Italie et Croatie se neutralisent
Dure journée pour les vendeurs à la sauvette sur l'esplanade devant le stade municipal de Poznan. Beaucoup d'offre et peu, très très peu de demandeurs. D'où ces tribunes partiellement clairsemées. 37 000 preneurs pour 43 000 places disponibles, une première depuis le début de la compétition en Polognukraine. Au vu du résultat sur le tableau d'affichage, les pisse-froid doivent se féliciter d'être restés au chaud. Ils auraient pu, si seulement il n'y avait pas eu cette gourmandise d'Andrea Pirlo. Un coup-franc excentré côté gauche obtenu par Super Mario Balotelli. Le milieu de la Juventus l'enroule. La boule de passer quelques centimètres au-dessus du mur, juste ce qu'il faut, et de retomber premier poteau. Pletkikosa la touche mais ne peut l'enlever de sa destination: les filets. (1-0, 38è) Et ils auraient pu doublement se féliciter si seulement il n'y avait pas eu ces quinze dernières minutes à suspens, consécutives à l'égalisation de Mandzukic (1-1, 72e). Encore lui. Un quart d'heure où l'une comme l'autre nation pouvait compromettre son Euro. Finalement personne n'est mort et tous devront attendre l'ultime journée pour parler de l'avenir.
Balotteli, superbe de nonchalance
Avant l'ellipse de celui qu'on surnomme "l'architecte", l'équipe à damiers avait tout juste. Lors du premier acte, les Croates appliquent les consignes dictées par leur sélectionneur Slaven Bilic en avant-match: « Il faudra être solide, compacte et faire preuve d'agressivité pour les arrêter. » D'où un certain manque d'intensité et l'arrière-goût d'une partie jouée sur un faux rythme. Heureusement il y a Mario Balotelli, superbe de nonchalance et de mauvais choix. Bali Balo fait la passe quand il faut tirer, et tire quand il a une bonne opportunité de la donner (10è). Et quand il est en droit de miner la cage adverse, il vise à côté (2è et 33è) ou sur Pletkikosa (15è). A l'inverse, celui qui s'est positivement distingué se nomme Marchisio. Dans la surface, l'homme de l'écurie Fiat efface son défenseur d'une talonnade géniale et enchaîne pied gauche, à bout portant (36è). Héroïque le gardien des Rouges et blanc sort la double parade du handballeur. Face aux molles occasions de la bande à Bilic, ce fait de match pouvait être assimilé à un tournant. Mais ça c'était avant le coup-franc...
Le brevet du catenaccio
Pas de changement à la pause, sauf celui tactique. La Croatie presse haut pendant que l'Italie tente de gérer son maigre butin. A ce petit jeu-là, c'est toujours le même qui gagne. On parle quand même ici d'une équipe qui a déposé le brevet du catenaccio et sort d'une phase éliminatoire où son trident défensif n'a pris que deux buts. Mais parfois l'histoire peut bégayer et le trio riper. En l’occurrence, alors que le plan se déroulait sans accroc, Chiellini n'est pas à la culotte de Mandzukic. Longue transversale au deuxième poteau de Strinic. Le Rital est trop court de la tête. Le Croate a le temps de contrôler et de mettre une minasse sur le poteau rentrant de Buffon. L'égalisation inespérée (1-1, 72e). Commence alors une troisième partie où chaque but inscrit est d'or. Personne finalement ne marquera, mais s'il fallait les départager, c'est la Croatie qui l'aurait emporté. Sauf qu'à l'arrivée, avec ce partage des points, c'est peut-être elle la plus grande perdante de la soirée. Ce nul oblige en effet les coéquipers de Modric à s'imposer contre les Espagnols en match de clôture de la poule. Pendant que l'Italie se farcira...l'Irlande.