En finir avec les accidents et les morts dans l’Océan
Le 16e anniversaire de la tragédie maritime qui a secoué le pays le 26 septembre 2002, faisant plus de 2 000 victimes, a été célébré, hier, à Ziguinchor, dans la sobriété. La gare maritime a servi de lieu à la commémoration de cette catastrophe maritime axée autour de la prévention, de la discipline et de la sécurité.
Outre le dépôt de gerbes de fleurs au cimetière de Kantène, à la périphérie de la capitale méridionale du pays, et à la gare maritime, le 16e anniversaire du naufrage du bateau ‘’Le Joola’’, comme ceux qui l’ont précédé, a été marqué par le recueillement et la prière. Une cérémonie du souvenir au cours de laquelle le président de l’Association nationale des familles des victimes et rescapés du naufrage est longuement revenu sur l’émigration clandestine et les accidents récurrents. Il a proposé la ‘’tolérance zéro’’. ‘’Le drame du ‘Joola’ doit inciter tout le monde à éviter les embarcations de fortune sous aucun prétexte et qui continuent de faire des milliers de morts dans l’Océan. Aujourd’hui, l’émigration clandestine en est la preuve. Et je voudrais demander à nos chers compatriotes, surtout les jeunes, d’éviter d’être acheteurs ou vendeurs d’illusions. L’eldorado est un mirage. Le ciel du Sénégal n’a pas son pareil au monde et il fait bon vivre, même si on n’a rien’’, a déclaré Moussa Cissokho.
Evoquant les accidents de la route, il a souligné qu’à la lumière des nombreuses autres péripéties enregistrées ces années, il convient de rappeler que ceux-ci entrainent aussi des milliers de décès par an et continuent de tuer plus que ‘’Le Joola’’. ‘’La vie humaine est sacrée et ne doit pas être si facilement sacrifiée et la mettre ensuite sous le coup de la fatalité. C’est pourquoi nous encourageons et soutenons toutes les activités et politiques hardies de l’Etat tendant à lutter contre les accidents mortels, et nous proposons aujourd’hui la ‘tolérance zéro’’, a-t-il plaidé.
Selon lui, 16 ans après cette tragédie, beaucoup de choses ont été réalisées. Il s’agit, entre autres, des indemnisations des familles des victimes sénégalaises et européennes qui ont déjà déposé leurs dossiers. La mise en place de l’Office national des pupilles de la nation et l’augmentation substantielle des allocations mensuelles de 25 000 à 35 000 F Cfa. Mais également la construction de l’Université Assane Seck, l’élargissement de 9 m du quai du port de Ziguinchor, la construction et l’aménagement de gares maritimes à Dakar et à Ziguinchor, le dragage du fleuve Casamance ainsi que le renforcement de la surveillance du transport maritime et la mise en service de bateaux neufs ‘’Aline Sitoé Diatta’’, ‘’Aguène’’ et ‘’Diambone’’.
De ‘’gros efforts’’ et des ‘’signaux forts’’, précise le ministre des Forces armées qui présidait la cérémonie, qui viennent s’ajouter ‘’aux grands efforts’’ qui sont en train d’être faits en matière d’infrastructures routières. Aussi, dira-t-il, la ‘’grande innovation apportée dans le système d’orientation des nouveaux bacheliers par le ministre de l’Enseignement supérieur a permis de juguler la problématique des étudiants venant du sud du pays. De l’avis du ministre des Forces armées, le désenclavement de la Casamance demeure une priorité majeure pour le président de la République. En témoigne les fortes avancées constatées dans la construction du pont de Farafégné (Gambie) dont les travaux sont exécutés à plus de 80 %.
‘’Ces signaux forts’’, selon Augustin Tine, ne s’arrêteront pas là, car des mesures importantes concernant le développement de la Casamance sont intégrées dans le cadre du Pse et commencent à se matérialiser sur le terrain.
Marchant sur les pas du président de l’Association nationale des familles des victimes et rescapés du ‘’Joola’’, le ministre a souligné que le citoyen a un rôle d’avant-garde important à jouer pour que le sacrifice de ces Sénégalais et étrangers arrachés sur le chemin du devoir ne soit pas vain. Les notions fondamentales de civisme enseignées dans nos écoles, les règles élémentaires de sécurité dans le travail, le respect scrupuleux du code de la route ne doivent pas être que des slogans. Il a invité chaque citoyen sénégalais à faire de ces règles les siennes et de faire en sorte que cette tragédie soit, à jamais, un repère dans la mémoire collective qui a façonné l’adoption d’une nouvelle posture citoyenne se traduisant par des actions salvatrices et de comportements responsables à l’effet de sécuriser notre environnement et nos activités de tous les jours.
HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)