‘’Il faut continuer à travailler et être humble’’
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Arrivé sur le banc du Jaraaf en mars dernier, le coach Cheikh Guèye a pris ses marques dans cette compétition africaine. Après la victoire qualificative de son équipe en quarts de finale de la Coupe Caf, le technicien sénégalais tire les enseignements du match.
‘’L’équipe adverse nous a bien visionnés. Et elle savait que le Jaraaf avait un très bon milieu. Ils savaient qu’ils ne pouvaient pas passer par ce secteur. Ce qu’ils ont fait, c’est de changer de système. Cette équipe a joué en 3-4-3. L’objectif, c’était d’avoir la supériorité numérique sur les côtés. Et nous, en sachant cela, dès les cinq premières minutes, on a demandé à notre ligne d’attaque de laisser les trois axes libres et de fermer les couloirs. C’est pourquoi on a reculé dans les premières minutes. C’était pour ne pas avoir d'infériorité numérique sur les couloirs. C’est ce qui a fait que l’adversaire n’a plus eu d’idées. Et on a déroulé notre jeu. On a marqué un but et, en seconde mi-temps, on a essayé de conserver ce score, en tenant le ballon. Par chance, l’équipe adverse a joué en infériorité numérique et les joueurs ont commencé à balancer les balles, et on a gagné les deuxièmes ballons.’’
Préparation psychologique
‘’A la mi-temps, on a dit aux joueurs que nous sommes à 45 minutes de faire l’histoire dans ce football sénégalais, dans ce football local. Même avant cela, les joueurs l’avaient compris. On a fait un travail de gestion des émotions, avant-hier, au regroupement, qui n’a rien à voir avec le football. Parce qu’on savait que dans cette partie, le mental peut être déterminant. Les joueurs l’ont compris et ils l’ont fait. Je pense que, dans ce sens, il faut les féliciter.’’
Occasions ratées
‘’Nous avons beaucoup de regrets et la faute revient à l'entraîneur. Pourquoi je dis cela ? Au match aller, on avait travaillé un volume très grand de travail défensif et de transition défense-attaque. Cette semaine, comme on savait qu’on voulait marquer, on avait mis l’accent sur non pas les transitions offensives, mais les transitions défensives. C’est ce qui a fait que, quand tu ne travailles pas quelque chose dans un match, ça peut arriver et il n’aurait pas de répondant. Les transitions qu’on a manquées quand on récupère une balle, c’est la faute à l'entraîneur. On ne s’attendait pas à récupérer des ballons et à attaquer. On voulait jouer notre jeu et élaborer. C’est la raison pour laquelle on a raté des occasions. C’est des enseignements que moi, je tire. La prochaine fois, je vais essayer d’avoir des équilibres sur les transitions.
Il faut continuer à travailler et être humbles. Nous sommes dans un football où aucun entraîneur n’a rien gagné, pour l’instant. Nous sommes dans un football pauvre, en matière de trophée. C’est mon travail et l’objectif qu’on m'a fixé était de qualifier cette équipe en quarts de finale. Maintenant, il faut être humble et continuer à travailler. J’ai habitude de le dire : Hobbes disait que le ’désir est un désir du désir ; la satisfaction est un désir qui appelle un autre désir’. Cet objectif a été atteint. L’appétit vient en mangeant. On va essayer de travailler et atteindre d’autres objectifs.’’
Repositionnement de Youssou Paye
‘’Youssou est un avant-centre. Il peut jouer comme excentré, s’il est bien physiquement. On sait qu’il est très bon, quand il joue comme avant-centre de pivot. Et on l’a utilisé dans ce sens, aujourd’hui. Youssou, les premiers matchs, il jouait 45 minutes. Maintenant, il nous fait 70 très bonnes minutes. Félicitations à Youssou et également aux joueurs et à la direction du club qui a mis les moyens pour que l’équipe puisse se qualifier.’’
