Fin tacticien, Macky Sall ne s’est pas contenté de remplacer les joueurs qui ne donnent pas satisfaction. Il a aussi revu l’emplacement de ses hommes déjà sur le terrain gouvernemental.

C’est comme dans un jeu des chaises musicales. Macky Sall, à la manette, décide du sort des uns et des autres. Il active le son quand il veut, l’arrête selon ses humeurs. C’est une prérogative constitutionnelle qu’il exerce à sa convenance. Suite à la démission ‘’normale’’ de Dionne I, toute la planète politique nationale attendait avec impatience le sort qu’il réservait à son ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo. Ce dernier était l’une des personnalités les plus contestées du 1^er gouvernement de Mahammed Boun Abdallah Dionne. La classe politique avait érigé cette requête au rang des priorités nationales, une condition obligatoire pour s’asseoir autour d’une table avec Macky Sall. Leur demande n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Ministre de l’Intérieur depuis septembre 2013, Abdoulaye Daouda Diallo a changé de chaise. Les élections législatives du 30 juillet dernier ont eu raison de lui. Désormais, il trône au Ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement. Dans l’ordre protocolaire, il est à la sixième place.

Au département stratégique de l’Intérieur, il y aura désormais un autre maire APR, en l’occurrence Aly Ngouille Ndiaye. Reste à savoir s’il arrivera à composer avec l’opposition politique qui réclamait, non seulement le départ d’Abdoulaye Daouda Diallo, mais aussi la nomination d’une personne neutre chargée de l’organisation des élections. Toutefois, il faut noter un petit glissement dans l’appellation de ce ministère qui a vu disparaître le titre Sécurité publique. Anciennement ministre de l’Industrie et des Mines, Aly Ngouille laisse un département scindé en deux. Les mines confiées à une nouvelle figure : Aïssatou Sophie Gladima (voir ci-contre). L’Industrie quant à elle tombe entre les mains de Moustapha Diop. Ce dernier se voit aussi adjuger le nouveau titre Petite et moyenne industrie. Révélé au grand public aux élections locales de 2014, le maire de Louga se voit ainsi récompensé de ses efforts inlassables dans la mobilisation de l’électorat féminin. De simple ministre délégué chargé de la Microfinance et de l’Economie solidaire, il est devenu ministre plein d’un département stratégique avec un gain énorme dans l’ordre protocolaire. Il est en effet passé de l’avant dernier à la 21^ème place.

C’est l’une des surprises du chef. Me Sidiki Kaba au ministère des Affaires étrangères ? Peu d’observateurs auraient mis leur centime. Non parce que l’homme n’en a pas les capacités, mais surtout parce que l’on croyait son prédécesseur inamovible. Mankeur Ndiaye occupait le poste depuis l’avènement de Macky Sall au pouvoir (voir ailleurs). Nommé ministre de la Justice depuis le premier gouvernement d’Aminata Touré (septembre 2013), l’ancien défenseur des droits humains a quitté la société civile pour déposer ses baluchons à l’APR. Une rentrée politique réussie puisque M. Kaba, investi lors des Législatives dans son département de Tamba, s’est imposé avec un score honorable. Ainsi tourne-t-il le dos à la famille judiciaire qui réclame avec véhémence son indépendance. Son ‘’héritier’’ Ismaïla Madior Fall a du pain sur la planche.

Département du Pétrole et des Energies

Un autre ministre qui devra se retrousser les manches, c’est Mansour Elimane Kane. L’ancien ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement a hérité du nouveau département du Pétrole et des Energies. C’était l’un des postes les plus attendus du nouveau gouvernement. Sur sa table l’attendent des dossiers aussi inflammables que le pétrole et le gaz (Affaire Petro-Tim, Total, Gestion des gisements…). Il suffit d’une petite étincelle pour que le feu se répande sur tout le régime. EnQuête, dans un dossier portant sur les ministres les plus aphones du régime Sall, ne l’avait pas épargné. Avec cette nouvelle fonction, il devra batailler ferme pour ne pas se faire descendre par Ousmane Sonko et Cie.

Abdoulaye Diouf Sarr, non plus, n’aura pas une partie de sinécure. Il quitte le ministère de la Gouvernance locale, du Développement et de l’Aménagement du territoire pour celui de la Santé et de l’Action sociale laissée vacante par Awa Marie Coll Seck. Un département où il va devoir batailler ferme avec les syndicalistes qui l’attendent avec leurs nombreuses doléances. Ainsi, il laisse les collectivités locales à l’ancien ministre des Postes et des Télécommunications Yaya Abdoul Kane. Celui-là même qui est accusé d’être au gouvernement grâce au député maire de Agnam, Farba Ngom. Comme au jeu des  chaises musicales, c’est désormais Abdoulaye Bibi Baldé qui lui succède à la tête des Télécommunications et des Postes, renforcé avec l’Economie numérique et la Communication qu’il a chipée à Mbagnick Ndiaye. Un département XXL que le responsable APR de Kolda aura la lourde charge de conduire. Son prédécesseur à la Communication va quant à lui migrer au Département de l’Intégration Africaine, du Nepad et de la Francophonie. Mbagnick, jusque-là ministre de la Culture et de la Communication, abandonne donc un département divisé. Pendant que Bibi s’accapare de la Com, Abdoulatif Coulibaly, ancien ministre Secrétaire général du gouvernement, se contente de la Culture.

Par ailleurs, les vacances citoyennes seront orphelines de Mame Mbaye Niang. L’ancien ministre de la Jeunesse a été muté au département du Tourisme que gérait Maïmouna Ndoye Seck simultanément avec les Transports aériens. La présidente du mouvement ‘’Gungué Macky’’ aura désormais en charge ce deuxième volet auquel on a adjoint le Développement des infrastructures aéroportuaires.

Ancienne ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, Mariama Sarr va elle aussi migrer vers un département à problème : la Fonction publique. Très controversée jusque dans son parti, la mairesse de Kaolack se voit ainsi débarquée du poste très politique qui chapeautait également la Microfinance. Elle a été ‘’jetée’’ au Ministère de la Fonction publique, de la rationalisation des effectifs et du Renouveau du service public laissé vacant par Viviane Laure Bampassy.

Pour coordonner tous ces départements et réaliser des résultats à même de garantir un second mandat au Président Macky Sall, Seydou Guèye a été nommé comme secrétaire général du gouvernement, en remplacement d’Abdou Latif Coulibaly. Rideau !   

Mor Amar