Publié le 14 Jan 2014 - 03:43
FOCUS SUR CHEIKH AHMED TIDIANE CHÉRIF

L'Algérien qui a conquis le Maroc et le monde

 

C’est un truisme de dire que le Gamou ou célébration de la naissance du Prophète (PSL) tire sa substance de la confrérie tidjaniya, une des plus représentatives du pays, avec 50% de la population musulmane du Sénégal. Cette estimation contenue dans l’ouvrage ‘’Soufisme et confréries religieuses au Sénégal’’ du professeur Khadim Mbacké, ancien chercheur à l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN), bien que datant de 2005, montre la position incontestable de cette tarikha (confrérie).

 

Née au Maghreb au 18e siècle, la tidjaniya a posé de solides bases au Sénégal sous l’impulsion du vénéré Cheikh Omar Foutiya Tall qui l’a mise, par la suite, entre les mains du saint homme Maodo Malick Sy. Ils ont su perpétuer, avec brio, le legs du fondateur Cheikh Ahmad Ibn Muhammad Ibn al-Mukhtar Ibn Salim at-Tidiani.

Le succès de la tidjaniya, tout comme celui des deux autres confréries religieuses du pays, la qadriya et le mouridisme, est grandissant avec des enseignements puisés du Coran et de la Sunna, la tradition prophétique.

Il s’y ajoute que les Sénégalais, dans leur majorité, ‘’considèrent l'appartenance à une voie soufie, une tarikha, comme une obligation religieuse, conformément à la célèbre tradition soufie : ''Celui qui n'a pas de cheikh aura Satan pour guide...’’, selon le professeur Khadim Mbacké.

Pourquoi un héritage par le sang

Et aujourd’hui, si la ville sainte de Tivaouane, grâce à El Hadj Maodo Malick Sy, en est devenue la capitale, la descendance de ce dernier a su perpétuer son legs conformément aux enseignements du fondateur, Cheikh Ahmed Tidiane (RAA).

D’ailleurs, quand d’aucuns s’interrogent sur l’attribution du ‘’khalifat’’ au sein de la confrérie, le professeur Khadim Mbacké apporte des éléments de réponse dans son ouvrage. Il certifie que c’est Cheikh Ahmed Tidiane Chérif, lui-même, qui a réglé, de son vivant, la question de la succession.

Lorsque ‘’le cheikh sentit venir sa fin, il se préoccupa d'une importante question souvent négligée par les fondateurs de confréries religieuses et qui y provoque parfois des déchirements quasiment irrémédiables, à savoir la succession spirituelle du maître.

Pour la régler, Cheikh Ahmad désigna son muqaddam et fidèle disciple Al-Hadj Ali Ibn al-Hadj Issa, à condition qu'après lui, la fonction de Khalife soit assumée, à tour de rôle, par les enfants du maître et ceux de son disciple. Cette question étant bien élucidée, Cheikh Ahmad fut rappelé à son Seigneur le 19 septembre 1805.’’

Le fondateur du tidianisme, un Algérien

On lui prête des origines marocaines, mais Cheikh Ahmad Ibn Muhammad Ibn al-Mukhtar Ibn Salim at-Tidiani est un Algérien. Il est né en 1727 à Aïni Madhi, en Algérie, pays qui compte d’ailleurs plusieurs millions de disciples tidianes. D’ailleurs, selon des informations sur la toile, c’est depuis son foyer d'origine (Algérie) qu’il a réussi à propager le ‘’tijanisme’’.

Il a eu, par la suite, à jeter de solides bases au Maroc, avant de conquérir la Tunisie, l’Arabie, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Tchad, le Soudan, le  Nigeria, l’Indonésie et le Pakistan. Les adeptes de la Tidjaniya se comptent aussi par milliers, voire millions en Libye, en Égypte, en Syrie, France et aux États-Unis.

