Le DG de l’Onas monte au front
Le pays patauge, depuis que le ciel a ouvert ses vannes, ces trois derniers jours. À Dakar, la situation est calamiteuse dans plusieurs quartiers, notamment de la banlieue. Pour y faire face, L’Onas est en première ligne. Son directeur général, Ababakar Mbaye, monte au front pour expliquer le phénomène et donner des pistes de solution.
Selon le directeur général de l'Office national de l'assainissement du Sénégal (Onas), Ababakar Mbaye, la structure qu’il dirige a intensifié les opérations de pompage dans différents points bas, depuis que les fortes pluies se sont abattues sur la capitale et à l’intérieur du pays. Il annonce : ‘’Au fil des jours, le système de pompage va monter en puissance, aussi bien à Dakar qu’à l’intérieur du pays. Au niveau des stations, l’effectif des agents a été renforcé et les équipes travaillent 24 heures sur 24. Plus de 200 jeunes ont été engagés dans les différents quartiers pour assurer ce travail. Des électropompes de grande puissance sont déjà déployées à Thiès, Tivaouane, Saint-Louis.’’
Le DG ajoute que ces nouvelles acquisitions ont pesé sur la réduction des inondations. ‘’C’est vrai que parfois, le rythme d’évacuation peut sembler un peu lent, mais la remarque globale, c’est que quelque temps après, les eaux sont évacuées. Et partout où il y a des ouvrages de l’Onas, les conséquences des fortes pluies se sont atténuées’’, avance-t-il. Avant de tenter d’expliquer la situation que les populations vivent, ces 72 dernières heures. ‘’La pluie, dit-il, c’est la durée et l’intensité. Si nous recevons une forte pluie en un temps relativement court, il faut un temps pour que les ouvrages puissent évacuer les eaux. Il y a ce que nous appelons le temps de latence. C’est le temps qu’il faut pour que l’eau s’infiltre ou qu’elle soit évacuée. Les ouvrages ne peuvent pas évacuer, d’un coup, toutes les eaux pluviales recueillies sur un site’’.
Ainsi, il annonce qu’ils ont réduit de manière nette ce temps de latence. ‘’Actuellement, lorsqu’il pleut, les usagers continuent à emprunter la RN1 et les autres grandes artères. L’eau ne reste pas dans les voies principales durant des heures. Bien avant 2013, dans des quartiers comme Djeddah Thiaroye Kao, Médina Gounass, Wakhinane Nimzatt, Dalifort, cité Soleil, les habitants vivaient dans l’eau durant au moins six mois. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Quelques heures après la pluie, les habitants vaquent à leurs occupations. Le trafic reprend, même s’il est perturbé. En somme, nous pouvons dire que les ouvrages ont permis d’abréger la souffrance des anciennes victimes des inondations. On ne le dit pas souvent, mais beaucoup de sinistrés ont été relogés à la cité Niaga, Tawfekh’’.
Alors que les populations craignent le pire, avec la suite de l’hivernage qui s’annonce pluvieux, le DG Ababakar Mbaye tente de rassurer, en annonçant : ‘’Dans le cadre du projet de renouvellement du collecteur Hann-Fann, nous avons réceptionné des équipements de dernière génération, des camions hydrocoureurs, des motopompes, des électropompes, des véhicules d’inspection des réseaux. Le projet de renouvellement du collecteur Hann-Fann est un projet structurant. C’est dans ce cadre que nous avons acquis des électropompes et des pompes de grande puissance. Nous avons déjà positionné ces électropompes et pompes dans des zones basses à Thiès, à Saint-Louis et à Tivaouane’’.
Pour étayer son propos, il souligne qu’il y a, désormais, moins de personnes qui déménagent en cas d’inondations. ‘’L’année dernière, nous n’avons pas noté à Dakar les retards d’ouverture d’une école à cause de son occupation par les sinistrés. Dans une ville comme Kaolack, Kaffrine, l’impact des inondations s’est nettement atténué. Il en est de même à Nioro, à Sédhiou et dans une ville comme Saint-Louis’’. Il ajoute : ‘’Le marqueur de l’impact des ouvrages peut s’expliquer par le fait qu’on parle moins de Médina Gounass, de Djeddah Thiaroye Kao, lorsqu’on parle d’inondations. Dans ces zones, la construction d’ouvrages a réduit les impacts négatifs des inondations. L’épicentre s’est déplacé à Keur Massar où l’État est en train de construire de grandes canalisations. Déjà, on commence à noter les effets avec les infrastructures déjà réalisées.’’
‘’Un bon taux de curage’’
Ainsi, en ce qui concerne l’Onas, malgré le décor désolant dans la capitale, il assure qu’ils ont un bon taux de curage, aussi bien à Dakar que dans les régions. ‘’Sans le curage, nous aurions eu plus de contraintes pour évacuer la première forte pluie du mercredi dernier. Mais nous avons constaté après cette première grande pluie que l’eau a été évacuée, la circulation a repris sur les artères principales. En résumé, comme l’a dit le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Monsieur Serigne Mbaye Thiam, les ouvrages ont bien fonctionné, c’est ce qui a contribué à minimiser les impacts’’.
Dans la même veine, il annonce que l’Onas a procédé au curage des canalisations de plusieurs villes de l’intérieur. ‘’Je peux citer Kaolack, Saint-Louis, Diourbel, Touba, Louga. Nous avons mis en service des ouvrages à Kaffrine, à Tambacounda et à Matam. Nous avons renforcé la capacité de stockage de la station de Keur Niang et le système d’évacuation des eaux d’une manière générale. Hormis ces mesures, nous avons aussi déployé des motopompes et des électropompes de grande puissance à Thiès, à Tivaouane et à Saint-Louis. Le déploiement de ces équipements va se poursuivre dans les prochains jours’’.
S’agissant de l’épineux cas de Touba, le DG Mbaye annonce qu’ils ont renforcé le système d’évacuation des eaux de Keur Niang. Plusieurs pompes d’une grande capacité ont été installées et d’autres bassins construits. ‘’Je dois dire qu’en plus de 4 milliards de francs CFA injectés par les autorités en 2021, le chef de l’État a initié cette année un projet de 23 milliards de francs CFA. La mise en œuvre est en cours. Déjà, dans la cité religieuse, les échos font état d’une situation maîtrisée à Keur Niang, alors que dans certaines zones, nous avons des points bas inondés. Je dois dire que nous avons prévu de déployer des engins de grande puissance à Touba pour pomper des quartiers qui ne sont pas drainés’’, dit-il. Soulignant que l’ensablement, les déchets solides, les branchements clandestins, le vol des plaques des regards sont les principales contraintes de fonctionnement des réseaux de l’Onas.