La rébellion s’organise
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La trêve internationale débute la semaine prochaine et de nombreux clubs français ont annoncé leur intention de retenir leurs joueurs africains sélectionnés, en raison de la septaine sanitaire imposée à leur retour. Cette décision de la Ligue française de football professionnel (LFP) ne passe pas.
En France, toute personne arrivant d’un pays hors de l’espace européen doit observer une période d’isolement de sept jours. Cette mesure prise à cause de la Covid-19, pousse les clubs français de la Ligue 1 et de la Ligue 2 à ne pas vouloir libérer leurs internationaux concernés, pendant la trêve de mars. Une première dans l’histoire du football et un coup dur pour les sélections africaines qui joueront les éliminatoires de la Can-2022 au Cameroun.
En effet, selon les règles établies par la Fifa, les clubs n’ont pas le droit de retenir leurs joueurs sélectionnés pour une rencontre internationale. Mais l’organisation faîtière du football, dans un communiqué, en raison de la Covid-19, a donné la possibilité aux clubs européens de ne pas libérer leurs internationaux hors Union européenne.
La Fédération sénégalaise de football (FSF) par le truchement d’une lettre adressée à la Fifa, demande une intervention pour la libération des 12 joueurs évoluant en France et sélectionnés par Aliou Cissé. ‘’Avec le préjudice que cela risque de causer à notre association nationale, avec la non-participation de 12 joueurs importants aux deux matches, il nous semble opportun de mettre en exergue le caractère totalement discriminatoire’’ de cette décision, fait savoir la FSF. Même si le directeur technique national Mayacine Mar dit comprendre l’opposition des clubs français à la libération des joueurs. ‘’Je comprends les clubs, car il y a des matchs importants qui les concernent et certains clubs comptent 5, 6, voire 8 joueurs internationaux’’, a-t-il réagi.
Dijon et le FC Metz avaient déjà exprimé, par voie de presse, leur refus de libérer leurs internationaux, avant que Lille, actuel leader de la Ligue 1 française, se prononce, à son tour, à travers un courrier envoyé aux fédérations (de ses internationaux) pour leur expliquer également son refus de libérer les joueurs.
‘’Une discrimination sportive’’
Si Mayacine Mar se montre compréhensif, ce n’est pas le cas de certains techniciens dont les sélections jouent leur survie. Le coach de l’équipe nationale du Maroc, Vahid Halihodzic, parle d’une ‘’discrimination sportive’’. A ses yeux, ‘’aucun club ne peut empêcher un joueur de venir représenter son pays. C’est injuste et presque immoral. Je sais qu’ils mettent la pression. Pourquoi ce problème n’est qu’avec l’Afrique ? Je n’aime pas cette discrimination. Je ne punirai pas mes joueurs’’, prévient-il.
En effet, le technicien a fait appel à ses cadres tels qu’Hakim Ziyech, Yassine Bounou ou Sofyan. ‘’J’espère, poursuit-il, que tous mes collègues des sélections africaines vont montrer leur mécontentement total. J’appelle les joueurs africains à être sensibles à ce que j’appelle une discrimination sportive’’.
De même, l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP) dans un communiqué, insiste sur la nécessité, pour l’Etat français, d’accorder la même dérogation à l’ensemble des joueurs. ‘’Ces décisions témoignent aujourd’hui d’une discrimination que l’Etat français ne peut continuer à porter et dont il doit, au contraire, se départir dans les plus brefs délais’’, déplore l’union.
Devant cet état de fait, l’entraineur du Stade Rennais, Bruno Génésio, pense que la meilleure solution est de reporter les matches de championnat, en Europe, après la trêve, pour que les joueurs puissent partir en sélection. ‘’Je ne vois pas pourquoi les internationaux français pourraient partir en sélection et pas les Africains. Je ne trouve pas ça logique, ni correct‘’, dit-il.
Matar Cissé (stagiaire)