Abdoulaye Ndiaye ouvre le feu sur le vigile Pape Lassou Faye
Abdoulaye Ndiaye a été appelé, hier, à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. L’accusé devait répondre des chefs d’association de malfaiteurs, de vol commis la nuit avec effraction, usage d’arme et de tentative de meurtre.
Quand on est amoureux, on est prêt à décrocher la lune pour sa bien-aimée. C’est le cas d’Abdoulaye Ndiaye qui, pour faire plaisir à sa dulcinée, a opté pour le cambriolage. En effet, voulant coûte que coûte subvenir aux besoins de sa femme, le mécanicien a fomenté le coup de cambrioler nuitamment une boutique. Mais au moment de mettre à exécution son plan, il a été arrêté et envoyé en prison.
Les faits pour lesquels Abdoulaye Ndiaye comparaissait hier, à la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar, se sont déroulés dans la nuit du 2 au 3 mai 2019, à la rue Tolbiac. Selon le vigile Pape Lassou Faye, qui assurait la garde du magasin, il a remarqué, cette nuit-là, la présence suspecte d’Abdoulaye Ndiaye. Il portait un sac qui a éveillé ses soupçons. Il en a déduit qu’il ne vaquait pas à ses occupations, à cette heure tardive. C’est ainsi qu’il l’a suivi. Une fois devant la boutique, l’accusé s’est mis à genoux devant le portail, avant de sortir une cisaille de son sac pour faire sauter le cadenas.
Naturellement, Pape Lassou Faye l’a sommé d’arrêter. Mais Abdoulaye a sorti un revolver et menacé de tirer sur lui, s’il s’approchait. Le vigile est revenu sur ses pas pour prendre un coupe-coupe. Se sentant défié, Abdoulaye a joint l’acte à la parole et a tiré sur lui. L’ayant raté, il a tenté de prendre la fuite. Malheureusement pour lui, il a été alpagué et tenu en respect par les autres agents de sécurité. Un agent de la police centrale est tombé sur la scène et l'a conduit dans les locaux du commissariat.
L’enquête a révélé que le mécanicien n’en était pas à son coup d’essai. Qu’il avait été l’auteur de plusieurs autres vols en réunion avec des comparses. Les investigations ont aussi montré que la bande avait réussi à soustraire frauduleusement des numéraires et beaucoup d’autres matériels. Poursuivant ses aveux, il soutenait avoir perpétré de nombreux vols à l’arraché, à bord d’un scooter, en compagnie de son acolyte Wagane Faye.
Toutes les personnes citées ont été cueillies. Mais elles ont toutes nié. Elles ont bénéficié d’une liberté, car les accusations d’Abdoulaye n’étaient pas fondées. La preuve : l’un d’entre eux était en prison, au moment des faits.
Hier, devant le juge, Abdoulaye Ndiaye a varié dans ses déclarations. La seule infraction qu’il a reconnue est celle de tentative de vol. À l’en croire, il avait quitté les HLM dans l’intention de voler en ville. Ainsi, il a pris un taxi et est tombé sur la boutique de Kosso Mbacké qu’il a ciblée. Interrogé sur l’arme, il a rétorqué n’avoir jamais utilisé de pistolet pour tirer sur Lassou Faye. S’agissant des personnes qu’il avait citées lors de son audition, l’accusé a révélé avoir donné leurs noms, juste pour échapper aux tortures infligées par les flics. Ensuite, il a donné les raisons de ses agissements délictuels : il voulait tout simplement satisfaire son épouse cupide.
Mais les dénégations de l’accusé n’ont pas totalement convaincu le maître des poursuites qui a requis la peine de 10 ans de réclusion criminelle. Par contre, il a demandé qu’il soit acquitté pour les faits d’association de malfaiteurs et de tentative de meurtre, puisque les preuves ne sont pas réunies pour asseoir ces faits.
En revanche, le parquetier a demandé au juge de le reconnaître coupable des faits de tentative de vol, car n’eût été la présence dissuasive du vigile, il allait perpétrer son plan. Aussi, disqualifier le port d'arme en usage d’arme, parce que, justifie-t-il, si l’arme n’avait pas été utilisée, les douilles ne seraient pas ramassées sur les lieux des faits.
À leur tour, les conseils de la défense ont sollicité une application bienveillante de la loi pénale.
Les débats clos, l’affaire est mise en délibéré au 16 février prochain.
MAGUETTE NDAO