Un fil ténu l’a lié au Maroc très tôt. Dans l’ouvrage du professeur Khadim Mbacké, il est mentionné ‘’qu’il dirigea dès l'âge de 16 ans le Ribat (couvent) fondé par son grand-père et y enseigna le Coran, jusqu'au moment où il se rendit à Fez, pour poursuivre des études auprès de ses ulémas. Il passa plusieurs années dans ce grand foyer de culture islamique, puis  retourna dans son village natal où il reprit son enseignement au profit d'un nombre important d'élèves.’’

Par ailleurs, Cheikh Ahmad Tidiane a eu auparavant à étudier les ouvrages de base de l'école malikite de droit musulman tels la Risala d'Abu Zayd[1], le Mukhtasar de Khalil[2], la Muquaddima d'Ibn Rushd[3], avant de s'engager dans la voie des soufis.’’

Le gouvernement assiège Aïn Madhi

Et avant de fonder la ‘’ tidjaniya’’, suite aux injonctions du Prophète (PSL), il s’était affilié successivement à la Quadriya, à la Nassriya puis à la Khalwatiya.  Dans l’ouvrage ‘’Soufisme et confréries religieuses au Sénégal'', il est écrit que c’est en 1762 que le Cheikh entreprit le pèlerinage à La Mecque, à l'âge de 36 ans. Par la suite, il effectua plusieurs tournées, pendant lesquelles il visita le Caire et la Tunisie… I

l retourna à Fez et se mit à diffuser les idées qui deviendront plus tard le fondement doctrinal de la Tariqa. Mais avant la naissance de celle-ci, le Cheikh se retira un moment pour une dévotion approfondie et une méditation intense au bout desquelles il déclara avoir vu le Prophète (PSL).

Celui-ci lui donna l'ordre d'abandonner les tariqa qu'il avait adoptées et de recevoir désormais la charge de Khalife du Messager’’. C’est ''en 1781 qu’il reçut l'ordre formel du Messager (PSL), à l'état de veille et non de rêve, d'éduquer tous les hommes sans restriction, et lui dicte le wird qu'il devait transmettre. Cela eut lieu au village d'Abu Samghoun‘’.

Selon le professeur Khadim Mbacké qui remonte le fil du temps dans son ouvrage, ''il s'en retourna à Aïn Madhi où il jeta les bases de la tariqa, se mobilisa pour la diffuser parmi les Musulmans. Ce qui le conduira à sillonner plusieurs régions de l'Afrique du Nord où il se fit des adeptes, construisit des zawia et ordonna des muqaddam. Sa réputation grandit, et sa voie devint vite une force qui inquiéta le gouvernement turc  dominant le pays,  l'obligeant à assiéger Aïn Madhi’’.

Et d’ajouter: ‘’comme d'habitude, ou plutôt comme Dieu le veut, la puissance matérielle, quelle que soit son importance, ne peut pas empêcher la diffusion des idées et des croyances. Mieux, l'usage de la force militaire, dans ce domaine, aboutit parfois à une diffusion de l'idée combattue qui dépasse de loin ce que ses propres tenants pourraient réaliser par leurs  moyens propres’’.

L'appui du Sultan Mawlay Soulayman

Mais à l’image des autres guides spirituels, la trajectoire du Maître n’a pas été lisse. ‘’La vie devint moins stable pour le Cheikh depuis cette époque. Et il semble bien que les rivalités de ses adeptes à Aïn Madi et l'impossibilité pour lui de les réconcilier le ramenèrent de nouveau à Fez où il poursuivit ses activités en vue de propager sa doctrine. Il obtint l'appui du Sultan Mawlay Soulayman et construisit une zawiya qui deviendra un centre de rayonnement pour la tariqa.’’

Pour autant,‘’Le Cheikh dicta ses enseignements fondamentaux à ses disciples Sidi Ali Harazim et Muhammad al-Mushiri as-Sayhi. Le premier consigna ce qu'il a reçu du maître dans un volumineux ouvrage de 559 pages, selon l'édition de 1927 intitulé : 'Jawahir al ma'ani fi faydi Sayyidi abi al Abbas Ahmad at-Tidiani' (Les perles des sens [des enseignements] émanant d'Ahmad at-Tidiani). C'est le livre sacré de la confrérie.’’

Matel BOCOUM

 

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