la CAN.

‘’Tout n’a pas été parfait’’

La seule petite difficulté, c’est le retard occasionné sur le vol entre El Jadida (Maroc) et Mongomo. Grâce aux voyages de prospections, nous avons pu avoir un site d’hébergement de qualité, là où on s’attendait au pire. Par rapport aux aspects techniques, autant il y a eu de la maîtrise lors des éliminatoires et de la préparation, autant il a été constaté par le directeur technique national (DTN) des manquements qui nous ont valu l’échec.

Même les non-avertis ont pu constater que les changements de coaching, à partir de la seconde rencontre (contre l’Afrique du Sud), nous ont menés petit à petit vers l’élimination. Le DTN a eu à faire des propositions allant dans le sens de recruter dans les meilleurs délais un entraîneur puisque le groupe doit être conservé. Dans la gestion de l’environnement de l’équipe et d’organisation, il faut dire que tout n’a pas été parfait. Il y a eu des manquements, des failles qui ont fait que certaines choses se sont passées. En termes de communication, il y a eu des manquements sous l’aspect des choix de l’entraîneur, notamment lors du 2e match.

Ce n’est pas le rôle de la fédération, après avoir engagé un sélectionneur, de se substituer à lui. Mais nous avons aussi un devoir d’information. Nous avons aussi un DTN qui aurait pu jouer un rôle d’alerte. A ce niveau-là, nous avons pris notre responsabilité et l’avons assumée. Il ne faut pas faire porter le chapeau à Giresse tout seul parce qu’il n’est plus là. Nous avons tous été témoin à chaque veille de match, des discussions avec ses adjoints sur les classements et autres stratégies de jeu. Et chaque jour de match, il y a eu réunion technique pour préparer la liste des joueurs.

La CAN U20

L’équipe U20 du Sénégal a disputé 18 matches amicaux dans le cadre de la préparation du tournoi. Depuis la période de la CAN, le coach Joseph Koto était en tournée en Europe pour voir les joueurs pressentis pour venir renforcer le groupe. Nous avons voulu travailler avec des éléments maîtrisables, constitués de joueurs locaux pour valider le travail qui est en train d’être fait depuis des années avec la petite catégorie avec des championnats réguliers. A partir du 9 février, l’équipe entrera en regroupement à Toubab Dialaw jusqu’au début du tournoi.

A partir du 23, ils rejoindront Dakar pour mieux se familiariser avec la pelouse du stade Léopold Sédar Senghor. Pour les motiver, les joueurs recevront des primes durant toute la durée du regroupement. Les salaires des entraîneurs de cette équipe seront pris en charge par la fédération jusqu'à la fin du tournoi et même au Mondial junior en septembre, si Dieu le veut. Ceux-ci n’ont pas pu être payés à temps à cause de problèmes de contrats ou de lenteurs dans les paiements.

2 500 000 F CFA à AS Pikine et Olympique de Ngor

Nous avons parlé de l’entrée en compétition africaine de nos clubs (Ligue des champion pour AS Pikine et Coupe de la Caf pour Olympique de Ngor). C’est dommage, la CAN les a empêchés de continuer sur leur lancée. Mais ils vont s’y mettre avec la reprise du championnat, ce week-end. Nous avons décidé d’allouer 2 500 000 F Cfa à chaque club pour le premier tour des préliminaires. Nous mettrons également à leur disposition le bus de 40 places de l’équipe nationale à chaque fois qu’ils recevront à Dakar. Nous ne ménagerons aucun effort pour les mettre dans de bonnes conditions.’’

LOUIS GEORGES DIATTA

 
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