Publié le 14 Jan 2022 - 20:45
CAMPAGNE ELECTORALE A MATAM

Les bonnes affaires des mécaniciens et des pompistes

 

La campagne électorale a officiellement démarré le 8 janvier et se poursuivra jusqu'au 21 courant. Une période durant laquelle les responsables politiques rivalisent de moyens pour rafler la mise électorale. Un ballet de véhicules qui fait un grand bien aux mécaniciens et aux gérants de station d'essence. Une véritable embellie financière pour les deux secteurs.

 

Sixième jour de campagne dans la région de Matam. La ville de Ourossogui, poumon économique de la zone, voit son économie tourner à plein régime. Il est 11 h 13. Le soleil d'hiver n’y fait rien ; la température affiche les 34°. Mais on est bien loin des moyennes en période de canicule. Dans un atelier de mécaniciens situé à près de 600 m sur la route nationale en direction de Saint-Louis, des véhicules 4x4, des pick-up et un minicar portant tous des effigies de candidats, sont stationnés sous un grand arbre aux feuillages bien clairsemés.

Le capot du 4x4 soulevé, un jeune mécanicien, la quinzaine, est absorbé par sa tâche. Il n'a pas remarqué notre présence. Il répond aux salutations sans daigner voir le visage de son interlocuteur. Il doit réparer le démarreur. Cela fait plus de 30 minutes qu'il tente de résoudre le problème. Son patron, Khadim, sous une voiture, n’arrête pas de lui crier de se dépêcher. Cet atelier est l'un des plus réputés de la ville-carrefour. La preuve : les apprentis mécaniciens sont tous occupés. Au nombre de quatre, ils sont tous les trois sur une voiture, alors que le plus petit, environ 11 ans, est à côté du patron.

‘’Je n'ai vraiment pas le temps de vous parler. Vous voyez bien que je suis pris. Si vous voulez bien revenir une autre fois’’, lance-t-il. Devant notre insistance, il finit par avouer que depuis que la campagne électorale a démarré, il est submergé. ‘’Je rends grâce à Dieu. Ça se passe vraiment bien pour nous, constate le patron originaire de Louga. En temps normal, il y a toujours du travail dans cet atelier, c’est surtout dû à la bonne réputation que nous avons. Nous maîtrisons ce que nous faisons et nous le disons avec beaucoup de modestie. Mais je dois avouer que depuis que la campagne a commencé, nous n'avons plus de répit. Nous travaillons toute la journée. Parfois, je rentre chez moi au-delà de minuit pour revenir à 8 h’’, fait-il savoir.

 

‘’Je récolte près de 100 000 F certains jours’’

C’est donc une période florissante pour cet homme d’une quarantaine d’années, marié et père de quatre bouts de bois de Dieu. ‘’Je ne peux pas vous dire exactement combien je gagne par jour, mais je peux vous dire que c’est une période faste pour nous autres mécaniciens. En tout cas pour moi, personnellement. Vous savez qu’avec les élections qui approchent, tous les responsables politiques sont revenus. Ils ont apporté beaucoup de véhicules et avec les tournées qu’ils effectuent, surtout dans les villages et les hameaux, c'est compliqué pour certaines voitures peu adaptées. C’est ce qui explique ce flux de voitures à réparer’’, explique-t-il.

Dans un autre atelier niché tout près de la grande antenne de la RTS, Moussa Matam est aux anges. D'habitude, son garage n'est pas très bien fréquenté. Son enclavement y est sûrement pour beaucoup. ‘’Franchement, cette campagne fait vraiment notre affaire. Il y a des voitures à réparer tout le temps. Au minimum, je répare sept voitures avec de petites pannes. Si la panne est assez compliquée, ça me prend plus de temps. Ce que j'aime vraiment avec ces dépannages, c’est que les propriétaires ne marchandent pas. Pour une petite panne, je facture entre 10 et 15 mille. Parfois, je rentre avec pas moins de 100 mille francs. Une somme impossible à avoir ici en temps normal. On doit organiser des élections tous les ans, ce serait parfait’’, sourit-il.

Les voitures font le plein de carburant et payent cash

A côté des mécaniciens, les pompistes ont aussi plus de travail qu’à l’accoutumée. C'est un défilé sans cesse auquel ils assistent, depuis un peu moins d'une semaine. A la station Total du carrefour, le pompiste en faction, de grande taille, casquette bien vissée sur la tête, nous livre quelques secrets. ‘’Ce n'est pas à moi de vous dire combien nous récoltons par jour, depuis l'ouverture de la campagne. Nous sommes deux aujourd’hui et chacun gère sa pompe. C'est vrai que ces jours-ci, avec les politiciens, la plupart font le plein. Certains payent cash, d'autres viennent avec des bons. J’encaisse jusqu’à une certaine somme approchant le million et je vais la déposer auprès du chef de station. C’est quasiment du non-stop, pour être franc’’, dit-il sans décliner son identité.

Son chef est dans un bureau climatisé ; il supervise tout à travers une vitre. Il nous a sûrement vus venir. Avec beaucoup de calme, il nous reçoit avec courtoisie. De teint noir un peu foncé, il parait moins jeune que son âge et reconnait une conséquente rentrée de fonds. Ses finances sont florissantes, mais pas de chiffres. ‘’L'argent aime la discrétion’’, souffle-t-il dans un sourire. Sans révéler le montant exact de son chiffre d'affaires au quotidien, il reconnait tout de même que sa réserve est quasiment épuisée. ‘’Avec les caravanes et les tournées, nous avons écoulé beaucoup de litres. D’ailleurs, le camion-citerne qui doit nous ravitailler est en route. Il doit arriver demain au petit matin. S'il accuse un retard, nous serons en rupture. Ce qui serait préjudiciable pour les déplacements incessants des politiciens. En temps normal, nous mettons parfois quasiment un mois pour faire venir le camion-ravitailleur. Cette région n'est pas une localité où il existe un surnombre de voitures. Les quelques véhicules qu’il y a ne font quasiment jamais le plein, à moins que ce soit les voitures de service’’, explique le patron.

Avec les moyens colossaux déployés par les candidats, notamment ceux de la coalition Benno Bokk Yaakaar, les voitures sont prises en location durant toute la campagne à de très intéressants tarifs pour les chauffeurs. Une aubaine aussi pour les mécaniciens et les gérants de station.

DJIBRIL BA (MATAM)

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