Les tuniques ‘’rétro’’ 2002 ont la grosse cote
En cette période de Coupe d’Afrique des nations (Can), les supporters se mettent aux couleurs de l’équipe nationale. Grâce à cet élan patriotique également, les vendeurs de maillots, dans l'ensemble, arrivent à décrocher le jackpot.
En ce dernier week-end avant le coup d’envoi de la Can au Cameroun, Sandaga ne désemplit pas. Les derniers supporters soucieux de se parer aux couleurs de l’équipe nationale viennent se servir avant l’entrée en lice des Lions, prévue ce lundi à 13 h GMT. Sur cette place emblématique de Dakar, le vert, le jaune, le rouge et le blanc dament le pion aux autres couleurs. La tunique de l’équipe du Sénégal est quasiment l’unique vedette du marché.
Mais parmi la gamme d’équipements proposée aux fans, le maillot de l’épopée 2002 des Diouf, Fadiga, Henri Camara et compagnie est le plus prisé. ‘’Cette année, les maillots rétro (2002) sont particulièrement à la mode’’, constate Moustapha, un des nombreux vendeurs de ce type de vêtement. Le commerçant tente même d’expliquer cette ruée vers cet habit assez atypique : ‘’Il faut reconnaître que ces tuniques sont quand même beaucoup plus originales que tout ce qui a suivi depuis cette époque. C’est la raison pour laquelle les fans n’hésitent pas à jeter leur dévolu sur elles.’’
A l’instar de Moustapha, beaucoup d’autres jeunes s’adonnent à ce genre de business. Si d’aucuns entreprennent par vocation, d’autres ne sont là que pour profiter de l’occasion offerte par la forte demande. ‘’En temps normal, je ne vends pas de maillots, mais l’opportunité est trop belle pour que je n’essaye pas d’en profiter’’, déclare Ndiaga, un ‘’vendeur de maillots du dimanche’’, lui-même vêtu du n°10 de Sadio Mané.
Toujours dans ce chaud marché Sandaga, quelques rares commerçants ne parviennent pas à réaliser les mêmes bénéfices que leurs confrères. La chance ne semble pas sourire à tous ou sinon de la même façon. ‘’Si j’ose me permettre la comparaison, à la dernière Can, en Egypte, les affaires marchaient beaucoup mieux. J’avais un meilleur chiffre d'affaires’’, constate ce vendeur qui a préféré garder l’anonymat. Ce dernier a d’ailleurs voulu expliquer cette mévente à laquelle il est confronté pour le moment. ‘’Cette situation s’explique peut-être par le fait que les Sénégalais ont préféré supporter avec leurs anciens maillots. Car après tout, 2018 et 2019, nous avons pris part successivement à un Mondial et à une Coupe d’Afrique des nations. Ça en fait, mine de rien, un sacré lot de maillots’’, constate-t-il avec une dose de lucidité. Le vendeur espère tout de même écouler plus de marchandises à partir de la phase à élimination directe.
Le flocage ‘’marche très bien’’
A côté des commerçants de maillots, nous avons ceux qui s’occupent d’inscrire les noms et numéros. Ces acteurs des chiffres et des lettres apportent un peu cette touche finale à l’équipement. Ici également, les bénéfices sont loin d’être négligeables. Autrement dit, face au bilan mitigé des vendeurs de maillots, ceux qui se chargent du flocage, eux, se frottent vraiment les mains. ‘’Les affaires marchent très bien’’, déclare Khamza, gérant d’une boîte de flocage. Cet ancien étudiant de l'Ucad a aussi son mot par rapport à cette préférence des maillots de la génération 2002. "Les maillots que propose Puma dénotent un certain stéréotype. Le retour du modèle old-school permet une certaine démarcation de style. C'était déjà à la mode, mais cette Can permettra d'en commercialiser encore beaucoup plus", analyse Khamza. Le jeune entrepreneur avoue aussi avoir étendu son business à la vente de maillots à l’occasion du tournoi camerounais. ‘’Notre spécialité, c’est le flocage de maillots et d’autres habits. Mais en cette Can, nous vendons aussi les tuniques de l’équipe nationale. Cette approche nous permet d’élargir nos services et de surcroît multiplier les revenus de l’entreprise’’, admet-il.
Dans un espace beaucoup plus conséquent que son confrère, Samba Ndiaye, qui a élu domicile dans le quartier de Fass, mène aussi ce même business qui, encore une fois, rapporte gros en cette période de compétition. Certains clients assis, d’autres debout, attendent patiemment de recevoir leur sésame. ‘’Ce serait vous mentir si je vous disais que les affaires ne marchent pas en ce moment’’, affirme M. Ndiaye, sourire aux lèvres, comme pour confirmer ses dires. Pour corroborer ses propos, il ajoute : ‘’Voyez par vous-mêmes, nous sommes débordés, les supporters n’arrêtent pas d’affluer.’’
Les maillots de l’équipe, les rétros en particulier, s’arrachent comme de petits pains, avec cette envie de personnaliser les tuniques, pour certains, d’autres jeunes Sénégalais parviennent à tirer leur épingle du jeu. Telle une chaîne, chacun en profite et joue son rôle pour permettre aux supporters de porter fièrement les couleurs des Lions.
MAMADOU DIOP (STAGIAIRE)