Les auditions renvoyées
Annoncées en grande pompe pour hier, les auditions dans l’affaire du Protocole de Rebeuss ont été renvoyées sine die.
C’est hier que devait démarrer l’enquête sur l’affaire du Protocole de Rebeuss qui a fini de polluer le débat politique, depuis la grâce présidentielle accordée à Karim Wade. Après la sortie d’Idrissa Seck la semaine passée, demandant la mise en place d’un jury d’honneur pour éclairer la lanterne des Sénégalais sur cette affaire liée aux Chantiers de Thiès, le procureur de la République s’est autosaisi lundi et a confié l’enquête à la Sûreté urbaine de Dakar. A cet effet, l’ancien ministre de l’Energie Samuel Sarr était même convoqué hier dans l’après-midi. Idem pour Birahime Seck du Forum civil, même si le motif de sa convocation ne lui a pas été précisé. Mais l’État a finalement décidé de surseoir à l’enquête sur le ‘’Protocole de Rebeuss’’.
Pour quel motif ? Aucun n’a été avancé à Birahime Seck. ‘’On m’a juste appelé pour me dire que la convocation est annulée. On ne m’a notifié ni les raisons ni aucune autre date’’, confie M. Seck. L’Etat a-t-il renoncé ou a-t-il repoussé l’échéance ? L’hypothèse la plus plausible, c’est le report de la date des auditions. Celles-ci devaient démarrer hier mais elles coïncident avec le démarrage du Conseil des ministres décentralisés prévu en banlieue, jusqu’au vendredi. Etant donné que ces Conseils des ministres décentralisés sont fortement colorés politiquement, avec des inaugurations et des promesses, il est évident que le gouvernement a besoin d’être entendu et vu. Ceci d’autant plus que les populations de la banlieue sont souvent taxées de rebelles et accusées d’être des opposants au pouvoir. Alors, il faut mettre en veilleuse cette affaire qui passionne la presse et l’opinion.
Le gouvernement a besoin de rendre visibles ces moments de communion avec cette frange de la population dakaroise confrontée au chômage, à l’insécurité, à l’assainissement, entre autres. Or, les auditions allaient forcément soulever des vagues au sein de l’opposition et de la société civile. En d’autres termes, la communication gouvernementale aurait pu tout simplement être noyée par une affaire qui, pour beaucoup, risque de se dégonfler comme un ballon de Baudruche, à l’image des scandales financiers auxquels l’on a toujours assisté.
FATOU SY