‘’L’Afrique peut transformer ses défis en opportunités’’
Face à nos confrères de jeune Afrique, le Ministre de l’Économie du Plan et de la Coopération s’est prononcé sur les défis économiques du pays. Doudou Ka a fait cas des échéances électorales, de la croissance et du PAP3, entre autres questions abordées.
‘’En adoptant une stratégie continentale d’industrialisation basée sur les avantages compétitifs spécifiques de chaque pays ou groupe de pays, l’Afrique peut transformer ses défis en opportunités. Cette stratégie devrait s’appuyer sur le développement des énergies renouvelables, telles que le solaire, l’éolien et l’hydraulique, l’expansion des infrastructures transfrontalières, et un investissement massif dans l’éducation, la formation professionnelle, et la recherche-développement’’, a déclaré le ministre de l’Économie du Plan et de la Coopération dans un entretien avec Jeune Afrique.
Doudou Ka est, ainsi, convaincu que la Zone de libre-échange continentale africaine, en dynamisant le commerce intra-africain et en stimulant la croissance économique et la création d’emplois, jouera un rôle crucial. Avec un marché de plus d’un milliard de consommateurs, elle se présente, à ses yeux, comme le plus grand marché commun du monde. ‘’Son opérationnalisation, notamment par le démantèlement des barrières tarifaires, dit-il, devrait agir comme un puissant catalyseur de l’industrialisation du continent, optimisant ainsi le dividende démographique offert par sa jeunesse’’.
S’agissant du Sénégal, le ministre souligne que la préservation et le renforcement de la stabilité du pays dans le contexte d’élection présidentielle et d’exploitation des hydrocarbures constituent les premiers défis en 2024. ‘’L’année 2024, dit-il, sera une période charnière, marquée par l’élection présidentielle au premier trimestre et le début de l’exploitation des ressources pétrolières et gazières au second semestre. Nos objectifs stratégiques sont multiples, mais permettez-moi d’en souligner quelques-uns essentiels. Au premier rang, nous visons à stimuler une croissance économique soutenue, génératrice d’emplois de qualité, en renforçant l’engagement du secteur privé. Cette démarche est cruciale pour relever le défi de la souveraineté économique. Parallèlement, nous accordons une importance capitale à l’intégration professionnelle des jeunes et à la lutte contre la hausse du coût de la vie, des priorités centrales pour le gouvernement’’.
En effet, le ministre indique que la politique de développement du Sénégal est adossée au PAP3 qui devrait accélérer l’émergence économique du pays, à travers la construction d’une économie compétitive, inclusive et résiliente, avec une accélération de l’industrialisation et une optimisation des systèmes, ainsi que le développement d’un capital humain de qualité et la capture du dividende démographique. Mais aussi le renforcement de la résilience des communautés face aux risques de catastrophes naturelles, ainsi que la consolidation de la bonne gouvernance, et la promotion d’une administration publique moderne et performante à travers la digitalisation des services et le financement adéquat et innovant de l’économie.
‘’La stimulation de l’entrepreneuriat privé, la facilitation de l’accès au crédit pour les PME-PMI et l’industrialisation sont des éléments indispensables pour la consolidation de notre croissance. Nous y travaillons. Les résultats du tout dernier recensement de la population sénégalaise ont montré l’importance de sa frange la plus jeune. La moitié de la population est âgée de moins de 19 ans, alors que 75 % de citoyens ont moins de 35 ans. C’est donc vers cette jeunesse qu’il faut se tourner, exalter son envie d’entreprendre dans un Sénégal connu pour être une terre d’entreprises. Ainsi, la vision du « Sénégal du Futur » dont le président de la République a posé les fondations, doit continuer son chemin. Mon département s’engage fermement à soutenir toutes les initiatives visant à propulser notre économie et à améliorer le bien-être de nos 18 millions de concitoyens. Face à ce défi colossal, en ces temps de crise, notre action se présente non seulement comme une nécessité, mais aussi comme une réponse stratégique à des enjeux démographiques et sociétaux profonds’’, déclare Doudou Ka.
Pour illustrer son propos, il renseigne que ‘’ le budget de l’éducation et de la formation a plus que doublé en dix ans, passant de 518 milliards en 2014 à 1 200 milliards en 2023 et celui de la santé est passé de 127 milliards à 272 milliards’’.
‘’Le PIB par habitant a augmenté, passant de 1 200 USD à 1 700 USD’’
Par ailleurs, Doudou Ka souligne qu’un autre point crucial est la finalisation des projets-clés initiés par le chef de l’État, ainsi que la mise en œuvre du Troisième Plan d’Actions Prioritaires (PAP3), qui coïncide avec une étape majeure : l’entrée du Sénégal dans une ère nouvelle avec l’exploitation de ses ressources pétrolières et gazières. ‘’Ce tournant stratégique marque notre progression vers un développement hors de la catégorie des Pays les Moins Avancés (PMA). Les réalisations économiques récentes, bien que confrontées à des défis externes notables, témoignent d’une progression significative. Par exemple, le PIB par habitant a augmenté, passant de 1 200 USD à 1 700 USD. Bien que l’objectif initial fût de 2 000 USD pour 2023, cet accroissement est notable, surtout compte tenu des crises exogènes telles que le Covid-19 et la guerre en Ukraine, qui ont affecté la croissance économique. En termes de croissance annuelle moyenne, nous avions prévu un taux entre 6 et 7 %. Actuellement, nous enregistrons un taux de 5,5 %. Cela représente une baisse d’un point par rapport à nos prévisions, mais reste encourageant comparativement à la décennie précédente, où la croissance moyenne était de 3,5 %’’, se félicite le ministre de l’Economie.
CHEIKH THIAM (AVEC JEUNEAFRIQUE)