Publié le 14 Sep 2018 - 18:16
DETENTION DE SIGNES MONETAIRES CONTREFAITS

Les prévenus voulaient introduire de faux billets d’euro en Gambie 

 

Le parquet a requis, hier, une peine de 2 ans ferme contre trois individus accusés d’avoir voulu introduire près de 3 000 euros dans le marché gambien. Le quatrième prévenu bénéficie d’une liberté provisoire, en attendant le délibéré prévu le 9 novembre, puisque le parquet a demandé son renvoi des fins de la poursuite.  

 

N’eût été son ami Aymérou Sall, Aly Mbengue ne se serait pas retrouvé en prison depuis 10 mois. C’est la conviction de Me Souleymane Diagne, un des conseils du commerçant. Ce dernier est poursuivi avec son ami et deux autres individus pour association de malfaiteurs, escroquerie et détention de signes monétaires contrefaits, notamment des euros. Selon les explications de l’avocat, leur client détenait les faux billets - 3 000 euros - depuis le mois de janvier 2017, avant de décider de les mettre en circulation, en novembre dernier, sur conseil de son ami.

Hier, à la barre, Aly Mbengue a allégué recevoir les faux billets d’une de ses connaissances établies en Italie. Cette dernière les lui a envoyés par Dhl. Après les avoir gardés durant des mois, il les remit à Aymérou pour qu’il fasse le change. Mais celui-ci a préféré le marché gambien. ‘’Je voulais acheter de la marchandise avec les faux billets en Gambie’’, a confessé le commerçant devant les juges. Pour le voyage, il a fait appel à El Hadj Cheikh Mbow et assure l’avoir informé de son intention. Par la suite, son ami lui a parlé de Dame Guèye, un habitant de Mbacké qui avait des relations en Gambie. Sur ce, le trio a décidé de se rendre au pays d’Adama Barrow. Mais leur périple s’est achevé à la frontière, car ils ont été arrêtés par la police de Karang. En fait, durant le voyage, Aymérou avait confié l’argent à Dame Guèye et celui-ci avait fait le change à une dame qui avait besoin d’euros.

Mais, hier, à la barre, Dame a déclaré qu’il ignorait que les billets étaient des faux, bien qu’Aymérou soutienne que ses co-prévenus le savaient bel et bien. ‘’Pourquoi commettrais-je une infraction en Gambie ? Tout le monde m’y connait, car j’y vais fréquemment’’, s’est-il défendu. Et d’ajouter être parti avec ses co-prévenus pour récupérer un véhicule. ‘’J'ai sauté sur l’occasion, puisque je ne payais pas le prix du transport’’, s’est justifié Dame Guèye. El Hadj Mbow a également contesté les faits, arguant avoir reçu la somme de 120 000 F Cfa en guise de paiement pour le contrat de transport. Toujours est-il que c’est après l’arrestation du trio avec 2 350 euros, qu’Aly Mbengue a été cueilli à son magasin, à Colobane.

Malgré les dénégations des prévenus, le parquet a requis 2 ans ferme, à l’exception de Mbow pour qui il a demandé qu’il soit renvoyé des fins de la poursuite. Le substitut Pape Ismaïla Diallo a demandé que les faits d’escroquerie soient disqualifiés en tentative et qu’Aly Mbengue, Dame et Aymérou soient reconnus coupables de ce fait ainsi que des délits d’association de malfaiteurs et de détention de signes monétaires contrefaits.

Pour Me Bamar Faye, avocat d’Aly Mbengue, les faits sont certes constants, mais l'article visé par le parquet ne sied pas aux prévenus, car ils ne sont pas les auteurs de la confection. ‘’Ils n'ont fait que faire circuler. Ils ont commis des torts à la société et ils ont fait 10 mois de détention. Or, le maximum de la peine est de 6 mois ferme’’, a plaidé la robe noire. Son confrère Me Souleymane de dire au juge Magatte Diop et à ses assesseurs de tendre la perche à leur client qui, argue-t-il, ‘’a simplement trébuché, car il n'avait pas besoin de cet argent’’.

Le conseil d’El Hadj Mbow, Me Ibrahima Mbengue, est persuadé que si son client faisait partie de l'opération, il ne serait pas payé pour le voyage. Me Abdoulaye Tall de préciser qu’il n’a gagné que 20 000 F Cfa, puisque le chauffeur avait pris en location le véhicule. Convaincu de l’innocence de leur client, il a plaidé sa mise en liberté provisoire. Une demande satisfaite par le tribunal qui a mis l’affaire en délibéré, le 9 novembre prochain.

Après l’annonce de la libération de Mbow, Aly Mbengue, Aymérou Sall et Dame ont exprimé le désir d’humer l’air de la liberté. ‘’Vous aussi, vous voulez être libres ? Non, vous ne pouvez pas l’être’’, leur a lancé d’un ton taquin le président Magatte Diop.

FATOU SY

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