Le Parti socialiste commémore, ce 20 décembre, la 16e année de la disparition de l’ancien président de la République Léopold Sédar Senghor. Cependant, cette formation politique s’enfonce de plus en plus dans une guerre sans merci entre les partisans d’Ousmane Tanor Dieng et ceux de Khalifa Sall, sous forme de menaces d’exclusion et de destitution.

La crise, au Parti socialiste, s’accentue. Récemment, les deux tendances se sont illustrées par des menaces via presse interposée. Ainsi, au cours d’une rencontre du Secrétariat exécutif national (Sen) tenue vendredi dernier, la direction du parti a acté l’exclusion de Khalifa Sall et Cie de la formation politique des verts pour janvier 2017. Selon  Abdoulaye Willane, ‘’le Sen a confirmé l’exposé des motifs des propositions qui seront faites au Bureau politique (Bp) d’exclure les responsables du parti qui ont posé des actes de violences graves, d’indiscipline caractérisée, de refus systématique de respecter les dispositions salutaires et réglementaires du parti (…)’’.  Le ton est ainsi donné. Les jours des ‘’khalifistes’’ seraient comptés au sein des socialistes.

Seulement, les partisans du maire de Dakar estiment que leurs vis-à-vis sont dans la manipulation. Babacar Aba Mbaye, rapporteur de la commission scientifique du ‘’Ps des valeurs’’, est d’avis que la direction souhaite s’aligner sur l’agenda judiciaire, précisément le procès et la condamnation de Khalifa Sall pour officialiser leur exclusion. Un acte que le secrétaire général de la Convergence socialiste qualifie de manque de courage.

 Cependant, lors de leur conclave tenu samedi dernier à Kaolack, les partisans du maire de Dakar avaient annoncé la destitution d’Ousmane Tanor Dieng à la tête du parti. A ce propos, le rapporteur de la commission scientifique relativise et précise qu’il ne s’agit pas de la destitution d’OTD, mais plutôt de préparer les dispositions préalables pour la tenue d’un congrès en janvier 2018. ‘’Nous lui (OTD) demandons de mettre en place un comité ad hoc transparent pour préparer le prochain congrès. Il ne doit pas être dans une logique de cooptation comme il l’a toujours fait, c'est-à-dire mettre ses hommes là où il veut et leur payer des cartes afin qu’il soit réélu à la tête du Secrétariat général’’, prévient M. Mbaye. 

‘’Quand on ne se reconnait plus dans un parti, on doit le  quitter’’

Les ‘’khalifistes’’ avaient, en outre, prévu de traduire la direction du Ps devant le juge des référés, lundi dernier, pour, disent-ils, la non régularité de la tenue des réunions des instances des verts. Cette rencontre avec le juge n’aura finalement pas lieu car, d’après Babacar Aba Mbaye, le jugement a été renvoyé au 8 janvier prochain, suite aux observations du Ps sur la plainte. A l’en croire, il a été relevé un certain nombre d’irrégularités commis sciemment pour faire croire que l’appareil socialiste fonctionne de manière démocratique, alors que, dit-il, ce n’est pas le cas. A ce propos, le manifeste publié par les ‘’socialistes des valeurs‘’ (les partisans de Khalifa Sall) lors de leur conclave, avance quelques chiffres.

‘’Le Comité central (Cc), qui devait être convoqué tous les quatre mois, soit trois fois dans l’année, ne s’est réuni que deux fois sur neuf depuis 2014, alors qu’il est, entre deux congrès, l’instance de direction et de prise de décision. Le Bureau politique (Bp), qui devait se réunir tous les mois, ne s’est réuni que huit fois, alors que si on prend comme date de référence décembre 2014, il aurait dû se réunir trente-six fois. Le Secrétariat exécutif national, qui est l’instance de préparation des réunions du Bp et du Comité central, s’est réuni, quand à lui, 53 fois sur 71, faisant mieux, un peu plus régulier que les autres organes’’, relève le document. Ce qui fait dire d’ailleurs que le Sg s’est mis dans la logique de substituer le Sen au Bp et au Cc. Aux yeux donc des amis du maire de Dakar, ‘’OTD tente de confisquer les attributions du Cc et du Bp, d’étouffer la démocratie interne, de refuser les débats, d’exercer ainsi une gestion solitaire et autocratique du Parti socialiste et de restaurer le centralisme’’, une pratique, relève la note,  bannie par les statuts.

Pour mieux s’implanter dans les différentes localités du pays, Barthélémy Dias et Cie ont entamé une vente de cartes. Seulement, le rapporteur de la commission scientifique renseigne qu’il ne s’agit pas des cartes du Ps, mais plutôt de celles de l’unité du ‘’Ps des valeurs’’. L’objectif, d’après M. Mbaye, est de ‘’montrer à l’opinion que nous ne sommes pas dans une logique de provocation ou de combat, ni de bataille avec Ousmane Tanor Dieng, mais dans une logique de perpétuer les legs du parti’’. Il rassure ainsi que les cartes commercialisées ne portent ni logo ni insigne qui renvoient à leur formation politique. ‘’Sur ces cartes, il est écrit : ‘J’aime mon parti, je me bats pour son avenir.’ C’est une manière de nous compter, car nous voulons un candidat pour la présidentielle de 2019 qui portera un projet socialiste’’, a fait savoir le secrétaire général de la Convergence socialiste.

Mais, pour les partisans d’Ousmane Tanor Dieng, ces actes posés par les ‘’dissidents’’ sont perçus comme ‘’insignifiants’’. Le secrétaire national adjoint à la vie politique les considère ainsi comme des jeunes sans ‘’ambition’’, qui passent  leur temps à ‘’tergiverser et à divaguer’’. ‘’Tenir un rassemblement à Kaolack nous laisse de marbre. Ce sont des ex-camarades qui ne sont plus du Ps. Etre membre du parti à une signification et le minimum est de respecter les textes, les orientations et la direction incarnée par OTD’’, fait savoir Mamadou Wane. Ce dernier invite ‘’les khalifistes’’ à plus de dignité pour avoir le courage de prendre leur destin en main. ‘’Quand on ne se reconnait plus dans un parti, on doit, avec responsabilité, le  quitter et ne pas attendre d’être exclu. Ce qu’ils font ne nous intéresse pas et c’est leur donner du crédit que de s’y prononcer’’, fustige le socialiste.

HABIBATOU TRAORE