Au moment où le maire Idrissa Seck était voyage à Caen, samedi, pour l’inauguration d'une place Léopold Sédar Senghor dans cette localité de France, des habitants de Thiès s'en sont pris à sa gestion. Un collectif a tout bonnement assiégé, pendant 3 heures, les locaux de la mairie de Thiès pour dénoncer le projet de lotissement et de recrutement de 29 agents engagés par la municipalité.

Un collectif dit des ''élus pour la transparence et la bonne gouvernance locale'' et plusieurs personnes ont assiégé, samedi, les locaux de la mairie de Thiès pour s'indigner contre la gestion de la municipalité. Ils se disent opposés à un projet de lotissement et de recrutement de 29 agents annoncé par l’adjoint au maire, Yankhoba Diattara. Pour les opposants au projet, il s’agit d’une dilapidation foncière et d’une gestion non orthodoxe des moyens financiers de la collectivité. Ils ont ainsi bloqué la réunion de délibération du conseil municipal pendant 3 heures, avant que celui ne se tienne, à huis clos, sur ordre du préfet Mamadou Oumar Baldé.

Le groupe de protestataires est composé de conseillers municipaux du Pds, de l’Apr, du Pit, du mouvement Gueum Sa Bopp. Devant les locaux de l’hôtel de ville, les animateurs du collectif ont déversé leur colère d’abord à travers des pancartes : ‘’Thiès orphelin de Maire’’, ‘’non à un Maire fantôme’’, ‘’Thiès ne mérite pas ça’’… Et certains, excédés, ont voulu saboter le conseil municipal qui se tenait à la salle de délibération de la mairie. Mais, c’était sans compter, avec la détermination des forces de l’ordre qui veillaient au grain.

‘’Ce qui se passe au niveau de la municipalité est inacceptable. Déjà en 2010, nous avons crié haut et fort que Thiès ne méritait pas ça et aujourd’hui, nous sommes satisfait de voir que l’essentiel des Thiessois partagent notre combat’’, a déclaré le président du Mouvement Gueum Sa Bopp, Maodo Malick Mbaye. Selon lui, la cible de leur manifestation n’est autre que le maire de Thiès, Idrissa Seck : ''C’est lui le responsable de tous nos malheurs. Au moment où les Thiessois sont en train de se battre pour prendre leurs préoccupations en compte, Idrissa Seck, au nom de la ville de Thiès, est en train de présider à Caen le baptême de l’avenue Léopold Sédar Senghor. Quand une ville vous donne autant d’honneur, il faut la défendre avec ardeur ou démissionner avec grandeur. Il voyage au frais du contribuable thiessois et c’est inacceptable.'' D'après le porte-parole du jour, la goutte d'eau de trop serait des lotissements que veut initier la mairie : ''Au rythme où vont les choses, il est évident que les Thiessois qui vont naître ou qui auront 25 ans dans 10 ans n’auront plus de terrain'', a soutenu M. Mbaye.

Réaction de Rewmi : ''C'est un groupuscule d'individus manipulés''

En réponse aux attaques portées contre le parti Rewmi et son président et édile de Thiès, Idrissa Seck, l’adjoint au maire Lamine Diallo a pointé une agitation politique. ''C’est un groupuscule d’individus manipulés et instrumentalisés par des politiciens candidats au poste de maire de la ville. S’ils étaient courageux, c’est au niveau du conseil municipal qu’ils allaient poser le problème mais non à la réunion de délibération'', a rétorqué M. Diallo. Et d’ajouter : ''Personne ne pourra nous empêcher de délibérer sur les questions qui sont inscrites à l’ordre du jour.'' Lesquelles questions, selon lui, tournent autour de l’acceptation des fonds de dotation et de concours mais aussi l’autorisation du conseil au maire de verser la contrepartie de 25 millions au niveau de l’Association des maires du Sénégal (AMS) afin que la municipalité puisse bénéficier de 100 millions pour réhabiliter les postes de santé de Pognène et de Keur Issa, entre autres. ''Le dernier point, c’est un virement de crédit qui doit permettre au maire de pouvoir faire un recrutement par rapport au départ massif que la municipalité doit enregistrer d’ici fin décembre. Mais il n’y a pas de question relative au lotissement, le seul point qui est relatif au foncier, c’est l’extension de la ville de Thiès'', a expliqué l'adjoint du maire Idrissa Seck.

''Une honte pour tous les Thiessois''

Interpellé sur la question, le conseiller municipal, par ailleurs coordonnateur du Parti socialiste (PS) à Thiès, Ousseynou Keita, est affligé par le spectacle. ''C’est la première fois que j’assiste à un conseil municipal de cette nature et ce que j’ai vu n’honore ni le Sénégal ni même le pouvoir, parce que j’ai vu des comportements de pouvoir. Des gens qui se comportent de telle manière parce que simplement ils sont dans le pouvoir ! S’ils n’étaient pas dans le pouvoir, ils n’auraient pas osé se comporter de cette manière-là'', a noté le socialiste. Pour lui, l’urgence serait de se souder et de travailler pour soulager la souffrance des Sénégalais. ‘’Ce que j’ai vu aujourd’hui à Thiès est une honte pour tous les Thiessois. On s’attaque délibérément à des institutions, cela ne se fait pas. Si on a une chose à dire, on a une manière de la dire. C’est une situation déplorable, notre parti regrette et condamne cela. Nous ne nous inscrivons pas du tout dans cette dynamique-là. Nous pensons que les débats doivent être des débats d’idées et que les populations s’attendent à d’autres choses que cela'', a-t-il déploré. 

Seynabou Diéguène et Garmy Fall s'offrent en spectacle

Même si le conseil municipal a pu délibérer à huis clos, l’ambiance de la salle de délibération était électrique. A tel point que le député Garmy Fall et la présidente du conseil d’administration du Petite Train Bleu, Seynabou Diéguène en sont venus aux mains. Considérant que l’unique objectif de Seynabou Diéguène était de saboter la rencontre, Garmy Fall a insulté sa mère. Suffisant pour que Seynabou Diéguène saute de sa chaise pour l’attaquer. Mais le député a alors sorti de son sac une pompe à gaz neutralisant pour menacer la dame. Finalement, Seynabou Diéguène a préféré se retirer de la salle.