Les professeurs et les candidats tricheurs condamnés
Le tribunal correctionnel de Dakar a vidé, hier, l’affaire de la fraude au Bac 2017. Tous les prévenus, notamment les enseignants, les candidats et les étudiants ont été reconnus coupables et condamnés à des peines allant de 6 mois à 5 ans ferme. Une seule candidate a été relaxée.
Double échec pour les candidats qui ont triché à l’examen du Baccalauréat 2017. Après avoir échoué à l’obtention du premier diplôme supérieur, ils n’ont pas réussi à se faire blanchir par la justice. A l’exception d’une seule candidate, tout le reste a été reconnu coupable. De même que les étudiants et les enseignants. La plus lourde peine a été infligée à l’ex-proviseur du lycée de Kahone, désigné comme l’un des cerveaux de cette fraude aux examens à grande échelle. Mamadou Djibril Dia a écopé de 5 ans ferme et d’une amende de 500 mille francs Cfa. Il a été reconnu coupable des délits d’association de malfaiteurs et de fraude aux examens et concours. Président du centre du lycée de Thiaroye au moment de son arrestation, le prévenu vendait les épreuves à des candidats.
Lors du procès tenu le 21 juin dernier, il avait voulu se décharger sur un agent de l’Office du Bac, en soutenant qu’il agissait pour le compte de celui-ci qui monnayait les épreuves à 50 000 F Cfa l’unité. Ses dénégations n’ont pas convaincu le président Maguette Diop et ses assesseurs qui ont ordonné la confiscation de tous ses biens. En revanche, le tribunal correctionnel n’a pas suivi le substitut Papa Ismaïla Diallo qui avait également requis l’interdiction d’exercer le métier d’enseignant pour une période de 10 ans. Idem pour Abdoulaye Ndour, professeur de français du groupe scolaire Yalla Suren, accusé lui aussi de vendre des épreuves. Malgré ses dénégations, il est condamné à 2 ans de prison ferme assortie d’une amende de 18 millions de francs Cfa. Le professeur de français est reconnu coupable des chefs de fraude aux examens et concours, blanchiment de capitaux et escroquerie. Lui également perd tous ses biens, puisque le tribunal a ordonné leur confiscation.
Saliou Sarr et Pape Omar Mboup, respectivement professeur d’anglais et de français au lycée de Kaolack, ont été plus chanceux que leur collègue de Yalla Suren. Sarr et Mboup, accusés d’avoir traité les sujets incriminés pour leurs élèves, ont pris, chacun, une peine de 2 ans dont 1 an ferme.
Candidats et étudiants
Les candidats qui ont triché et les étudiants et bacheliers de 2016 qui les ont aidés à se procurer des épreuves ont eu des fortunes diverses. Ils sont condamnés à des peines allant de 6 mois avec sursis à 1 an ferme. C’est le cas de Fatou Bakhoum et Ndew Badiane. Bachelières de 2016, elles sont condamnées, chacune, à 2 ans dont 1 an ferme pour association de malfaiteurs, fraude aux examens et concours et escroquerie. Ces dernières avaient avoué avoir décroché le Bac grâce à la tricherie. Le proviseur du lycée de Kahone leur avait vendu les épreuves d’histo-géo, de français et d’anglais moyennant 30 000 F Cfa. L’étudiant répétiteur Baye Talla Diallo a écopé de la même peine. Il a acheté les épreuves à certains de ses élèves à qui il dispensait des cours particuliers.
Les candidats Mame Diarra Niang, Diatta Diakhaté, Abdel Ciré Guiro, Djibril Kébé et Dame Lô ont écopé, chacun, d’une peine de 2 ans avec sursis. Vingt-sept autres prévenus sont condamnés à 6 mois assortis du sursis. Il s’agit de : Omar Dieng, Paul Tall, Mariétou Saphir Ndoye, Abdou Ndour, Papa Moussa Mbaye Ndiaye, Mame Ibrahima Ndiaye, Binetou Ndiaye, Lamine Sow, Kheuwé Guissé, Amacodou Ndiaye, Djim Momar Cissé, Serigne Mbacké Niasse, Mouhamadou Guèye, Ablaye Sène, Mandaw Kassé, Seydou Amady Diallo, Papa Gora Seck, Djamil Niang, Malick Mamadou Diop, Mouhamed Ka, Adji Ndiaye, Mouhamed Sarr, Moussa Kane, Baboucar Diatta, Mouhamed Kanté et Marie Angel Diatta.
Tous les prévenus condamnés doivent allouer le franc symbolique à l’Etat du Sénégal, partie civile dans cette affaire née de la fuite sur les épreuves de français et d’histo-géo. Eventée par les syndicats, le ministère de l’Enseignement supérieur avait contesté, avant de porter plainte face à l’ampleur de la fraude. L’enquête ouverte avait conduit à la saisie de 76 téléphones portables et l’arrestation de 42 personnes dont 23 candidats. Ces derniers, chacun le concernant, après réception des épreuves, les avait transmis à un autre via le réseau social WhatsApp. Lors du procès, les prévenus ont, pour la majorité, avoué les faits.
Me Aboubacry Barro : ‘’Décision empreinte de sagesse’’
Quoi qu’il en soit, Me Aboubacry Barro, conseil des 27 prévenus cités supra, juge que la ‘’décision est empreinte de sagesse, de compréhension et d’humanisme, parce que le juge a tenu compte des circonstances atténuantes du fait que les prévenus sont des délinquants primaires’’. Il a souligné que les prévenus ont eu à regretter les actes répréhensibles qu’ils ont eu à poser. En somme, la robe noire trouve que ‘’c’est une décision satisfaisante’’, puisque c’est une peine légère pour certains, d’autant plus qu’ils sont libres’’.
En revanche, a déploré le conseil, ‘’les peines ont été un peu sévère pour le proviseur et le professeur du lycée de Yalla Suren. C’est la raison pour laquelle Me Ousmane Thiam a promis d’attaquer la décision concernant ce dernier. Le défenseur se dit surpris par les 2 années de prison infligées à Abdoulaye Ndour, d’autant plus que, dit-il, ‘’les charges sont très légères’’.
FATOU SY