Un meurtre et des interrogations
La mort de la responsable de Pastef de la commune de Keur Massar, Mariama Sagna, est-elle liée à ses activités politiques ou s’agit-il d’un meurtre crapuleux ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles les enquêteurs de la brigade de gendarmerie de Keur Massar devront répondre. Ousmane Sonko, son leader, réclame la lumière.
Mariama Sagna, responsable du parti des Patriotes du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef-les Patriotes) de la commune de Keur Massar, en banlieue dakaroise, a été retrouvée morte dans sa maison sise à l’Unité 4 des Parcelles-Assainies de ladite commune. Selon les premiers témoignages, elle a été trouvée inerte chez elle, après le meeting que le leader de sa formation politique, Ousmane Sonko, organisait dans sa localité, avant-hier. Après cette rencontre politique, confient des proches, elle était rentrée chez elle. Que l’auteur ou les auteurs de sa mort étaient soit sur place ou l’ont suivie.
Concernant le genre de mort, les langues se délient. Les uns parlent de strangulation, d’autres soutiennent qu’elle a été étouffée. Mais nos sources judiciaires sont plus formelles. Selon elles, rien ne peut être dit avec exactitude, à ce stade de l’enquête. Les résultats de l’autopsie seront fondamentaux, pour déterminer le mobile de ce crime. Un crime qui intervient dans cette partie de la banlieue, 24 heures après celui du chef de la Brigade spéciale des douanes de l’aéroport international Blaise Diagne de Diass, le contrôleur des douanes Cheikhou Sakho, la nuit du vendredi, vers les coups de 4 h du matin.
Toujours est-il que les voisins de la dame croient dur comme fer que la victime a été assassinée. ‘’Il fallait voir la manière dont sa chambre a été mise sens dessus dessous. Sur les photos de la chambre à coucher, après le passage de ou des agresseurs, on voit un lit défait, une armoire fouillée et des effets par terre. A-t-on trouvé ce qu’on recherchait ? Ou bien s’agit-il d’une mise en scène pour faire croire qu’il s’agit d’un cambriolage qui a mal tourné ? En tout cas, c’est comme si les visiteurs cherchaient quelque chose. Soit de l’argent et/ou des documents, puisqu’elle fait de la politique’’, confie un voisin.
Me Bamba Cissé : ‘’Un contexte très gênant où le Pastef subit des attaques de tous bords’’
Il y a une autre version qui veut que la dame a été tuée par le charretier chargé de convoyer le matériel de sonorisation du meeting. S’agit-il d’une piste sérieuse ? Là aussi, les enquêteurs ont du pain sur la planche.
En cas, Seneweb a contacté Me Bamba Cissé, un des avocats commis par Pastef et la famille. ‘’Nous avons pris le contact de la gendarmerie, des suspects ont été identifiés Il a même été subodoré qu’il y aurait une arrestation. Mais pour l’instant toutes les pistes ont été explorées’’. L’avocat va dans le sens d’Ousmane Sonko et déclare : ‘’Ce qui nous intéresse par-dessus tout, c’est, au-delà des personnes qui ont été interpelées, le mobile qui a conduit à ce crime. Car le crime est tout un monde, parce qu’il y a le mobile et les personnes qui ont commis le crime. Et c’est le mobile qui permet de savoir qu’est ce qui a déterminé le crime, dans ce contexte très gênant où le Pastef subit des attaques de tous bords’’.
Ousmane Sonko demande d’élucider ‘’les circonstances et le mobile de ce crime odieux’’
Il faut dire que cette mort violente a créé l’émoi. Et les réactions se sont multipliées, hier, toute la journée. La plus marquante est celle du leader de Pastef, Ousmane Sonko. Il s’est dit profondément choqué et meurtri par le décès de la sœur patriote Mariama Sagna, ‘’lâchement’’ assassinée juste après son grand meeting. ‘’À son époux, à ses enfants et à l'ensemble de la famille éplorée, je présente, en mon nom et de l'ensemble des militants et sympathisants de Pastef, mes plus vives, sincères et profondes condoléances’’, écrit-il sur sa page Facebook. L’opposant souhaite que toute la lumière soit faite sur cette affaire. ‘’Aux autorités en charge de l'enquête, nous demandons d'élucider les circonstances et le mobile de ce crime odieux et inqualifiable. À tous les patriotes, nous appelons à plus de vigilance et de précautions’’, poursuit-il.
Le patron de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act), Abdoul Mbaye, a aussi réagi. Il dit avoir ‘’appris avec consternation l'agression meurtrière dont a été victime Mme Mariama Sagna dans la nuit du 6 au 7 octobre 2018, après un meeting du parti Pastef à Keur Massar’’. L’ancien Premier ministre exprime sa ‘’profonde indignation face à ce crime odieux et sa solidarité à Ousmane Sonko et les frères de Pastef dans cette douloureuse épreuve’’.
Nouvelles perspectives panafricaines (forum international, de dialogue, de réflexions pour la paix en vue d’un développement humain durable) ne semblent pas dire autre chose. Dans un communiqué parvenu à ‘’EnQuête’’, le forum s’émeut de ce meurtre et y voit des relents politiques. C’est pourquoi, souligne la note signée par Boubacar Sèye, ‘’l’assassinat de Mariama Sagna a provoqué une onde de choc profonde en cette période de pré-campagne au Sénégal’’. Nsp interpelle, ainsi, l’opinion nationale et internationale pour la tenue d’élections apaisées. Et rappelle que ‘’le droit à la vie est un principe sacré et universel. C’est pourquoi Nsp, poursuit Boubacar Sèye, appelle chaque citoyen à une introspection, une autocritique idéologique pour endiguer cette spirale de violence, véritable menace à la cohésion sociale’’.
CHEIKH THIAM