REACTIONS YOUSSOU DIAL (VICE-PRÉSIDENT JARAAF) ‘’Une symbiose entre les anciens et les jeunes joueurs qui fait la réussite du Jaraaf ’’ ‘’Aujourd’hui (hier), nous avons un sentiment de satisfaction et de fierté, parce que ce n’était pas évident. Dès le départ, nous étions dans une poule difficile, avec deux anciens vainqueurs de cette compétition. Nous sommes le petit poucet. Il a fallu, au niveau du club, qu’on s’organise, qu’on se donne l’ambition de sortir de cette poule et que les joueurs aussi adhèrent à notre conviction. Aujourd’hui, nous avons un sentiment de satisfaction. Nous sommes fiers pour le Jaraaf, nous sommes aussi fiers pour le football sénégalais et surtout pour le football local qui est souvent critiqué. Mais aujourd’hui, nous avons montré que le football local sénégalais n’est pas moribond et qu’il y a de grands dirigeants derrière ces clubs. Nous irons dans cette manche contre le Club sfaxien avec détermination et sans pression. Aujourd’hui, nous sommes les premiers de cette poule. Il va falloir y aller sans pression et essayer de chercher un bon résultat là-bas, au moins avoir un match nul pour garder la tête de ce groupe. Même si elle est anecdotique, il faut que l’histoire retienne que, lors de notre première participation, nous sommes sortis premiers de notre poule. Ça, c’est important aussi. Ce qui a fait la différence, c’est qu’aujourd’hui, nos joueurs sont préparés physiquement et mentalement par rapport à cette compétition. Chaque fois, on leur tient ce discours pour leur dire qu’on va vers des matches difficiles, des combats difficiles. Mais s’ils y croient, ils vont réussir. Au-delà, nos joueurs sont mis dans d’excellentes conditions. Ils sont souvent en regroupement fermé, pour essayer de récupérer des différents efforts qu’ils fournissent. Nous avons réussi à faire une bonne préparation physique, en début d’année. Il y a aussi la logistique. Le Jaraaf fait d’excellents résultats à l’extérieur, parce que, sur le plan logistique, on ne lésine sur rien du tout. Nous essayons de donner des primes de motivation aux joueurs. Nous avons aussi su faire un bon recrutement et nous avons renforcé tous les secteurs du club. C’est vrai qu’en début d’année, certains disaient que le Jaraaf est assez vieillissant. Ce qui n’est pas le cas, parce que, dans une équipe, quand tu veux faire des résultats, il faut prendre des joueurs qui ont de l’expérience. Dans cette équipe, quand je prends Pape Seydou Ndiaye, Mamadou Sylla, Oumar Koné, ce sont des joueurs qui ont de l’expérience. Mais on a aussi mis des jeunes qui ont déjà montré leur talent dans ce championnat, comme Chérif Diallo, qui est un excellent joueur, Pape Abdou Ndiaye, Matar Ndiaye, qui vient de Ndiambour et de Génération Foot. C’est cette symbiose que nous avons réussi à faire entre les anciens et les jeunes joueurs qui, aujourd’hui, fait la réussite du Jaraaf.’’ AUGUSTIN SENGHOR (PRESIDENT FSF) ‘’Une première depuis la Jeanne d’Arc en 2004’’ ‘’C’est une qualification avant l’heure, à une journée du terme. C’est de bon augure et ça reste dans la dynamique positive du football sénégalais. Il faut féliciter l’ensemble des joueurs, du staff, le coach Cheikh Guèye, le président Cheikh Seck et l’ensemble de son encadrement et les dirigeants. Mais aussi, il faut féliciter le football local qui, en cette année 2021, est en train de se mettre au niveau des autres secteurs du football sénégalais. C’est de bon augure pour le futur. C’est vraiment un plaisir de voir un tel exploit, qu’on n’avait d’ailleurs plus vu depuis longtemps. Voir une équipe aller en coupes d’Afrique de clubs, faire les préliminaires et passer la phase de groupes, pour ensuite aller en quarts de finale. On n’avait plus vécu ces moments, depuis la Jeanne d’Arc en 2004, si je ne me trompe pas. C’est à magnifier. Même Teungueth, n'eût été le manque d’expérience, même avec la difficulté de leur poule, pouvait s’en sortir. Le Jaraaf a gagné à une journée de la fin et s’est qualifié. Nous souhaitons au Jaraaf de passer le cap des quarts de finale, comme l’avait fait la Jeanne d’Arc.’’ |
SOKHNA ANTA NDIAYE (STAGIAIRE)