Publié le 12 Mar 2016 - 10:47
CONDAMNE A 10 ANS POUR L’INCENDIE VOLONTAIRE D’UN ENTREPÔT DE LA SDV, EN 2010

L’aide-magasinier de CFAO ne voulait pas d’un inventaire

 

La Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Dakar a condamné hier un aide-magasinier de CFAO à 10 ans de travaux forcés pour incendie volontaire. Saliou Soumaré aurait mis le feu à un des entrepôts de SDV pour éviter un inventaire devant se faire le jour-même.

 

Le 15 mars 2009, Saliou Soumaré a-t-il incendié l’entrepôt pneumatique que la SDV avait loué à CFAO pour couvrir son oncle ? Tout porterait à le croire, si l’on se fie aux déclarations d’un responsable de SDV devenu Bolloré Africa Logistics Sénégal qui a témoigné hier, à la barre de la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Dakar. Selon Gorgui Ousmane Sène, SDV procède chaque mois à un inventaire de ses entrepôts, vu que leur entreprise déclare de la valeur. Toutes les sociétés en contrat avec SDV acceptant de se livrer à cet exercice sans difficulté, ce n’était pas le cas de CFAO. ‘’Le magasinier gérait directement et il refusait systématique l’inventaire sous le prétexte qu’il le faisait régulièrement, en tant que responsable’’, a renseigné M. Sène.

Cependant, en mars 2010, SDV a décidé de faire l’inventaire, en dépit du refus catégorique de Moussa Demba Sarr. La direction de CFAO saisie avait donné des injonctions à son magasinier d’autoriser l’inventaire. ‘’L’inventaire devait se faire à 15h. A 13h, paf ! C’était l’incendie’’, a confié M. Sène. Les autres témoins, entendus à l’enquête, ont désigné Saliou Soumaré comme étant le pyromane. Car il était entré dans l’entrepôt avec une bouteille et dès qu’il en était ressorti, de la fumée s’en est dégagée.

Mais hier, à la barre, l’aide-magasinier a nié être l’auteur de l’incendie, même s’il reconnaît avoir déposé une bouteille d’essence dans l’entrepôt. ‘’Mon scooter était en panne d’essence, ce jour-là. A 10h, j’avais une course à faire et j’ai emprunté 2000 F à un collègue. A la pause, je suis parti acheter de l’essence dans une bouteille. J’ai mis une partie dans le réservoir du scooter et le reste dans le magasin’’, a raconté l’accusé. La suite a-t-il narré : ‘’Je suis ensuite parti me reposer au parking et cinq minutes après, j’ai entendu l’alarme et les gens crier au feu.’’ Son argument a semblé léger au président Ndary Diop intrigué par le fait que l’accusé n’ait pas rempli à plein son scooter. ‘’2 000 F de carburant, c’est insignifiant ! Pourquoi avez-vous jugé nécessaire d’en garder une partie ’’ ? lui a demandé avec instance le juge qui le soupçonne de vouloir protéger son oncle qui a toujours refusé l’inventaire. ‘’Je n’ai pas intérêt à incendier là où je travaille’’, a rétorqué l’aide-magasinier.

Il n’a pas convaincu le substitut Biram Sène pour qui l’accusé avait de réelles raisons pour le mettre le feu à l’entrepôt. A son avis, l’aide-magasinier savait que si son oncle était arrêté pour les différents vols enregistrés, depuis 2009, sa responsabilité serait également engagée. Il s’y ajoute que, depuis son arrestation, Saliou Soumaré a tenu plusieurs versions. D’ailleurs, quand il a été arrêté, il avait désigné plusieurs de ses collègues, avant de les décharger.

La défense dénonce l’absence de preuves

Fort de ces arguments, il a requis les travaux forcés à perpétuité. Conseil de l’accusé, Me Ibrahima Mbengue a jugé ce réquisitoire non fondé à cause de l’absence de preuves.  ‘’Tout va contre mon client et laisse croire qu’il a provoqué l’incendie. Il n’y a que des indices et non des preuves’’, a laissé entendre l’avocat. A son avis, son client ne s’aventurerait pas à mettre le feu sur l’essentiel de ses revenus, car Saliou Soumaré est à CFAO depuis 2002. Mais aux yeux de la Chambre, l’aide-magasinier est coupable d’incendie volontaire et mérite 10 ans de travaux forcés. 

FATOU SY

 

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