Le Malawi en appelle à l’aide internationale face à une “tragédie nationale”
D’après les dernières prévisions, Freddy devrait se dissiper sur les terres, mais les pluies risquent de persister encore plusieurs jours.
Le président du Malawi, Lazarus Chakwera, en a appelé mercredi 15 mars à l’aide internationale pour faire face aux ravages du cyclone Freddy, qui a fait au moins 225 morts dans ce pays pauvre d’Afrique australe. Le chef de l’Etat a décrété deux semaines de deuil national, avec les drapeaux mis en berne pendant les sept premiers jours. « Ce cyclone est le troisième en treize mois à frapper notre pays. Une preuve des réalités du changement climatique », a estimé M. Chakwera lors d’un discours télévisé.
En déplacement plus tôt à Blantyre (Sud), capitale économique et épicentre de la catastrophe, M. Chakwera a assisté à une cérémonie pour les victimes du cyclone. « C’est une tragédie nationale, a-t-il déclaré. Je lance un appel aux partenaires internationaux et aux donateurs pour qu’ils apportent une aide supplémentaire face aux destructions et aux dégâts causés par le cyclone tropical Freddy. »
Une réunion ministérielle d’urgence a autorisé le déblocage de 1,6 milliard de kwachas (1,5 million de dollars) pour aider les populations affectées. « Mais je peux déjà vous dire que cet argent ne suffira pas », a souligné M. Chakwera dans son discours.
Des survivants retrouvés sur des arbres et des toits
D’une longévité exceptionnelle, Freddy avait déjà frappé l’Afrique australe fin février, faisant dix-sept morts, avant de refaire le chemin inverse début mars. Avec des vents moins puissants mais charriant des pluies torrentielles, le cyclone a provoqué de fortes inondations et des glissements de terrain meurtriers au Malawi, pays enclavé où l’état de catastrophe a été déclaré. La police et l’armée ont été déployées.
Plusieurs dizaines de personnes sont encore portées disparues. Le président Chakwera s’est engagé à « intensifier » les recherches. Plus de 88 300 autres sont sans foyer. Des écoles et des églises ont été transformées en hébergements d’urgence. Au total, 165 centres ont été ouverts, tandis qu’une douzaine d’établissements de santé ont été impactés par les destructions.
Celles-ci sont « énormes », a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) Felix Washon, porte-parole de la Croix-Rouge du Malawi, qui mène des opérations de secours. Et les ponts effondrés et le niveau des eaux encore élevé à certains endroits rendent encore plus difficiles les opérations de sauvetage. Des survivants ont été retrouvés sur des arbres et des toits.
Dans le township de Chilobwe, proche de Blantyre (la capitale), les habitations vulnérables faites de briques et de terre ont été ravagées par d’impressionnantes coulées de boue. Mais la vie a déjà lentement repris son cours, les marchés et les commerces ont rouvert. Il y a deux jours à peine, dans ce même quartier déshérité, familles et sauveteurs fouillaient la boue parfois à mains nues, dans l’espoir de retrouver un proche.
« La ville est quasiment une île »
L’ONG Médecins sans frontières (MSF), présente sur place, craint notamment une augmentation des cas de choléra dans ce pays en manque de vaccins et qui lutte déjà contre l’épidémie la plus meurtrière qu’il a connue de cette maladie infectieuse.
Le cyclone a également frappé le Mozambique voisin à son deuxième passage. Un bilan encore partiel fait état de vingt et un morts. Dans la ville côtière de Quelimane (Centre) à une quarantaine de kilomètres de l’endroit où le cyclone a atterri, la pluie n’a pas cessé depuis le week-end. De nombreuses maisons sont détruites, les toits arrachés et des routes coupées : « La ville est quasiment une île », selon Thomas Bonnet de l’ONG Friends in Global Health, sur place. Le président Filipe Nyusi était attendu dans la région mercredi.
D’après les dernières prévisions, Freddy devrait se dissiper sur les terres, mais les pluies risquent de persister encore plusieurs jours. Le cyclone, qui a fait une traversée inédite de plus de 8 000 kilomètres d’est en ouest dans l’océan Indien, sévit depuis plus de trente-cinq jours. Il est en passe d’être classé comme le cyclone le plus long de l’histoire par les météorologues.
Des tempêtes tropicales et des cyclones apparaissent plusieurs fois par an dans le sud-ouest de l’océan Indien, pendant la saison cyclonique de novembre à avril.
Le Monde avec AFP